Campements sauvages dans les parcs: le gouvernement veut frapper fort

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Des tentes dans le parc St. James à côté de la cathédrale anglicane. Photos: archives l-express.ca
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Publié 14/05/2025 par Soufiane Chakkouche

Après avoir fermé manu militari plusieurs sites d’injection supervisée de drogues, le gouvernement de Doug Ford met les bouchées doubles afin de vider les parcs des campements sauvages et des problèmes de drogues et de sécurité qui vont avec, et ce en octroyant plus d’outils et de pouvoirs aux municipalités et à la police via une loi.

«Nous avons entendu haut et fort la population de l’Ontario. Nos citoyens veulent que leurs parcs et espaces publics soient protégés pour que tout le monde puisse en profiter», a déclaré Rob Flack, ministre des Affaires municipales et du Logement, lors de la présentation de ce projet de loi le 30 avril dernier.

«Les dirigeants municipaux ont demandé plus d’outils et de soutien pour mettre fin aux campements et à la consommation en public de drogues illégales, et nous ferons tout ce qui est nécessaire pour les aider à le faire.»

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Le nombre de sans-abri continue d’augmenter en Ontario. Source: AMO

Plus grande marge de manœuvre aux municipalités

Concrètement, cette loi dite des «municipalités plus sûres» prévoit d’attribuer à ces dernières de nouveaux leviers, notamment coercitifs, pour intervenir et procéder au démantèlement des campements, comme nous l’explique Alexandra Sanita, directrice principale des communications et attachée de presse du ministre des Affaires municipales et du Logement.

«La loi donnera aux municipalités les outils nécessaires pour démanteler les campements, sévir contre l’usage illégal de drogues dans les espaces publics et renforcer les sanctions à l’encontre des récidivistes, et ce tout en plaçant la sécurité publique au premier plan.»

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Et de poursuivre: «Les municipalités de l’Ontario, ainsi que l’Association des municipalités de l’Ontario (AMO) ont fortement soutenu et réclamé les mesures audacieuses que notre gouvernement prend pour faire face à la montée des campements.»

Parallèlement, la communicante tient à signaler que le «gouvernement investit également 75,5 millions $ pour offrir aux personnes vivant dans des campements un accès à des logements sûrs et sécurisés, accompagnés des services de soutien nécessaires, dont la création de 1 239 unités de logement supplémentaires, 815 unités de logement avec services de soutien, et 971 places supplémentaires en refuge».

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Un itinérant a installé un campement de fortune – démantelé par la police le lendemain – autour d’un banc public dans un parc du quartier Leslieville l’été dernier.

Transfert des responsabilités financières

Par ailleurs, cette initiative s’inscrit dans la droite ligne de la vision gouvernementale, qui consiste à transférer également la responsabilité financière aux municipalités pour faire face à ce phénomène.

En effet, selon une étude publiée par l’AMO en janvier dernier, le financement total estimé des programmes de logement et d’itinérance en Ontario a plus que doublé, passant de 1,9 milliard à 4,1 milliards $ entre 2016 et 2024.

Mais on assiste à un glissement des responsabilités financières entre les différents paliers de gouvernement, laissant aux municipalités une part grandissante du fardeau économique.

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Ce sont surtout les municipalités qui financent les programmes de logement. Source: AMO

L’itinérance atteint un point critique

La même étude estime qu’en 2024, le nombre des sans-abri dans la province était de 81 515 individus, soit une augmentation de 51% en huit ans seulement. Ce qui fait dire aux auteurs de l’étude que «l’Ontario est à un point critique de sa crise de l’itinérance».

Pour ce qui est de Toronto, «entre novembre 2022 et janvier 2023, 10 702 personnes étaient en situation d’itinérance, alors que les refuges fonctionnaient à pleine capacité critique», fait savoir Aliou Sène, consultant principal aux services en français auprès du CAMH (le Centre de toxicomanie et de santé mentale, à Toronto).

CAMH
Aliou Sène.

D’ailleurs, le même CAMH a appelé, dans l’une de ses fiches d’information, à l’action «devant l’ampleur des besoins en santé mentale et en dépendances ainsi que de leur relation avec la situation des sans-abri», souligne Aliou Sène.

Plus frais encore, selon les données de l’outil Shelter System Flow Data chapeauté par la Ville de Toronto, lequel comptabilise les personnes ayant utilisé les services d’hébergement au moins une fois durant une période précise, le nombre de personnes en situation d’itinérance au cours des trois premiers mois de 2025 est de 11 421.

Pour rappel, à l’instar des autres municipalités, la Ville est tenue de procéder à une évaluation régulière du phénomène de l’itinérance comme condition sine qua non pour obtenir le financement fédéral.

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Enfin, comme le soulève l’étude de l’AMO, «sans intervention significative, l’itinérance pourrait plus que tripler d’ici 2035» dans la province et, par ricochet, dans la ville reine.

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