Le Canada sanctionne deux élites en Haïti… mais encore?

OFAC, Haïti
L’Office of Foreign Assets Control des États-Unis.
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Publié 07/11/2022 par Annik Chalifour

La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, a annoncé ce weekend que le Canada, en coordination avec les États-Unis, impose des sanctions ciblées en vertu du Règlement sur les mesures économiques spéciales visant Haïti.

Ceci en réponse à la conduite inacceptable d’élites politiques haïtiennes, qui apportent un soutien financier et opérationnel illicite à des gangs armés.

Ces sanctions visent deux personnes: le président du Sénat, Joseph Lambert, et l’ancien président du Sénat, Youri Latortue.

Joseph Lambert.
Youri Latortue.

Les nouvelles mesures imposeront une interdiction de transactions à ces personnes, ce qui aura pour effet de geler tout avoir qu’elles peuvent détenir au Canada.

Le Canada a des raisons de croire que ces personnes utilisent leur statut d’ancien ou d’actuel titulaire d’une charge publique pour protéger et permettre les activités illégales de gangs criminels armés, par le blanchiment d’argent et d’autres actes de corruption.

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Mettre fin aux gangs armé

Les sanctions contre ces personnes visent à mettre fin au flux de capitaux et d’armes illicites pour affaiblir et mettre hors d’état de nuire les gangs armés.

«Le Canada ne restera pas inactif alors que les gangs et ceux qui les soutiennent terrorisent les citoyens d’Haïti. Nous faisons pression sur ces personnes pour les obliger à mettre fin à leur violence insensée», a déclaré Mélanie Joly.

«La communauté internationale a un rôle important à jouer, et nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour aider les Haïtiens et faire respecter les droits de la personne, la démocratie et la paix internationale.»

On avance: de nouvelles sanctions et autres mesures sont envisagées contre d’autres personnes et entités pour faire pression sur les responsables de la violence et de l’insécurité en Haïti.

Haïti
La ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly.

Sanctions américaines    

Outre les deux individus mentionnés, l’Office of Foreign Assets Control des États-Unis détient une liste incluant plusieurs autres personnes.

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Notamment: le chef de la «Coalition G9», Jimmy Chérizier (alias BBQ); Joseph Pierre Richard Duplan, de la compagnie Cubana de Aviación; Fednel Monchéry, activiste politique et directeur général, en 2019, du ministère de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales sous l’administration du président Jovenel Moïse assassiné le 7 juillet 2021.

Les sanctions américaines prévoient le gel des avoirs de ces individus.

Vu la situation, des contacts en Haïti avec qui j’ai échangé, se soucient de savoir si ces avoirs gelés seront versés au trésor public haïtien pour être réinvestis, le cas échéant, dans des projets sociaux au bénéfice de la population.

«Ce ne serait que justice!», selon mes interlocuteurs.

Réinvestir pour la population  

En guise d’investissements, on pense aux abris, dans les zones à risque, pour accueillir les personnes en difficulté ou en situation vulnérable lors de cyclones ou tremblements de terre qui frappent cruellement Haïti depuis plus de deux décennies.

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On pense aussi, entre autres, à des programmes de captage de sources afin de faciliter l’accès à l’eau dans certaines sections communales et d’assurer la protection des berges dans le but de garantir la durabilité du service.

Haïti, séisme
Le séisme du 14 août 2021 ressenti sur l’ensemble du territoire haïtien, a frappé très durement la péninsule Sud d’Haïti.

Résurgence du choléra

Par ailleurs, Haïti est présentement confrontée à une résurgence de choléra, après trois ans sans avoir vu un seul cas de la maladie sur l’île.

L’urgence sanitaire actuelle sévissant en Haïti, causée par le choléra, combinée avec les défis d’accessibilité aux structures de santé, illustrent sans contredit un exemple où l’on doit urgemment y injecter de l’aide.

Conséquences médicales des violents combats à Port-au-Prince. Photo: MSF Johnson Sabin.

Soins de santé inaccessibles

De nombreux habitants de Port-au-Prince, faisant face à une explosion de violence et une pénurie de carburant, peinent à accéder à de l’eau potable et à des soins de santé de base, selon Médecins Sans Frontières (MSF).

En plus du choléra, «l’accès aux soins reste un défi constant dans la capitale haïtienne; il est souvent très compliqué de se rendre dans une structure de santé adaptée à ses besoins.»

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Une réalité à laquelle MSF est quotidiennement confrontée dans ses activités, que ce soit pour la prise en charge de patient.es victimes de traumatismes, de brûlures, d’autres urgences ou victimes de violence sexuelle.

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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