Je vous ai déjà parlé de Guy Bélizaire lorsqu’il a publié son premier ouvrage intitulé À l’ombre des érables et des palmiers. Il récidive avec Mémoire vagabonde, un recueil de quinze nouvelles aux accents haïtiens.
Né à Cap-Haïtien en 1957, l’auteur vit au Québec depuis plus de quarante ans. Il a beau croire que «seul le silence exprime les mots appropriés» dans certaines situations, cela ne le rend pas pour autant avare de mots. Il sait les ciseler finement, au propre comme au figuré.
Goudougoudou
Le tremblement de terre du 12 janvier 2010 à Port-au-Prince est appelé Goudougoudou. Massillon est un de ceux qui se fait amputer un membre «parce qu’on n’avait ni le temps ni les moyens de faire mieux ou pour éviter la gangrène».
La nouvelle qui porte son nom explique comment la vie continue quand même, comment il faut montrer du courage. «Il faut apprendre à vivre ainsi et remercier quand même le ciel de pouvoir encore respirer et de voir chaque jour le soleil se lever.»
Dans la nouvelle Le bouton (de chemise), un homme trompe son épouse, car c’est au-dessus de ses forces de vaincre la tentation, «de maîtriser ce volcan placé entre ses jambes qui était devenu un prolongement de son cerveau». L’auteur cite Gabriel García Márquez: «Le cœur possède plus de chambres qu’un hôtel de putes.»