Vapotage, le nouveau péril jeune

«Pas autre chose qu'un gadget permettant d’absorber de la nicotine»

Une pratique cool mais nocive.
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Publié 10/02/2020 par Agathe Beaudouin

Les messages apparaissent accompagnés d’émojis souriants à l’écran: «C’est comme une tarte citron pistache, un régal!» Ou encore: «Chaque saveur que je goûte est encore meilleure!»

Sur Instagram, les publications flatteuses sur le vapotage se comptent par milliers. Premières cibles: les adolescents.

Tabac moderne

«Un gadget permettant d’absorber de la nicotine»: il n’existe pas 10 000 façons de définir la cigarette électronique, explique l’urgentologue et toxicologue Martin Laliberté.

«Ce n’est ni plus ni moins qu’une version du tabac moderne», confie le professeur adjoint au Centre universitaire de Santé McGill. Avec «les mêmes risques de dépendance à la nicotine».

Et plus elle est consommée tôt dans la vie de l’individu, plus le risque de dépendance est accru, et par conséquent, les risques de cancers et de maladies cardiovasculaires aussi.

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Produit cool

Les adolescents sont les premiers concernés. Ils sont de plus en plus nombreux à vapoter dès 13 ans.

Le produit et ses accessoires ont tout pour plaire à la jeune génération, comme l’explique Francis Laroche: «C’est un objet branché, coloré, sympa, un peu high-tech. Pour eux, c’est un accessoire de mode.»

Une gamme de produits attrayants.

Dans le secteur du Saguenay Lac-Saint-Jean, au Québec, cet éducateur s’active sur le sujet depuis bientôt deux ans qu’il a remarqué que  le vapotage est en passe de devenir une pratique banalisée auprès des jeunes qu’il rencontre.

Dialoguer au lieu de diaboliser

Francis Laroche se lance alors dans l’élaboration d’affiches: avec un visuel accrocheur et du contenu validé par le Centre intégré universitaire de santé et services sociaux de sa région, il sensibilise les plus jeunes aux risques du vapotage.

«Notre démarche n’est pas de diaboliser», confie ce professionnel qui met maintenant en place des ateliers, face à la demande croissante d’information sur le sujet.

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«On transmet des messages sur le risque de dépendance, les dangers d’une vaporette qui explose par exemple ou de leurs substances… On organise aussi des rencontres où ils peuvent montrer leur accessoire. Cela ouvre le dialogue.»

Fumer sans fumer?

«Au départ, le vapotage a été présenté comme une alternative à la cigarette, une option pour arrêter de fumer», souligne la docteure Anne Leis, directrice du département de santé publique et d’épidémiologie du collège de médecine de l’Université de la Saskatchewan.

«C’était un peu comme fumer sans fumer. Cela appartient à toutes les nouvelles pratiques de consommation, où l’on ne se fixe aucune limite.»

«Mais il y a un réel danger pour la santé, en termes de dépendance, de maladies mentales, pulmonaires… En plus de la nicotine, il y a dans cette cigarette une substance chimique, aromatisée ou pas, qui pose question. On respire quoi exactement?» Difficile de le savoir.

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D’autres drogues

Anne Leis déplore elle aussi l’accoutumance que la cigarette électronique peut engendrer chez les jeunes, une sorte de porte ouverte vers d’autres drogues, dit-elle.

Martin Laliberté confirme: «Nous avions oublié le dispositif en lui-même: l’accessoire peut permettre de véhiculer facilement d’autres drogues pour inhaler des dérivés du cannabis par exemple.»

Face à ce constat, l’association médicale canadienne (AMC) a exhorté Santé Canada à resserrer ses règles et à bannir la publicité de produits de vapotage dans tous les lieux publics et dans les médias audiovisuels.

Dans ce combat, les sénatrices Chantal Petitclerc et Judith Seidman montent au créneau. Tous plaident pour une plus forte réglementation et pour une meilleure prévention.

Auteur

  • Agathe Beaudouin

    Journaliste à Francopresse, le média d’information numérique au service de la francophonie canadienne, qui gère son propre réseau de journalistes et travaille de concert avec Réseau.Presse et ses journaux membres.

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