Parlons vapotage et dépendances dans nos écoles

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Des parents, enseignants et élèves ont participé à la conférence sur les dépendances. Photos: Soufiane Chakkouche, l-express,ca
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Publié 10/05/2025 par Soufiane Chakkouche

Parlons des dépendances et du vapotage, c’est le thème de la conférence qui s’est déroulée ce 7 mai à l’école secondaire Étienne-Brûlé, à Toronto, dispensée par le chroniqueur en santé urbaine Charles-Antoine Rouyer, chargé de cours à l’Université York et à l’Université de l’Ontario français. Objectif affiché: sensibiliser et informer les parents tout en créant un pont communicatif entre eux et leurs enfants.

Parents, enseignants, élèves, ils étaient une petite vingtaine, tout ouïe, à assister à ce dîner-conférence en marge de la Semaine de la santé mentale, qui se tient du 5 au 11 mai.

«Chaque année, les conseils scolaires célèbrent cette Semaine, la plupart du temps avec les élèves dans les écoles avec des planifications qui touchent au thème. Pour Viamonde, ça a été La santé mentale sans masque, amorçons des conversations au sujet des dépendances», nous explique Micheline Rabet, leader en santé mentale au conseil scolaire qui couvre Toronto et toute la péninsule ontarienne.

«Dans la planification de cette année, on s’est dit que c’est le moment propice pour engager aussi les parents à avoir des conversations avec leurs enfants au sujet des dépendances et de la santé mentale. On a voulu faire d’une pierre deux coups en quelque sorte.»

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Micheline Rabet, leader en santé mentale au Conseil scolaire Viamonde.

Le phénomène ne date pas d’hier

Le phénomène de la dépendance dans le milieu scolaire est loin d’être récent, comme le souligne d’emblée Charles-Antoine Rouyer. «Mais, c’est important d’en parler, tout en adoptant une démarche concertée, globale et écosystémique… C’est-à-dire qui cible l’enfant, mais également tout ce qui est autour de lui, à savoir la famille, l’école et la communauté au sens large, y compris les politiques publiques.»

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Quant aux parents présents, ils étaient très attentifs et n’hésitaient pas à interagir avec le conférencier. À l’image de cette maman qui n’a pas mâché ses mots pour faire état de son inquiétude et son incompréhension à l’égard de la légalisation du cannabis.

«Ce que je ne comprends pas, c’est que le gouvernement a légalisé le cannabis. Nos enfants en trouvent donc partout. Après, ce même gouvernement dit qu’il faut trouver des solutions pour la prévention contre la consommation du cannabis, alors qu’il a créé lui-même ce problème! Il y a là une grande contradiction», s’est-elle indignée.

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À travers le Canada, le tiers des élèves consommeraient parfois du cannabis à l’intérieur ou sur le terrain de l’école.

Réduire les risques plutôt qu’interdire

À cela, Charles-Antoine Rouyer a répondu en citant une étude du Centre de toxicomanie et de santé mentale de l’Ontario (CAMH) démontrant que la consommation de substances, dont le cannabis, chez les élèves a diminué depuis sa légalisation.

Charles-Antoine Rouyer
Charles-Antoine Rouyer.

«Je pense que ce qu’il est important maintenant, c’est d’endiguer le marché illégal, d’améliorer la qualité du produit et de connaître sa teneur en THC. Ceci étant dit, je pense que le gouvernement a légalisé le cannabis un peu trop rapidement, et qu’on essaie maintenant de faire le rattrapage.»

De plus, d’après l’expert, «l’adolescence est une période d’expérimentation, donc c’est compliqué de dire aux adolescents: ne faites pas ceci, ne faites pas cela. Avec le cannabis, on est en train de se rendre compte que prêcher l’abstinence, envoyer des policiers dans les écoles pour dire aux jeunes attention c’est dangereux, ça ne fonctionne pas. Il faut avoir un dialogue avec une démarche différente basée sur la réduction des risques.»

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Sur un autre registre, plus informatif et moins protestataire, une autre mère a tenu à savoir quels sont les différents types de vapotage et quels sont ses composants.

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Le vapotage: une pratique «cool» mais nocive. Photo: iStock.com/AND-ONE

Les enseignants n’étaient pas en reste

Quant aux membres du corps enseignant également présents, la conférence était des plus utiles selon ceux que nous avons rencontrés.

«J’ai enseigné le sujet du vapotage à mes élèves», rapporte un éducateur. «Et là, après vous avoir assisté à cette conférence, je me rends compte qu’il y a une partie de ce que je leur ai dit qui était erroné concernant la toxicité soi-disant moindre de ce procédé.»

Selon une étude pancanadienne réalisée par l’Université de Colombie-Britannique et publiée en février dernier, une recrudescence de la consommation de substances est observée au sein de la population scolaire.

Encore plus alarmant, d’après la même enquête, ils sont seulement 10,3% des participants à déclarer ne pas avoir de problème de consommation de substances dans leurs écoles.

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C’est là que prend tout son sens l’expression que Charles-Antoine Rouyer aime à répéter: «Une once de prévention vaut mieux qu’une livre de curatif.»

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