Fossiles et négationnistes

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Publié 22/11/2009 par François Bergeron

Le Canada remporte souvent un prix «Fossile du jour», décerné par le Réseau Action Climat, en marge d’événements internationaux, au gouvernement le plus nuisible à la cause de la réduction des gaz à effet de serre.

Jim Prentice, notre ministre de l’Environnement, qui est de l’Alberta (ha!), en a gagné un le 2 novembre pour avoir qualifié d’«irresponsable» le rapport Pembina-Suzuki sur les mesures à prendre pour atteindre des objectifs de réduction déjà jugés modestes par les obsédés du climat.

C’est trop d’honneur. Ce rapport, commandité par la banque TD (hein?), reste très vague sur ces fameuses mesures associées aux échanges de crédits au sein d’une hypothétique bourse internationale du carbone, fondées sur des taux de croissance économique fantaisistes et génératrices d’emplois verts mythiques. «Insignifiant» aurait été plus approprié qu’«irresponsable».

Jim Prentice a remporté un autre Fossile dès le lendemain – «2 en 2» titrait le communiqué de presse du Réseau, dont la principale activité est de créer de telles «nouvelles» – pour avoir court-circuité une discussion sur les éventuelles pertes ou dommages causés par les changements climatiques lors d’une rencontre, à Barcelone, servant à préparer la grande messe du 7 au 12 décembre à Copenhague.

Le Réseau Action Climat représenterait plus de 400 organisations non gouvernementales qui participent à la campagne de peur et de désinformation sur les changements climatiques. Sa section canadienne est particulièrement dynamique, ce qui explique peut-être notre belle collection de prix Fossile, qu’à la place de Jim Prentice j’afficherais fièrement dans mon bureau.

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Les disciples d’Al Gore, David Suzuki, Maurice Strong et autres Nicholas Stern sont prompts à qualifier de «négationnistes» les scientifiques et commentateurs qui refusent de verser dans le catastrophisme face aux légères hausses de température observées à la surface de la planète depuis une centaine d’années, attribuables essentiellement à l’activité solaire comme les autres changements climatiques dans le passé.

Et ces scientifiques et commentateurs plus sereins, voire optimistes pour l’avenir de la planète, loin d’être des bibittes rares comme on veut nous le faire croire, sont très nombreux. Mais ils sont moins bruyants, moins visibles et surtout moins organisés; il n’y a pas de «Réseau Inaction Climat».

L’étiquette «négationniste», ici, veut susciter le mépris pour une fermeture de l’esprit aberrante, motivée par des sentiments inavouables, face à l’évidence historique ou scientifique, comme dans négationniste de l’Holocauste ou de l’évolution des espèces. Le scepticisme est cependant de mise, parfaitement rationnel et probablement majoritaire dans la population (sinon ce serait la révolution ou la panique, non?) face aux prédictions apocalyptiques présentées comme des certitudes par des comités de l’ONU facilement impressionnables.

L’activité humaine, particulièrement depuis la révolution industrielle et notamment à cause du charbon, du pétrole et de la déforestation qui augmentent de quelques parties par million la quantité de CO2 dans l’atmosphère, participe certainement au «réchauffement de la planète». Mais cette conséquence de l’industrialisation est bien moins importante que ses autres conséquences sur la biodiversité et sur la qualité de l’eau, de l’air et des sols.

L’environnement (pas aussi fragile qu’on le dit, mais sur lequel nous avons un impact majeur) et le climat (toujours changeant, sur lequel nous avons très peu d’influence), ce n’est pas la même chose.

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Malheureusement, à cause du succès des prophètes de malheurs climatiques, la vraie pollution a cédé la place à la fausse dans les médias. Heureusement, c’est aussi parce que les vrais désastres écologiques sont de plus en plus rares. Nos ministères de l’Environnement ne datent pas d’hier matin. Les nations industrialisées et démocratiques (la démocratie, ici, étant un ingrédient essentiel, le moteur des revendications pour une meilleure qualité de vie) parviennent à réduire la pollution des usines, des véhicules et des villes, aidées en cela par l’innovation technologique qui va souvent dans le même sens.

Des lacunes subsistent et de nouveaux problèmes surgissent: la surpêche, le transport maritime mal réglementé, la prolifération nucléaire, la dépendance de la Chine envers le charbon, les guerres en Afrique et ailleurs… Mais on finit par relever les défis.

Depuis des millions d’années, le réchauffement périodique de la planète est une excellente nouvelle pour la flore, pour la faune et, plus récemment, pour l’humanité, comparé aux plus longues périodes glaciaires.

On peut donc s’affirmer «négationniste» d’un réchauffement catastrophique irréversible, tout en restant irréprochablement «environnementaliste». À bien y penser, c’est même nécessaire, car à quoi sert de protéger l’environnement si la fin du monde est proche?

* * *

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D’autres articles de François Bergeron mentionnant les changements climatiques:

1 juillet 2016 – La plus grande fraude depuis le commerce des indulgences

21 mai 2016 – Climat économique et économie climatique

12 avril 2016 – Science frauduleuse: faut-il poursuivre Exxon… ou Al Gore?

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10 février 2015 – Climat: agendas politiques et religieux

30 septembre 2014 – Climat: de la marde

8 septembre 2014 – Naomi Klein réchauffe la planète

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11 janvier 2011 – Un ministre de l’Environnement climatosceptique?

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Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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