Festival marocain de Toronto: du deuil à la célébration

1500 visiteurs ont fêté pendant deux jours

Festival marocain
Le drapeau rouge et vert du Maroc était à l'honneur au Festival marocain de Toronto, au Mel Lastman Square les 5 et 6 juillet. Photo: Amine Mrani, Festival marocain
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Publié 09/07/2025 par Hamza Ziad

Témoin direct de l’attaque à la voiture-bélier survenue le 23 avril 2018 à la place Mel Lastman, à North York (Toronto), un événement tragique ayant coûté la vie à 11 personnes et blessé plusieurs autres, Abdellah Messaoudi, président de l’association Atlas Smile, a porté secours aux victimes sur les lieux.

Profondément marqué par ce drame, il a depuis nourri la volonté de redonner vie à cet espace autrefois associé à la douleur et au silence.

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Abdellah Messaoudi. Photo: Hamza Ziad, l-express.ca

«Cette place occupe une place particulière dans mon cœur. Mon objectif a toujours été d’y faire revenir les gens, alors qu’elle avait été désertée à la suite de la tragédie», témoigne Abdellah Messaoudi, qui est également le fondateur du Festival du Souk marocain de Toronto.

«Aujourd’hui, c’est avec des émotions partagées, mais une immense fierté, que nous célébrons la 4e édition du Festival marocain en ce lieu symbolique, devenu au fil des années un point de rencontre pour la communauté torontoise», souligne-t-il.

Du Québec à la Nouvelle-Écosse, tous à Toronto

Parallèlement à d’autres événements tenus à Toronto le même week-end, notamment le festival culturel arabe au Nathan Phillips Square, le Fringe, ou encore Salsa on St. Clair, le Festival marocain s’est déroulé les 5 et 6 juillet. L’événement a rassemblé plus de 1 500 visiteurs, venus de différentes régions du Grand Toronto, ainsi que de provinces telles que le Nouveau-Brunswick, le Québec et la Nouvelle-Écosse.

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Festival marocain
Des gradins remplis pour le Festival marocain. Photo: Amine Mrani, Festival marocain

«Je suis venu de Halifax spécialement pour assister au Festival marocain avec mes anciens amis torontois. Là où je vis, la communauté est plus restreinte et il est rare d’avoir accès à ce type d’événement», témoigne Abdou, un résident marocain établi en Nouvelle-Écosse.

Le public a pu découvrir des produits artisanaux, déguster des plats marocains ainsi que d’autres cuisines du monde, assister à des spectacles de musique offerts par des artistes marocains et francophones, basés à Toronto ou invités du Maroc, de France et d’ailleurs — et prendre part à diverses activités mettant en valeur la culture marocaine, notamment un défilé de vêtements traditionnels et des séances de henné.

Intérêt des organismes francophones

En plus du soutien d’organismes marocains tels que le Centre culturel marocain à Montréal, la Royal Air Maroc et le ministère du Tourisme du Maroc, l’édition 2025 du festival a également bénéficié de l’appui de plusieurs institutions francophones locales. Parmi les commanditaires figurent notamment les conseils scolaires Viamonde et MonAvenir, le Centre francophone du Grand Toronto, l’Université de l’Ontario français ainsi que le Collège Boréal.

Mel Lastman Square
Des participants au Festival marocain au Mel Lastman Square. Photo: Amine Mrani, Festival marocain

Cédrick Kalaki, agent de liaison communautaire au Collège Boréal, a souligné à l-express.ca l’importance pour les organismes francophones de participer à ce type d’événement, notamment lorsqu’il s’adresse à la communauté marocaine, considérée comme un acteur dynamique du tissu francophone torontois.

«Aujourd’hui, une part importante de notre population étudiante est composée d’étudiants marocains. Il nous paraît donc essentiel d’être présents pour faire connaître nos programmes et nos services à cette communauté dynamique», a-t-il déclaré.

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Saida Rhanim
Saida Rhanim. Photo: courtoisie

Avec l’arrivée régulière de nouveaux étudiants, mais aussi de résidents permanents, la présence marocaine dans la région du Grand Toronto est en constante croissance. La compagnie aérienne Royal Air Maroc étudie actuellement la possibilité d’ajouter un troisième vol hebdomadaire entre Toronto et Casablanca, ce qui porterait à six le nombre total de liaisons aller-retour par semaine.

«En tant que Marocaine francophone établie à Toronto, j’ai le privilège de constater chaque jour l’impact positif de notre communauté dans le paysage franco-ontarien», témoigne Saida Rhanim.

«Je suis fière de voir notre communauté grandir et s’épanouir tout en contribuant pleinement à la vitalité de la francophonie ontarienne et canadienne.»

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Les artistes Issam Kamal (à l’avant-plan) et Amir Ali. Photo: Amine Mrani, Festival marocain

L’art comme trait d’union avec la diaspora

Pour les artistes marocains invités à cette 4e édition, la rencontre avec le public torontois d’origine marocaine constitue à la fois une occasion de maintenir un lien vivant avec leurs compatriotes établis à l’étranger, et une opportunité de faire rayonner leur art auprès des diverses communautés à Toronto.

«Un Marocain reste toujours attaché à son pays, peu importe où il vit, même à des milliers de kilomètres. Ces rencontres nous permettent de préserver ce lien, qui fait partie intégrante des valeurs de notre peuple», explique Issam Kamal, artiste invité.

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De son côté, le musicien Amir Ali insiste sur l’importance de ce type d’événement pour nourrir le lien intergénérationnel et transmettre les repères culturels aux enfants de la diaspora. «À travers la musique et la culture, nous contribuons à transmettre les valeurs marocaines aux jeunes nés ici, et à maintenir vivante leur identité.»

Festival marocain
Des exposants au Festival marocain. Photo: Hamza Ziad, l-express.ca

Un festival confronté à des limites budgétaires

Le Festival marocain de Toronto fait face à plusieurs contraintes financières. Organisé principalement par des bénévoles et grâce au soutien d’organismes commanditaires, l’événement dispose de ressources limitées.

L’absence de personnel dédié à la préparation de demandes de subvention constitue un frein à l’accès aux financements publics et institutionnels. «Toutefois, nous avons amorcé une réflexion visant à structurer une approche plus stratégique en matière de financement», explique Abdellah Messaoudi.

«Des démarches sont en cours afin de mobiliser de nouveaux appuis, dans l’objectif d’assurer la pérennité de l’événement et d’en proposer une édition élargie dès l’année prochaine.»

dignitaires
Abdessamad Tajerramt, consul général du Maroc à Toronto, Soraya Kettani, secrétaire générale de l’AMDT, Saida Rhanim, membre de la communauté marocaine, Abdellah Messaoudi, Houda Zemmouri, directrice du Centre culturel marocain à Montréal, et Amine Mrani, le photographe du Festival marocain. Photo: Amine Mrani, Festival marocain

Vers un festival plus francophone

Abdellah Messaoudi indique que, dans les années à venir, l’objectif est d’élargir davantage la portée du festival en renforçant sa dimension francophone. Il souhaite notamment intégrer un plus grand nombre d’artistes francophones et inviter davantage d’organismes représentatifs de la francophonie torontoise, dans la continuité de ce qui a été amorcé lors de cette édition, mais avec une participation élargie.

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Selma Sbai. Photo: Hamza Ziad, l-express.ca

«Lors de l’édition 2023, le thème du festival était Toronto apportant la Francomania. Aujourd’hui, nous souhaitons approfondir cet axe francophone afin de rejoindre l’ensemble des Franco-Ontariens», souligne Abdellah Messaoudi.

De son côté, Selma Sbai, chargée des communications et des réseaux sociaux du Festival marocain, souligne que les efforts déployés en matière de communication ont contribué à attirer un nombre important de francophones cette année.

«Nous avons accueilli des personnes de diverses origines représentant la francophonie ontarienne. D’ailleurs, après l’arabe, le français était sans doute la langue la plus entendue durant les deux jours du festival.»

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