Le français en jeans, t-shirt, veston et cravate

Avec un quiz!

Pierre Calvé, Le français grandeur nature
Pierre Calvé, Le français grandeur nature. Portrait et défense d’une langue vivante, essai, Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, 2025, 180 pages, 21,95 $.
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Publié 16/08/2025 par Paul-François Sylvestre

Le français est probablement la langue la plus surveillée, réglementée et critiquée sur terre. Pierre Calvé se porte à la défense d’une langue vivante dans Le français grandeur nature et démontre qu’elle a autant le droit de se promener en jeans et t-shirt qu’en veston et cravate.

«Le présent ouvrage», écrit-il, «vise à mieux faire connaître la langue parlée naturelle, à bien la distinguer des usages soignés, “surveillés”, parlés et écrits, et à déterminer les critères d’acceptabilité sociale et linguistique qui reviennent à chacun de ces usages.»

Idiotismes

Les censeurs aiment s’attaquer aux archaïsmes, jugés fautifs parce qu’ils ne sont généralement plus en usage ou en voie de disparition. Or, il faut faire une distinction entre archaïque et familier. Peignure, barbier et trâlée (ribambelle) ne sont pas des mots fautifs; ils sont géographiquement et socialement acceptables.

Les langues fourmillent d’expressions qu’on ne peut traduire littéralement sans qu’elles perdent tout leur sens ou deviennent loufoques. Exemple: I quit smoking cold turkey – J’ai arrêté de fumer dinde froide. C’est ce qu’on appelle des idiotismes. Calvé propose un quiz portant sur une quinzaine d’idiotismes, dont To pull one’s leg, Une entente à l’amiable, That’s the last straw, À la bonne franquette.

60 000 mots empruntés

L’auteur souligne à plus d’une reprise que 42% des quelque 60 000 mots contenus dans Le Petit Robert ont été empruntés à d’autres langues. Outre le latin, le français a emprunté des mots au grec, à l’italien, à l’allemand et même à la langue celte (alouette, cervoise, chêne, sapin).

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«Il faut rappeler toutefois», souligne Calvé, «que cette intégration s’est faite sur une longue période, contrairement à de nombreux anglicismes qui continuent d’envahir le français et dont l’intégration est loin d’être assurée.»

Dans un très court texte sur le libre-échange français-anglais, l’auteur souligne la conquête de l’Angleterre par le duc de Normandie, Guillaume le Conquérant, en 1066. Durant les quelques 300 ans qu’a duré cette occupation, l’aristocratie anglaise parlait le français, langue qui a continué pendant des siècles à dominer la diplomatie.

Anglicismes

Les anglicismes occupent quelques pages de cet ouvrage, bien entendu. Plusieurs ont «fait leur lit» sans que personne ne les remette en question: barbecue, camping, hot-dog, tee-shirt, boycott, pickpocket.

La perception est différente selon que l’on soit Franco-Canadien ou Français de l’Hexagone. Les anglicismes tendent généralement à s’imposer par leur omniprésence au Canada. En France, ils sont plus souvent librement adoptés pour des questions de mode et parfois de snobisme.

En résumé, une langue sert essentiellement à quatre choses: 1. à communiquer; 2. à penser, réfléchir, élaborer des idées; 3. à acquérir et emmagasiner de l’information; 4. à se forger une identité en tant que membre d’une communauté humaine particulière. C’est la perte de l’une de ces caractéristiques qui conduit à l’assimilation.

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Pierre Calvé est détenteur d’un doctorat en linguistique. Il a été professeur à l’Université d’Ottawa, notamment doyen de la Faculté d’éducation. Sa carrière a surtout été consacrée à la didactique du français et à la linguistique franco-canadienne.

Quiz sur la traduction d’expressions idiomatiques

Les langues fourmillent d’expressions qu’on ne pourrait traduire littéralement dans une autre langue sans qu’elles perdent tout leur sens ou deviennent carrément loufoques.

Imaginez un francophone disant à un anglophone I pulled the worms out of his nose (Je lui ai tiré les vers du nez), ou un anglophone disant à un francophone, J’ai arrêté de fumer dinde froide (I quit smoking cold turkey). C’est ce qu’on appelle des expressions idiomatiques ou simplement des idiotismes

Voici un petit quiz qui consiste à relier chaque expression de la première colonne (de 1 à 15) à celui qui lui correspond, ou dont le sens est le plus proche, dans la deuxième colonne (de a à o).

1. To pull one’s leg

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2. À la bonne franquette

3. He kicked the bucket

4. C’est tiré par les cheveux

5. Over my dead body

6. Il s’est mis les pieds dans les plats

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7. A gentleman’s agreement

8. Il y a belle lurette

9. To be a sitting duck

10. Ça coûte les yeux de la tête

11. To be on cloud nine

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12. Vendre la mêche

13. Ça c’est le comble

14. He was led up the garden path

15. He freaked out

*

a) Une entente à l’amiable

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b) That’s the last straw

c) Être au septième ciel

d) Être une cible facile

e) Il s’est fait avoir

f) To spill the beans

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g) Se foutre de la gueule de quelqu’un

h) Il a pété les plombs

i) Without any fuss

j) He put his foot in his mouth

k) That’s far-fetched

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l) Il a passé l’arme à gauche

m) Ages ago

n) It costs an arm and a leg

o) Il faudra d’abord me passer sur le corps

*

Réponses : 1 g), 2 i), 3 l), 4 k), 5 o), 6 j), 7 a), 8 m), 9 d), 10 n), 11 c), 12 f), 13 b), 14 e), 15 h).

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Source : Pierre Calvé, Le français grandeur nature. Portrait et défense d’une langue vivante, essai, Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, 2025, page 97.

Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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