La communauté haïtienne de plus en plus active à Toronto

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Gabriel Osson et Didier Leclair, lors du lancement du roman Suzanne Louverture, qui raconte un pan de l'histoire d'Haïti. Photo: Soufiane Chakkouche, l-express.ca
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Publié 06/08/2025 par Soufiane Chakkouche

Le mercredi 30 juillet a eu lieu le lancement officiel du roman historique intitulé Suzanne Louverture: d’esclave à Première dame, du poète et romancier torontois d’origine haïtienne Gabriel Osson. La communauté haïtienne de Toronto y a répondu présente, une communauté de plus en plus visible et active dans la métropole… tout en gardant un solide cordon ombilical avec son pays d’origine.

Cela a pris cinq longues années à Gabriel Osson pour finaliser ce livre qui retrace le destin hors du commun de Suzanne Simone Baptiste Louverture, conjointe du célèbre leader révolutionnaire Toussaint Louverture. Et pour cause, un travail de recherche de fourmis était nécessaire, car la vie de cette figure féminine avait trop longtemps été reléguée aux oubliettes de l’histoire.

«Les historiens se sont beaucoup plus intéressés au personnage de Toussaint qu’à celui secondaire de Suzanne ou des autres femmes. Pourtant, j’ai découvert que Toussaint n’aurait jamais accompli ce qu’il a accompli si Suzanne n’avait pas été dans sa vie», nous explique l’auteur.

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Gabriel Osson en lecture. Photo: Soufiane Chakkouche, l-express.ca

Solidarité communautaire

Des propos dont la communauté haïtienne de Toronto, nombreuse pour l’occasion, n’a pas perdu une miette. En effet, le 777 Bathurst affichait complet pour ce lancement. À en croire les membres de la communauté, les Haïtiens de la ville reine se caractérisent par un fort engagement communautaire et une solidarité à toute épreuve.

«L’un des traits communs de la communauté haïtienne à Toronto est le fort engagement communautaire, avec de nombreuses associations créées pour soutenir l’intégration, préserver la culture et offrir de l’aide aux nouveaux arrivants», souligne Amikley Fontaine, entrepreneur social et membre du Comité consultatif de la Ville sur les affaires francophones.

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Parmi ses organismes, on retrouve Pierspective entraide humanitaire (PEH) qui est axé sur l’éducation des enfants défavorisés et sur l’aide aux personnes âgées, Kay créole d’entraide et de services professionnels, qui est tourné vers le développement social et économique en Haïti. Ou encore La Fondation Sylvenie Lindor, dirigée par Amikley Fontaine; et qui est axée sur l’inclusion sociale et l’intégration économique des jeunes Noirs.

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Amikley Fontaine. Photo: courtoisie

De plus en plus visible

Il est vrai que, selon les données 2021 de Statistique Canada, parmi les communautés caribéennes présentes dans la région du Grand Toronto, la population d’origine haïtienne comptait quelque 4330 personnes dans le Grand Toronto.

Toutefois, la communauté n’en demeure pas moins visible, comme l’observe Jean-Jacques Rousseau, enseignant à l’école d’affaire de l’Université de York. «Il y a de plus en plus d’Haïtiens qui s’installent à Toronto. Quand j’y suis venu il y a 20 ans, la communauté haïtienne n’y était pas visible, alors qu’aujourd’hui, elle l’est beaucoup plus.»

«À Toronto, la communauté s’implique de plus en plus tout en prenant de l’ampleur, y compris au sein de la communauté franco-ontarienne.»

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Jean-Jacques Rousseau. Photo: Soufiane Chakkouche, l-express.ca

Profil hétérogène

Quant à son profil type, ne cherchez pas, il n’y en a pas. Et pour cause, à en croire Amikley Fontaine, la communauté haïtienne de Toronto est hétéroclite.

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«La diaspora haïtienne à Toronto se caractérise par une grande diversité socio-économique et professionnelle. Initialement, les premières vagues d’immigration comprenaient un nombre significatif d’intellectuels, de professionnels de la santé et d’éducateurs. Aujourd’hui, cette diversité s’est étendue et représente une force pour la francophonie torontoise.»

Selon Gabriel Osson, «il y a deux groupes distincts de la diaspora haïtienne à Toronto. On a les intellectuels, comme les médecins, avocats, enseignants… qui sont arrivés après leurs études à Montréal ou en Europe. Et on a une deuxième vague d’immigrants qui est arrivée vers les années 80, quand il a commencé à y avoir des troubles à Haïti; ce sont des travailleurs pour la plupart.»

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Des membres de la diaspora haïtienne à Toronto. Photo: courtoisie Amikley Fontaine

Barrière linguistique

Cependant, si les Haïtiens s’intègrent assez facilement à la vie torontoise, toujours est-il qu’ils rencontrent quelques obstacles, à l’instar de la langue.

«L’un des défis les plus difficiles à surmonter est la langue, surtout pour celles et ceux qui viennent directement d’Haïti, que cela soit pour trouver un emploi ou un logement», déplore Jean-Jacques Rousseau.

Même son de cloche du côté de Gabriel Osson qui, en plus de la barrière linguistique, ajoute un autre défi, celui du statut de réfugié et les limitations qui vont avec.

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«Les deux principaux défis sont la langue, car pour beaucoup, quand ils arrivent ici, ils parlent surtout le français et/ou le créole. Aussi, certains ont été chassés des États-Unis après la première et surtout la seconde élection de Donald Trump, et la chasse aux sorcières qui s’en est suivie», détaille-t-il.

«Ces personnes sont arrivées ici en tant que réfugiés politiques. Elles ont donc du mal à avoir un statut et être reconnues durant plusieurs années où ils sont à la merci de ce que le gouvernement leur donne.»

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Lancement du roman de Gabriel Osson. Photo: Soufiane Chakkouche, l-express.ca

Fort attachement au pays

Cela dit, la diaspora haïtienne garde un lien fort avec «le pays», y compris au moyen d’engagement philanthropique et communautaire solide.

«La communauté maintient des liens profonds avec Haïti, contribuant activement à son développement via les remises de fonds et les projets humanitaires. Ce profil reflète une communauté résiliente, éduquée et profondément connectée à ses racines, tout en étant pleinement intégrée dans la société canadienne», précise Amikley Fontaine.

Issu de la deuxième génération née sur le sol canadien de parents immigrés haïtiens, Jean-Jacques Rousseau abonde dans le même sens. «Les liens de la communauté d’ici avec Haïti sont forts. Par exemple, j’ai été conseiller à la présidence d’Haïti, et c’est arrivé parce que j’étais ici à Toronto.»

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«Il y a des relations directes entre ici et là-bas, à travers des associations ou des groupes communautaires. À cet égard, nous lançons, du 5 au 7 août, une école d’Haïti (Toronto Haïti Summer School) au Collège Glendon à Toronto.»

Pour rappel, ce mois d’août est celui de l’émancipation. À ce titre, il convient de rendre hommage à Haïti, le premier pays à avoir aboli l’esclavage en 1804.

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