Des enfants de plus en plus anxieux?

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Pandémie, pression de performance, réseaux sociaux… Les sources d’anxiété chez les jeunes se multiplient depuis une dizaine d’années. Photo: iStock.com/Wavebreakmedia
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Publié 22/04/2024 par Kathleen Couillard

Pandémie, pression de performance scolaire, réseaux sociaux… Les sources d’anxiété chez les jeunes se multiplient depuis une dizaine d’années. Doit-on s’en inquiéter?

Dans un dossier consacré à l’anxiété, le magazine The New Scientist se penche sur l’augmentation de celle-ci chez les enfants et les adolescents. Plusieurs études, menées un peu partout à travers le monde, démontrent en effet que les enfants se sentent de plus en plus anxieux.

Un jeune sur cinq?

Déjà entre 2007 et 2012, la proportion d’enfants de 6 à 17 ayant reçu un diagnostic de trouble anxieux était passée de 5,5 % à 6,4%, selon une étude réalisée aux États-Unis. En 2015, la prévalence de l’anxiété atteignait 11,6%, révélait une étude menée auprès de jeunes finnois de 14 à 18 ans.

De plus, même si les problèmes émotionnels ont augmenté chez les enfants de toutes les classes sociales entre 2013 et 2019 au Pays de Galles, la hausse était plus importante chez ceux issus de familles à faible revenu, concluait une étude publiée en 2023.

Par ailleurs, la pandémie a accéléré la tendance. L’analyse de 29 études réalisées en 2020-2021 auprès de 81 000 jeunes de moins de 18 ans a montré que ce seraient maintenant 21% d’entre eux qui présenteraient des symptômes d’anxiété.

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Défis mondiaux

Plusieurs raisons peuvent expliquer cette hausse, peut-on lire dans le New Scientist.

Par exemple, la médiatisation des changements climatiques est anxiogène pour un grand nombre de jeunes.

Les tensions sociales observées dans le monde, de la guerre en Ukraine jusqu’aux tueries dans les écoles en passant par la polarisation politique, sont aussi des sources d’anxiété, remarquait l’auteur d’un texte publié sur le site de l’Association psychologique américaine (APA) en 2022.

Réseaux sociaux

Cependant, plusieurs experts pointent les réseaux sociaux pour leurs effets délétères sur la santé mentale des jeunes. Une étude réalisée en 2021 chez des adolescents américains de 12 à 19 ans avait noté un lien entre une utilisation importante de ces plateformes et des taux élevés d’anxiété.

Les auteurs soulignaient toutefois que leurs résultats ne permettent pas de savoir si ce sont les réseaux sociaux qui génèrent de l’anxiété ou l’inverse — autrement dit, plus une personne serait anxieuse, et plus elle passerait du temps sur les réseaux sociaux.

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L’effet de ces nouveaux outils de communication sur l’anxiété pourrait d’ailleurs être plus complexe qu’on le pense.

L’étude publiée en 2023 au Pays de Galles auprès d’enfants de 11 à 16 ans a montré que la personne avec qui l’enfant échange sur les réseaux sociaux a une importance. En effet, communiquer avec un ami du monde réel grâce à ces outils serait associé à un plus grand bien-être, tandis que les échanges avec un ami exclusivement virtuel nuiraient au bien-être émotionnel.

Des traitements existent

Quelles qu’en soient les raisons, il reste que beaucoup d’enfants souffrant d’anxiété ne reçoivent pas l’aide nécessaire. Le traitement de l’anxiété peut pourtant faire une grosse différence dans leur vie, souligne l’auteur du texte publié sur le site de l’APA.

Une étude menée en 2008 montrait en effet que 60% des enfants qui avaient suivi une thérapie cognitivo-comportementale rapportaient une amélioration de leurs symptômes. Ce type de traitement est d’ailleurs celui dont l’efficacité est la mieux documentée pour traiter l’anxiété.

Alarmisme

Dans une entrevue avec le New Scientist en septembre 2023, la psychologue britannique Lucy Foulkes s’inquiétait toutefois du fait que certains milieux scolaires «psychologisent» beaucoup trop le vécu des enfants.

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Selon elle, en encourageant les jeunes à interpréter le moindre sentiment négatif, comme le symptôme d’un problème, cela pourrait augmenter leur anxiété.

Cela est d’autant plus préoccupant que, remarquait-elle, les professeurs ne sont souvent pas outillés pour détecter ou gérer des enjeux de santé mentale chez leurs élèves.

Auteurs

  • Kathleen Couillard

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

  • Agence Science-Presse

    Média à but non lucratif basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada.

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