Avec Grand-môman, Brigitte Marleau signe ce que je pourrais appeler une exofiction, un roman inspiré de la vie d’un personnage réel mais différent de l’autrice, et s’autorisant des inventions, par l’écriture de dialogues et de monologues intérieurs. Avant 2013, on parlait de biographie romancée.
Dès la première page, Brigitte Marleau sert un avertissement. «Ce récit est basé sur une histoire vraie. Toute ressemblance avec des personnages réels […] n’est ni fortuite ni involontaire. La similitude avec des faits existants ne tient d’aucun hasard.»
Victime de violence conjugale
À 74 ans, Lucienne Miron est une femme qui n’a pas eu de chance dans la vie, qui a trop longtemps été victime de violence conjugale. Son mari est décrit comme un homme «violent, manipulateur, jaloux, dégueulasse, cochon, grossier, moron!»
Marc, le petit-fils de madame Miron, décide de l’héberger, mais c’est son épouse Julie qui s’occupe de l’hygiène personnelle de Grand-môman. Cette dernière parle de ses selles comme de ses souvenirs. Julie lui prête une oreille attentive et, du coup, prend conscience des épreuves traversées, de l’injustice subie, de l’impuissance épuisante.
L’autrice et illustratrice décrit avec simplicité les aléas de la vie quotidienne tout en abordant des sujets sensibles et parfois tabous, et ce avec délicatesse et bienveillance.