Maillot de bain des femmes et misogynie du patriarcat

Audrey Millet, Les dessous du maillot de bain
Audrey Millet, Les dessous du maillot de bain. Une histoire du corps, essai, Paris, Éditions Les Pérégrines, 2022, 270 pages, 38,95 $.
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Publié 27/07/2022 par Paul-François Sylvestre

Consacrer un livre de 270 pages à quelques centimètres carrés de tissu peut sembler futile. Mais ce maillot de bain qui cache le minimum et dévoile le maximum mérite bien sa place au rang des objets académiques.

Voilà ce qu’affirme Audrey Millet dès la première page de son essai intitulé Les dessous du maillot de bain, une autre histoire du corps.

Le corps féminin apprécié et déprécié

Je m’attendais à un survol de l’évolution du maillot de bain, avec photos à l’appui. Or, l’ouvrage ressemble à une thèse de doctorat sur la manière dont la peau a été rendu publique et sur comment le corps féminin est apprécié et déprécié au fil des siècles. Rien au sujet du corps et du maillot masculins.

L’histoire du maillot de bain féminin est celle «de la façon dont la chair et le tissu se sont unis pour servir le sport, le sexe et la culture».

Comme les interdits touchant le corps féminin sont décidés par les hommes, il s’agit aussi donc, en partie, de l’histoire du patriarcat.

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La police du patriarcat

Au Moyen Âge, le code moral et les règles de conduite ajoutent des briques au soubassement déjà costaud d’un «patriarcat fondé sur une profonde misogynie».

Et cela continue durant la Renaissance lorsque «tabou, narcissisme, pouvoir et politique forment cette puissance fondatrice de la misogynie».

Pour que les femmes puissent revêtir une tenue de bain plus pratique qu’une grande chemise, un pantalon et un haut à manches longues, il leur a fallu affronter «la police du regard établie par le patriarcat».

L’industrie du maillot de bain

Il a fallu attendre les révolutions industrielles, sociales, politiques et économique du XIXe siècle pour que la donne change.

Les mœurs évoluent après la Première Guerre mondiale. L’industrie flaire un nouveau marché et fait entrer le maillot de bain dans les tendances.

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«La panoplie serviette, maillot, chapeau, tongs, lunettes de soleil et paréo est née.» La rue vers les plages débute dans les années 1930.

Le maillot de bain comme symboles féministe?

Pour les femmes, les moments en maillot de bain deviennent des occasions de se réapproprier leurs corps. En se découvrant corporellement, elles arrivent à mieux s’accepter.

«Le maillot de bain comme symboles féministe, et pourquoi pas?»

L’ouvrage est publié aux Éditions Les Pérégrines. Or, pérégriner veut dire aller librement d’un endroit à un autre, se déplacer pour satisfaire sa curiosité, emprunter des routes inattendues, voyager, rêver. Le maillot tombe bien.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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