Maison de la Francophonie de Toronto: c’est fini

À moins que...

Maison de la francophonie
Les 17-19 rue Isabella, à l'Est de Yonge et au Sud de Bloor.
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Publié 08/04/2025 par François Bergeron

Le projet de Maison de la Francophonie de Toronto, qui a connu des hauts et des bas depuis une vingtaine d’années, n’est plus viable. Son comité, dirigé ces dernières années par l’avocat Kip Deaschel, a suspendu ses activités et sera bientôt dissous.

Kip Deaschel l’a confirmé dans un courriel à l-express.ca la semaine dernière.

Après avoir considéré en 2022 le 62-64 de la rue Charles Est (les locaux de l’Alliance française et du journal L’Express dans les années 1976-80!), le comité a jeté son dévolu sur le 17-19 rue Isabella, à quelques pas de là, dans le quartier Yonge-Bloor.

Maison de la francophonie de Toronto
Le 62-64 rue Charles Est. Photo: archives l-express.ca

20 millions $

Mais les gouvernements sollicités pour financer le projet de 20 millions $ (achat et rénovation) ont finalement refusé d’embarquer. Kip Deaschel blâme des «hauts fonctionnaires chez Patrimoine canadien».

Le comité s’attendait à ce que le gouvernement fédéral finance plus de 60% du projet.

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Toutefois, au début de 2023, la ministre des Langues officielles Ginette Petitpas Taylor a accordé un financement de 100 000 $ au Centre francophone du Grand Toronto pour effectuer une étude de besoin et de faisabilité d’un «lieu de rassemblement» ou d’un «espace communautaire»…

Cette annonce laissait entendre que le vieux projet de Maison n’avait plus la faveur du gouvernement… Ou, pire, que le gouvernement avait carrément «oublié» l’existence de ce projet!

CFGT Centre francophone Ginette Petitpas Taylor
La ministre fédérale Ginette Petitpas Taylor en visite au Centre francophone du Grand Toronto le 9 janvier 2023. Photo: archives l-express.ca

Lieu de rassemblement

De fait, suite à cette annonce, plusieurs responsables d’organismes sondés par l-express.ca – dont les dirigeants du Centre francophone – ont dit n’avoir jamais entendu parler du projet de Maison, ou croire que ça n’existait plus.

Le plus haut fait d’armes du comité est sans doute la soirée du 21 janvier 2014 soulignant les 50 ans de carrière politique et le 80e anniversaire de naissance de l’ex-premier ministre Jean Chrétien, qui avait permis de récolter 100 000 $ au profit du projet de Maison de la Francophonie de Toronto.

Des organismes comme le RDÉE Ontario (rebaptisé Société économique de l’Ontario) et le Collège Boréal étaient alors associés au projet d’édifice-phare de la francophonie torontoise au centre-ville.

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On imaginait que plusieurs organismes francophones y loueraient des espaces pour leurs bureaux et leurs activités, tandis que le passant y trouverait un café, un centre de ressources et divers services. Ces dernières années, la garderie Les Bouts d’Choux et l’association FrancoQueer prévoyaient encore s’y installer.

Maison de la francophonie
Les plans de construction de la Maison de la Francophonie de Toronto à partir de l’édifice actuel du 17-19 rue Isabella.

Pas d’appui de Mulroney

«Nous avons eu tort», admet Kip Deaschel. «Le gouvernement fédéral, qui avait donné plus de 36 millions $ au projet du MIFO à Orléans, a décidé de ne pas accorder à la Maison de la Francophonie de Toronto les ressources nécessaires pour lancer le projet, même si notre demande rencontrait toutes les conditions.»

Maison de la francophonie de Toronto, Kip Daechsel
Kip Daeschel.

Il blâme aussi la ministre des Affaires francophones de l’Ontario, Caroline Mulroney, d’avoir «tourné le dos» au projet. Selon lui, même si la contribution provinciale ne devait couvrir que 13% du budget, le feu vert de Caroline Mulroney aurait convaincu le fédéral d’embarquer.

Dans une lettre aux «amis de la Maison de la Francophonie de Toronto», Kip Deaschel évoque «un ping-pong fatal entre les niveaux gouvernementaux comme prétexte officiel pour mettre fin au projet».

Le comité de la Maison se saborde donc «après plus de 20 ans de travail bénévole acharné, l’investissement de plus de 246 000$ de contributions privées et plus de 170 000$ de financement public ainsi que la soumission de multiples demandes de financement reconnus par [le gouvernement fédéral] comme conformes aux critères de son programme».

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Déception

«La Maison de la francophonie de Toronto représentait un projet majeur pour l’ensemble de la communauté francophone et francophile de la région», réagit Jean-Claude N’da, le président de l’ACFO-Toronto.

ACFO-Toronto, Réseau en immigration
Jean-Claude N’da.

«Il est regrettable de constater qu’après une saga ayant mobilisé tant d’énergie, de temps, ainsi que des ressources humaines et matérielles, ce projet ne se concrétisera pas. Cela est d’autant plus décevant que des initiatives similaires existent déjà dans d’autres provinces et même à Ottawa.»

L’ACFO-Toronto avait apporté son «soutien total» au projet de Maison de la francophonie. Jean-Claude N’da rapporte qu’en octobre 2015, «à l’occasion des célébrations des 400 ans de présence francophone en Ontario, l’ACFO-Toronto avait publié une lettre ouverte adressée à la première ministre Kathleen Wynne afin de solliciter son appui pour ce projet».

Le président de l’ACFO-Toronto dit «garder espoir que le projet puisse être relancé et concrétisé, même sous une autre forme».

Nouvelle option?

Cette autre forme pourrait être une «mise en valeur» du site de l’actuelle maison historique du Centre francophone du Grand Toronto au 20 Lower Spadina, indique la PDG Estelle Duchon.

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kits scolaires, Centre francophone
Estelle Duchon.

«L’étude de faisabilité réalisée par le CFGT a permis de confirmer, lors des consultations, le besoin d’avoir des espaces communautaires francophones dans la région du Grand Toronto», écrit-elle à l-express.ca.

Mais elle tempère: «Le CFGT a, au cours des précédents mois, analysé différentes options de lieux, mais les tensions sur le marché immobilier et les coûts de construction à Toronto rendent complexe l’émergence d’un tel projet»

«Le CFGT a conscience du rôle de catalyseur qu’il doit jouer dans ce dossier», assure la PDG, «tout en comprenant l’importance de travailler avec les différents partenaires pour que le projet soit collectif et réponde aux besoins du plus grand nombre.»

Centre francophone
La maison historique du Centre francophone de Toronto, au 20 Lower Spadina près du lac, où se trouve aujourd’hui son Coin de la petite enfance.

Auteurs

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et numériques, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

  • l-express.ca

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