Le français est probablement la langue la plus surveillée, réglementée et critiquée sur terre. Pierre Calvé se porte à la défense d’une langue vivante dans Le français grandeur nature et démontre qu’elle a autant le droit de se promener en jeans et t-shirt qu’en veston et cravate.
«Le présent ouvrage», écrit-il, «vise à mieux faire connaître la langue parlée naturelle, à bien la distinguer des usages soignés, “surveillés”, parlés et écrits, et à déterminer les critères d’acceptabilité sociale et linguistique qui reviennent à chacun de ces usages.»
Idiotismes
Les censeurs aiment s’attaquer aux archaïsmes, jugés fautifs parce qu’ils ne sont généralement plus en usage ou en voie de disparition. Or, il faut faire une distinction entre archaïque et familier. Peignure, barbier et trâlée (ribambelle) ne sont pas des mots fautifs; ils sont géographiquement et socialement acceptables.
Les langues fourmillent d’expressions qu’on ne peut traduire littéralement sans qu’elles perdent tout leur sens ou deviennent loufoques. Exemple: I quit smoking cold turkey – J’ai arrêté de fumer dinde froide. C’est ce qu’on appelle des idiotismes. Calvé propose un quiz portant sur une quinzaine d’idiotismes, dont To pull one’s leg, Une entente à l’amiable, That’s the last straw, À la bonne franquette.
60 000 mots empruntés
L’auteur souligne à plus d’une reprise que 42% des quelque 60 000 mots contenus dans Le Petit Robert ont été empruntés à d’autres langues. Outre le latin, le français a emprunté des mots au grec, à l’italien, à l’allemand et même à la langue celte (alouette, cervoise, chêne, sapin).