L’idée est originale: faire voyager Alice dans un autre pays tout aussi merveilleux, celui des mots et de la grammaire. Emmanuelle Erny change le nom d’Alice et nous concocte Charlotte au pays des mots, un court roman où la nuance est la chasse gardée de tout un chacun.
D’un devoir de grammaire, Charlotte se retrouve aspirée dans un monde où elle doit négocier avec les noms, articles, adjectifs, verbes, adverbes et pronoms pour retrouver son chemin. Ceci permet à la romancière de souligner la richesse et les mécanismes de notre langue.
L’ambition des pronoms
Histoire, ici, est un personnage. Chaque pronom se rue à son assaut, espérant avoir le privilège de la remplacer. Pourquoi? Parce qu’un pronom est un mot flou aux contours indistincts. «Tant qu’ils ne remplacent aucun nom, ils ne sont personne.»
Emmanuelle Erny connaît la grammaire française sur le bout des doigts. Elle aime donner toutes sortes d’exemples, comme celui d’une conjonction de subordination: «Alors qu’elle rentrait chez elle, elle a été enlevée par un vaisseau spatial.» Arme redoutable, alors que soumet une phrase à une autre.
Trois groupes de verbes
Les verbes occupent une place de choix dans ce roman. Pas étonnant puisqu’ils forment trois groupes. Ceux du premier «ont vraiment un -er de famille». Ils sont faciles et réguliers; nous aimons les conjuguer.