Aristote Kavungu et Mireille Messier remportent le prix Trillium 2025

prix Trillium 2025
Aristote Kavungu et Mireille Messier. Photos: Sopufiane Chakkouche, l-express.ca
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Publié 23/06/2025 par Soufiane Chakkouche

Ontario Créatif a récompensé du prix Trillium 2025 quatre œuvres se voulant aussi singulières que représentatives de la diversité littéraire ontarienne. Parmi eux deux Franco-Ontariens: Mireille Messier et Aristote Kavungu, qui habitent dans la région de Toronto.

Pour sa 38e édition, dont la cérémonie avait lieu le 18 juin à la Bibliothèque de référence de Toronto, le plus prestigieux des prix littéraires de l’Ontario a été attribué à quatre écrivain(e)s parmi 16 nominés qui arboraient fièrement la fleur blanche sur le torse, synonymes de leur nomination.

Roman graphique et désir queer

Dans la catégorie anglophone, le jury a salué I’m So Glad We Had This Time Together, roman graphique autobiographique de Maurice Vellekoop, publié chez Random House Canada. C’est seulement la deuxième fois qu’un roman graphique reçoit cette récompense.

Le prix de poésie en anglais, quant à lui, a été attribué à Jake Byrne pour DADDY (Brick Books), un recueil au ton tranchant qui explore le désir queer et les traumatismes hérités du patriarcat.

prix Trillium 2025
Les prix Trillium 2025 Maurice Vellekoop, Jake Byrne, Mireille Messier et Aristode Kavungu.

Aristote Kavungu: autocensure

Chez les francophones, c’est l’écrivain Aristote Kavungu qui repart avec les honneurs pour Céline au Congo, publié aux Éditions du Boréal.

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L’auteur, finaliste en 2020 pour son roman Mon père, Boudarel et moi, propose une relecture percutante de l’œuvre de Louis-Ferdinand Céline à la lumière des violences coloniales, une relecture qui scrute les angles morts de la mémoire européenne et interroge sur les silences de la modernité.

Et pas question de jouer à la fausse modestie pour l’auteur qui déclare à l-express.ca : «Quand on est finaliste, on s’attend un peu à gagner, même si on dit qu’il faut préparer un discours de gagnant et un discours de perdant.»

Toujours sans langue de bois, le lauréat confie avoir eu du fil à retordre pour écrire ce livre, au point de s’autocensurer:

«J’ai eu des difficultés avec le sujet que j’ai traité dans ce livre, au point que je me suis beaucoup autocensuré lors de son écriture pour ne pas choquer. Ceci dit, je me suis laissé aller, parce que je me suis dit qu’il vaut mieux parfois choquer et faire réfléchir.»

Aristote Kavungu
Aristote Kavungu.

Céline antisémite et raciste

Et de poursuivre: «Il y en a qui ont compris que cela n’a rien à voir avec un syndrome de Stockholm et que j’aime l’auteur, mais pas l’homme. Cependant, d’autres n’ont pas encore compris.

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Il faut dire que, pour celles et ceux qui ne connaissent pas Louis-Ferdinand Céline, la personne de cet écrivain au talent incontestable est très controversée, du fait qu’il était ouvertement raciste et antisémite.

Aristote Kavungu nous a confié qu’il travaille actuellement sur un nouveau livre dont le sujet est la maladie mentale.

Mireille Messier: persévérance

Seule femme parmi le quatuor gagnant, le prix de littérature jeunesse francophone est revenu à Mireille Messier pour le livre illustré Le bonnet magique, publié chez Comme des géants.

Dans cet ouvrage, cette autrice prolifique aux 30 titres à son actif entraîne son jeune lectorat dans une exploration teintée de réalisme magique, entre gnomes guérisseurs et chaleur familiale.

«Mon premier livre jeunesse est sorti en 1999. J’ai écrit une trentaine de livres et j’espérais chaque année recevoir le petit courriel m’annonçant que je suis nominée, mais le courriel n’est jamais arrivé jusqu’à cette année. Il faut dire que je n’ai jamais désespéré. Ma joie est donc incommensurable ce soir», confesse-t-elle.

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Mireille Messier
Mireille Messier.

Reconnaissance éternelle

Cela explique pourquoi, contrairement à Aristote Kavungu, Mireille Messier ne se voyait pas en haut du podium. «Je ne m’y attendais vraiment pas. Mais j’ai écrit un petit discours au cas où, parce que je ne voulais pas être prise de court, et finalement, j’ai bien fait.»

Par ailleurs, une enveloppe de 20 000 $ est réservée à chaque lauréat, sauf pour le prix de poésie où le lauréat touche 10 000 $. Toutefois, plus précieux que les sous, le prix Trillium est un gage d’une reconnaissance éternelle de ses pairs et du monde littéraire.

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La cérémonie 2025 de remise des prix littéraire Trillium de l’Ontario.

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