Un roman qui joue à cacher des mots anglais

Jeanne Charlebois, Jouer à la cachette
Jeanne Charlebois, Jouer à la cachette, roman, Montréal, Éditions Hurtubise, 2023, 262 pages, 26,95 $.
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Publié 29/11/2023 par Paul-François Sylvestre

Le premier ouvrage de Jeanne Charlebois, Jouer à la cachette, est un roman initiatique sur l’amour, l’amitié et l’acceptation de soi. Ces sujets ne sont pas nouveaux, mais le texte cherche à se distinguer par une certaine simplicité, par une authenticité particulière. Le recours à l’anglais n’aide pas.

À travers 46 courts chapitres qui évoquent autant la chronique que le journal intime, on découvre la protagoniste Ève, jeune femme timide et naïve, relativement réfléchie et parfois attachante. L’histoire est parsemée de moments tour à tour sérieux, drôles ou troublants.

Cachette amoureuse

Simon sort avec Maryline, la meilleure amie d’Ève, mais c’est cette dernière qui répond aux lettres du jeune homme. Puis Maryline les retranscrit avec son crayon mauve brillant, ajoutant des cœurs sur les i.

Il y a un hic: Ève est follement amoureuse de Simon… Ces lettres donnent un sens au titre Jouer à la cachette. La protagoniste est une championne au jeu de la cachette, autant au sens littéral que figuré.

Ève voudrait s’extirper de sa zone de confort, arrêter d’être une petite fille sage. Excellente en écriture, elle rêve de publier un roman, mais ce n’est pas en écrivant en cachette que ça va aboutir.

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La jeune femme publie un feuilleton sur son blogue, en s’inspirant de son travail à La Baie, et remporte un franc succès.

Qui est Davon Sawa?

Le style de Jeanne Charlebois est parfois coloré, voire exotique. Elle écrit «Habiter avec lui, c’est comme côtoyer Gandhi sur le Prozac. Ça remet les choses en perspective pour une fille anxieuse.»

Je connais vaguement Britney Spears et Beyoncé, mais le roman est truffé de références à des vedettes dont j’ignore même l’existence.

En voici quelques exemples: Josh Hartnett (acteur et producteur américain), Davon Sawa (acteur canadien), Freddie Prinze Jr (acteur américain), House of Pain (groupe américain de hip-hop), Paul Walker (acteur, scénariste et producteur de cinéma américain).

L’anglais overrated?

L’anglais s’infiltre de plus en plus dans les nouveaux romans.

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On est habitué, bien entendu, à non-stop, Oh My God, anyway, brainstorming (même si remue-méninges existe), best friends (pourquoi pas meilleurs amis?) et même empowering au lieu de responsabilisation qui est moins frappant.

Le roman de Jeanne Charlebois est rempli de mots anglais. Certains sont en caractères italiques pour indiquer sans doute qu’il s’agit d’un emprunt direct à la langue de Shakespeare: will do, I guess, best date ever, brain freeze. La majorité figure cependant comme du vocabulaire normal.

C’est le cas de «pas assez en shape, les pantoufles qui matchent, sur ma bucket list, mon lover et ses bandmates en mode roadie, ma best life, c’est tellement overrated, il ne téléphone pas parce qu’il est chicken, en couple ou full busy, je vis le plus gros reality-check de ma vie».

Et ce n’est que la pointe de l’iceberg.

Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

  • l-express.ca

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