Coup de projecteur sur la communauté mauricienne de Toronto

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En juillet, la Canadian Mauritian Business Professional Association organisait un Apéro-Découverte à l'Université de l'Ontario français. Photo: UOF
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Publié 20/08/2024 par Soufiane Chakkouche

Employés de banques, marketeurs, ingénieurs, pharmaciens, chefs cuisiniers, mécaniciens, étudiants… la communauté mauricienne est de plus en plus grandissante à Toronto et présente dans différents secteurs d’activités. Et pourtant, elle semble discrète et/ou sous-représentée. Il n’en est rien!

Ils seraient entre 30 000 et 35 000 Mauriciens à vivre au Canada, dont 10 000 à 12 000 rien qu’à Toronto.

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Tommy Chung.

Si les chiffres officiels et associatifs diffèrent quelque peu, la tendance à la hausse, elle, fait l’unanimité, faisant du Canada le quatrième pays au monde à abriter la plus grande diaspora mauricienne, après la Grande-Bretagne, la France et l’Australie.

«Il y a une assez grande communauté mauricienne à Toronto, bien que je ne sache dire exactement combien de personnes y vivent. J’ai l’occasion de rencontrer de nombreux amis mauriciens chaque semaine», souligne Tommy Chung, pharmacien à la retraite et membre actif de la MCAO (Mauritian Chinese Association of Ontario).

Maurice, Mauriciens
L’Île Maurice est située dans l’océan Indien, non loin de la Réunion et de Madagascar. Carte: Google

Un peu d’histoire

Dans les grandes lignes, on observe trois vagues d’immigration de la communauté mauricienne à Toronto. La première se situe autour de l’indépendance de l’île Maurice dans les années 60. La seconde emboîte le pas à la crise économique qu’a connu l’Île dans les années 80. Quant à la troisième, c’est celle des années 2000 à aujourd’hui.

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«Il y a eu une évolution de l’immigrant mauricien au Canada depuis les années 80. Aujourd’hui, on a une communauté mixte, avec beaucoup de professionnels, de travailleurs et d’étudiants. Il y a aussi un nombre croissant d’entrepreneurs mauriciens qui viennent tenter leur chance à Toronto», observe Yuri Curumthaully, président fondateur de l’Association canado-mauricienne des professionnels et des entreprises (CMBPA), et résident à Toronto depuis 15 ans.

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Yuri Curumthaully. Photo: courtoisie

Pas de quartier général

Toutefois, la communauté mauricienne semble assez discrète dans la ville reine. Cela s’explique, entre autres, par le fait qu’elle ne dispose pas d’un quartier dédié (qu’on aurait pu appeler Little Maurice), comme cela est généralement le cas dans les grandes villes en Amérique du Nord.

«C’est vrai qu’on a l’impression que la communauté est discrète à Toronto. C’est en partie parce qu’on est éparpillé géographiquement dans la ville. Certes, on fête l’indépendance et nous participons à des événements culturels, mais on n’a pas, par exemple, comme les autres communautés, un quartier ou un bâtiment spécifique. C’est pour ça que l’un des projets majeurs de notre association et d’arriver à en avoir un», révèle Yuri Curumthaully.

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Le logo de la CMBPA.

Intégration et non discrétion

Cependant, au-delà du caractère d’occupation du sol, beaucoup de témoignages s’accordent pour dire que ce qui peut être considéré comme de la discrétion n’est autre qu’une intégration fluide à la société torontoise.

Mauriciens, Zaahirah Atchia
La plus connue des Mauriciennes dans la francophonie torontoise est sans doute Zaahirah Atchia, directrice générale de Radio-Canada Ontario. Photo: UOF

«Je ne dirais pas que les Mauriciens sont discrets. Ils se sont bien intégrés et assimilés à la population générale ici. Ils sont en général très sociables et lorsqu’ils se retrouvent en communauté, ils ont souvent beaucoup de choses à dire ou à partager les uns avec les autres», corrige Tommy Chung.

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Et d’ajouter: «En général, la communauté mauricienne s’est très bien intégrée à Toronto. Comme la plupart d’entre nous sont parfaitement bilingues en anglais et en français, il n’y a pas vraiment de barrière linguistique avec les habitants. La plupart d’entre nous sont travailleurs et essayent de tirer le meilleur parti des opportunités qui nous sont offertes ici.»

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Un pique-nique de la MCAO, les Mauriciens d’ascendance chinoise, dans un parc de Toronto. Photo: MCAO

Un atout nommé bilinguisme

C’est justement ce bilinguisme qui constitue la clé pour cette intégration réussie, surtout s’agissant du marché du travail. En effet, en immigrant à Toronto, les Mauriciens apportent avec eux un bagage linguistique des plus riches, composé bien souvent de trois langues: le français, l’anglais et le créole.

Ce que confirme Yuri Curumthaully. «Le système éducatif à l’île Maurice est majoritairement en anglais, mais la langue française, avec le créole, est parlée couramment, que ça soit à la maison ou à la maison. Toronto représente une opportunité pour nous dans la mesure où on parle et on écrit l’anglais. On est ce qu’on appelle des bilingues qualifiés.»

Et ce n’est pas Élodie Casse, une jeune immigrante mauricienne débarquée il y a moins d’un an à Toronto qui dira le contraire. «Je suis arrivée en tant que résidente permanente, avec un visa d’Entrée express. Ce programme favorise l’arrivée de francophones bilingues qualifiés sur le territoire. J’ai postulé dans plusieurs villes, notamment Vancouver, Ottawa et Toronto, avant de décrocher un emploi permanent et à temps plein à Mississauga, en décembre dernier.»

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Élodie Casse.

Nouveaux arrivants, mêmes obstacles

Ceci écrit, bien que dotés de cet avantage linguistique de taille, une fois le sol canadien foulé, les nouveaux arrivants mauriciens, comme Élodie, font face aux mêmes problèmes que ceux rencontrés par les membres des autres communautés fraîchement arrivés. À leur tête, la fameuse expérience canadienne.

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«Se faire sélectionner parmi des centaines de CV, c’est un peu comme jouer à la loterie. Et, bien qu’on remplisse les prérequis, sans expérience locale et réseau professionnel, les chances de décrocher ne serait-ce qu’un entretien s’amenuisent drastiquement», s’indigne Élodie Casse.

Encore une fois, l’exigence de l’expérience canadienne tant décriée par les nouveaux arrivants de toutes les communautés constitue un frein en flagrante contradiction avec les stratégies et les objectifs fédéraux et provinciaux en matière d’immigration.

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