Mémorable 30e anniversaire pour le Salon du livre de Toronto

Les organisateurs du Salon du livre de Toronto étaient satisfaits de leur 30e édition, du jeudi 2 au dimanche 5 mars, qui a attiré des centaines d’acheteurs de livres et de festivaliers à l’Université de l’Ontario français (UOF), rue Lower Jarvis.

Le Salon y occupait deux fois plus d’espace que l’an dernier, et l’achalandage était à la hausse selon le président Valéry Vlad et le directeur général Paul Savoie, qui sont à la barre de l’événement annuel depuis plus de quinze ans.

Les 5 prochaines années à l’UOF

Grâce à un partenariat signé la semaine même, le Salon sera de retour à l’UOF l’an prochain… et les quatre autres années suivantes, a annoncé le recteur Pierre Ouellette lors de la soirée d’ouverture.

En effet, a-t-il souligné, l’UOF a aussi pour vocation d’être un carrefour de rencontres et d’activités pour la communauté franco-torontoise.

Guy Mignault, président d’honneur

Le Salon 2023 était placé sous la présidence d’honneur de Guy Mignault, l’ancien directeur artistique du Théâtre français de Toronto pendant 19 ans.

Avec sa bonne humeur légendaire, mais aussi avec un ton plus sérieux quand le moment l’exigeait, Guy Mignault a présenté plusieurs des activités qui ont impliqué une cinquantaine de romanciers, essayistes, poètes, artistes et personnalités de la francophonie torontoise, ontarienne et canadienne.

C’est la deuxième année que le Salon honore ainsi une personnalité.

Solidarité envers les Ukrainiens

L’an dernier, à peine quelques semaines après le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. L’équipe du Salon avait désigné comme présidente d’honneur Anastasia Baczynskyj, directrice d’une association torontoise qui préserve des livres ukrainiens rares.

De retour à l’ouverture officielle un an plus tard, elle a remercié le Salon francophone d’un don qui lui a permis de préserver quelque 500 livres.

Guy Mignault a lu un extrait de l’oeuvre d’un grand écrivain ukrainien rappelant la détermination de ce peuple de résister à un ennemi qui veut effacer sa culture.

Le Salon du livre de Toronto pilote un projet de lettre d’écrivains franco-ontariens aux écrivains russes, les exhortant à protester contre la guerre en Ukraine. Valéry Vlad compile les contributions et présentera la lettre plus tard ce mois-ci.

«Assez!»

Le lendemain soir, où l’on fêtait officiellement le 30e anniversaire du Salon, l’une des vedettes, le dramaturge et poète Jean Marc Dalpé (de Sudbury, qui vit maintenant à Montréal), a remplacé la prestation qu’il avait prévu de faire par la lecture de sa lettre aux auteurs russes.

«Assez!», s’est-il écrié plusieurs fois en français et en russe.

La veille, il avait présenté un extrait très modernisé de la pièce Les murs de nos villages, en dénonçant le «nous» actuel marquant l’exclusion, qui semble avoir remplacé, selon lui, le «nous» inclusif de sa jeunesse.

Hélène Koscielniak, prix Alain-Thomas

C’est l’auteure Hélène Koscielniak, elle aussi originaire du Nord de l’Ontario, qui a remporté cette année le prix littéraire du Salon du livre – le prix Alain-Thomas, anciennement Prix Christine-Dumitriu-Van-Saanen – pour son roman Mégane et Mathis, sur le thème de l’anorexie.

La soirée du 30e anniversaire a été rehaussée de deux mini-concerts de Patricia Cano et de Robert Paquette – encore du Nord de l’Ontario! – qui ont ravi le public. On a aussi eu droit aux interventions d’amis du Salon et d’anciens récipiendaires de son prix littéraire.

Plusieurs intervenants n’ont pas manqué de rappeler la vision et la détermination (et le caractère difficile) de la fondatrice du Salon en 1992, Christine Dumitriu van Saanen.

Projet Terre

Au sortir de la pandémie de covid qui a bouleversé nos habitudes, la guerre en Ukraine fait reculer l’Europe d’un siècle et fait planer une menace nucléaire sur toute l’humanité. Mais déjà les défis environnementaux et climatiques étaient présents dans les esprits.

Le Salon du livre de Toronto y a consacré un volet avec trois slameurs québécois emmenés par le directeur du Salon du livre de Rimouski, Robin Doucet, ainsi que le Projet Terre du poète d’Ottawa Michel Thérien, une activité itinérante et un livre publié aux éditions David.

Michel Thérien s’est entouré de trente poètes, dont Jean Marc Dalpé, pour «sonner l’alerte» sur la santé de notre planète. Six d’entre eux et elles ont fait le voyage à Toronto.

«Nous vivons à une époque qui montre, par d’innombrables signes, un besoin urgent et impérieux de reconnecter les humains à leur alma mater, la Terre», explique Michel Thérien.

Homme de théâtre

Le Salon du livre de Toronto a pris fin, dimanche, sur une note plus joyeuse avec un «bien cuit» dont Guy Mignault était la «victime»… Sauf que ça rassemblait davantage à un hommage et un rappel de son illustre carrière de comédien, metteur en scène, directeur de théâtre et bon vivant.

Plusieurs personnes associées hier et aujourd’hui au Théâtre français de Toronto y ont participé.