Climat ou économie: pas de consensus

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Publié 03/03/2009 par François Bergeron

Depuis quelques années (disons depuis qu’Al Gore s’est recyclé en gourou de l’environnement après sa défaite aux présidentielles américaines de 2000), les promoteurs les plus véhéments de la réduction des gaz à effet de serre prétendent qu’un très large consensus existe au sein de la communauté scientifique sur les causes (l’industrialisation) et les conséquences (catastrophiques) du réchauffement de la planète.

De ce consensus dépend la crédibilité, dans le grand public et donc auprès des dirigeants politiques, des mesures, souvent radicales et coûteuses, qui permettraient de réduire nos émissions de gaz à effet de serre au point d’influer sur le climat. À entendre les activistes du réchauffement climatique, le consensus sur l’urgence de la situation et sur les solutions proposées est proche de 100 %, au point où les rares sceptiques ou dissidents doivent nécessairement être soupçonnés d’être à la solde de l’industrie du pétrole ou psychologiquement déséquilibrés.

C’est de la projection. Ce sont les hystériques du climat qui sont les plus motivés par la préservation de leurs subventions et de leur statut de vedettes.

Il suffit de lire le journal régulièrement ou de faire une bonne recherche sur Internet pour constater qu’il n’y a jamais eu (il y a même de moins en moins) de consensus, dans les milieux scientifiques ou dans les autres milieux (journalistiques, artistiques, politiques), sur le réchauffement de la planète.

Le phénomène est-il durable, cyclique ou passager? Attribuable dans quelle proportion à l’activité humaine et à l’activité du Soleil? Quelle est son ampleur réelle, ses conséquences les plus plausibles pour l’humanité, la faune, la flore? Peut-on s’adapter aux changements ou doit-on y résister à tout prix? Les avis sont partagés.

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Ces derniers temps, sans doute à la suggestion de relationnistes sympatiques à la cause, le «réchauffement» climatique a été rebaptisé «changements» climatiques. Sauf que ce n’est pas la même chose: des «changements», il y en a toujours eu, et des pires. Qui plus est, dans l’histoire de la planète, comme dans l’histoire beaucoup plus récente de son peuplement par l’homo sapiens, les périodes de réchauffement ont toujours été plus fertiles que les périodes de refroidissement. Les canicules font toujours moins de victimes que les vagues de froid. On a même établi une corrélation entre les refroidissements et les guerres, motivées ou exacerbées par les pénuries.

Tous les politiciens peuvent donc se dire préoccupés par les «changements»: ça ne les engage à rien!

Les prophètes du climat ont également réussi à détourner l’attention du grand public de la lutte contre la vraie pollution (de l’air, des sols et des eaux par les déversements industriels ou urbains) et contre d’autres problèmes de santé ou de pauvreté dans le monde. Heureusement, la réduction de la vraie pollution, notamment celle du pétrole et du charbon, sert aussi à réduire l’effet de serre. On peut donc prétendre faire l’un en faisant l’autre. Malheureusement, la malnutrition ou le sida n’ont pas d’incidences sur le climat; il faudrait peut-être en inventer pour que ces problèmes gagnent en popularité.

Une question revient régulièrement dans ces débats: de quoi se mêlent les journalistes, les artistes, les entrepreneurs et les politiciens qui n’ont pas de formation scientifique? Même chez les scientifiques, en quoi les statisticiens ou les généticiens seraient-ils autorisés à commenter le travail des climatologues? C’est évidemment quand un commentateur exprime une opinion contraire à la nôtre qu’on critique ses qualifications. On est trop heureux quant une personnalité endosse notre opinion: ce bien-pensant devient alors «éclairé» ou «engagé»!

Personnellement, je suis toujours heureux que des non-experts, célèbres ou non, du chanteur au mécène vedette en passant par l’athlète, l’enseignant de province ou le modeste chauffeur de taxi, s’intéressent à l’environnement, à l’économie ou à la politique, que je sois d’accord ou non avec leurs opinions. Nombre de gens «ordinaires» sont bien informés et peuvent discuter intelligemment des grands enjeux. Certaines vedettes font aussi un effort pour rester au fait des progrès dans les disciplines scientifiques auxquelles elles associent leur nom et leur image.

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Ce long détour sur le climat visait l’économie où, là aussi, on veut nous faire croire à l’existence d’un vaste consensus international sur les causes (le capitalisme privé) et les remèdes (les déficits publics) de la présente récession.

En surface, il semble bel et bien y avoir consensus des gouvernements et des banquiers sur la crise. Le G20 (les gouvernements des 20 économies les plus importantes de la planète) a même adopté un déficit-cible (2% du PIB) censé relancer la croissance. Le G20 est devenu le GIEC des keynésiens. Ce 2% du PIB, c’est leur Protocole de Kyoto!

Dans le débat sur le récent budget déposé par les Conservateurs encore nominalement au pouvoir à Ottawa, Libéraux, Néo-Démocrates et Bloquistes ont promptement dénoncé le niveau d’endettement proposé (environ 85 milliards $ au cours des trois prochaines années, auxquels il faudra ajouter les déficits des provinces)… 
parce que ce niveau reste inférieur à celui qui est proposé par le G20.

Pas besoin d’une recherche très poussée pour découvrir que cette analyse est loin de faire l’unanimité chez les économistes et les autres observateurs intéressés. Au contraire, de nombreuses voix s’élèvent pour contester l’idée qu’une récession causée par un endettement périlleux, associé à de mauvais investissements, chez tous les acteurs de l’économie, 
serait mitigée par un endettement 
encore plus lourd servant à récompenser et à perpétuer ces mauvais 
investissements.

Le président Obama vient de proposer un budget hallucinant de près de 4 trillions $, dont la moitié devra être empruntée. (Qui va continuer de prêter aux États-Unis dont la dette va bientôt dépasser 100% du PIB?) Les marchés ont plutôt mal réagi, et pour cause: les déficits d’aujourd’hui sont les taxes de demain. Le même gouvernement qui a encouragé la surproduction et la surconsommation, continue de donner le mauvais exemple.

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* * *

D’autres articles de François Bergeron mentionnant les changements climatiques:

1 juillet 2016 – La plus grande fraude depuis le commerce des indulgences

21 mai 2016 – Climat économique et économie climatique

12 avril 2016 – Science frauduleuse: faut-il poursuivre Exxon… ou Al Gore?

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1 mai 2015 – Changements climatiques: Wynne et Couillard font fausse route

21 avril 2015 – Notre gouvernement placébo

10 février 2015 – Climat: agendas politiques et religieux

30 septembre 2014 – Climat: de la marde

8 septembre 2014 – Naomi Klein réchauffe la planète

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3 octobre 2013 – Sommes-nous de trop sur cette planète?

23 février 2011 – Tout sauf un institut bidon

11 janvier 2011 – Un ministre de l’Environnement climatosceptique?

25 février 2010 – Bravo Maxime Bernier

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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