Pour raconter la vie de son père, un fils doit remuer la boue au fond des rivières de sa mémoire. Le parcours père-fils que trace Thomas C. Spear dans Les mascarades du Wisconsin se loge à l’enseigne de la misogynie, du racisme, de l’antisémitisme et de l’homophobie.
Il s’agit d’une saga familiale remplie de non-dits et de mensonges imposés par la figure dominante paternelle. L’action se déroule dans la seconde moitié du XXe siècle, dans une ville «ouisconsinienne» on ne peut plus WASP (White Anglo-Saxon Protestant).
Archie Bunker
Le père est un quidam semblable à celui décrit par Arthur Miller dans Mort d’un commis voyageur. L’éducation des enfants n’est pas de son domaine. Il sait plutôt les engueuler, rappeler leurs fautes, les condamner à obéir.
Ce personnage m’a rappelé Archie Bunker de la célèbre série All in the Family. L’auteur mentionne, plus loin, l’émission Mickey Mouse Club et signale «la voix de ma préférée, Annette». Il faut avoir plus de soixante ans pour savoir qu’il s’agit d’Annette Funicello.
Bobby, le fils, brosse le portrait d’un père dont la langue ne chôme pas de propos racistes, d’insultes colorées, de provocations irrévérencieuses et de blagues corsées. Le paternel n’est pas intéressé à rencontrer des gens aux mœurs qui diffèrent des siennes, mais cela ne l’empêche pas de les dénigrer.