Bravo Maxime Bernier

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Publié 25/02/2010 par François Bergeron

Le quotidien montréalais La Presse publiait le 24 février un texte d’opinion du député fédéral de Beauce, Maxime Bernier, sur le réchauffement climatique et la position du gouvernement canadien, intitulé «GES: le Canada a raison d’être prudent».

M. Bernier soutient essentiellement «qu’il serait irresponsable de dépenser des milliards de dollars et d’imposer une réglementation exagérément sévère pour régler un problème dont on est toujours loin de cerner la gravité. L’alarmisme qui a souvent caractérisé cette question n’est plus de mise.» On peut lire le texte complet sur son blogue www.maximebernier.com, suivi d’un échange de questions-réponses avec le chroniqueur François Cardinal de La Presse.

En soi, qu’un membre du parti au pouvoir félicite son gouvernement ne devrait pas susciter la controverse. Ici, cependant, l’intervention de M. Bernier fait des vagues.

D’abord, qu’un Conservateur exprime publiquement une opinion sans en avoir préalablement averti le bureau du premier ministre est une nouveauté. Tout le monde sait que Stephen Harper est la réincarnation de Staline. Un attaché de presse de Jim Prentice a d’ailleurs tenu à préciser que la pensée de M. Bernier ne représentait pas nécessairement celle du ministre de l’Environnement. Ô surprise: les membres du Parlement ne seraient pas tous des robots.

Ensuite, que cet éloge du gouvernement prenne la forme d’une attaque frontale contre l’hystérie réchauffiste est rafraîchissant. Le gouvernement conservateur préfère généralement se faire oublier des électeurs «verts». Il les considère peut-être comme des fous qu’il ne faut pas contrarier, car ce sont des fous qui peuvent avoir de l’influence, entre autres dans les médias. Stephen Harper fait campagne sur sa gestion de l’économie et n’aime pas ce genre de distractions.

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Enfin, que cette opinion soit informée et articulée, qu’elle n’ait été «réfutée» que par des insultes et non par des contre-arguments scientifiques, a dû en étonner plusieurs qui croyaient les Conservateurs analphabètes, et Maxime Bernier, en particulier, davantage intéressé aux décolletés plongeants qu’aux grands enjeux économiques et sociaux de notre temps.

À quand un «éloge» du budget?

La carrière politique de l’ex-ministre fédéral Maxime Bernier a déraillé en mai 2008 à cause de son aventure avec la belle Julie Couillard, chez qui il avait oublié un dossier sur l’OTAN. Mais aux élections générales quelques mois plus tard, il a été réélu dans son comté avec l’une des plus fortes majorités au pays. Avocat qui a surtout travaillé dans le milieu des affaires, Maxime Bernier a été président de l’Institut économique de Montréal, un centre de recherche et d’éducation intéressé principalement aux conséquences économiques des politiques publiques.

On aimerait d’ailleurs aussi lire l’opinion de Maxime Bernier sur les déficits de son collègue Jim Flaherty et sur leur utilité réelle face à la récession…

Le débat sur la contribution de l’industrialisation aux dérèglements climatiques est caractérisé par une fréquente inversion des causes et des effets.

Les obsédés de la météo prétendent que, depuis 200 ans, l’industrialisation, l’urbanisation et l’utilisation du charbon, du pétrole et du gaz dans la production d’électricité et les transports ont poussé le taux de CO2 dans l’atmosphère au-delà d’un seuil «naturel» d’environ 350 ppm (parties par million) au point de «réchauffer» la planète et de dérégler le climat.

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À preuve: les glaciers des Alpes qui remontent, les banquises arctique et antarctique qui rétrécissent, le niveau des océans qui monte et engloutira des petits pays comme les Maldives, les ours polaires qui vont se noyer, la grippe aviaire et de futures pandémies, les ouragans dévastateurs, les sécheresses en Afrique, les incendies en Australie, voire le tsunami en Indonésie et le tremblement de terre en Haïti.

Ce réchauffement et ces dérèglements, regroupés sous le vocable imbécile de «changements climatiques», risqueraient d’empirer à l’exponentiel si rien n’est fait, c’est-à-dire si on ne fait pas tous voeux de pauvreté (pas d’électricité ni de moteurs, comme chez les mennonites), de chasteté (car nous sommes trop nombreux) et d’obéissance (à David Suzuki et Al Gore).

Le CO2 utile

En réalité, le CO2 est un apport essentiel à la vie sur Terre, notamment aux plantes. On en a probablement jamais trop. Dans un lointain passé (à l’époque des dinosaures), les concentrations de CO2 dans l’atmosphère ont atteint les 5000 ppm. Dans un passé plus récent (les années 1000), où nous étions pourtant moins nombreux et moins polluants, il a fait plus chaud qu’aujourd’hui. Puis il a fait plus froid (une mini-ère glaciaire dans les années 1700). Puis ça s’est réchauffé à nouveau.

Effectivement, on pouvait skier plus bas au 19e siècle qu’au 21e dans les Alpes. Cette année, chez nous, il a moins neigé au nord des Grands Lacs qu’au sud. C’est une anomalie, mais ce n’est ni la première ni la dernière, et surtout ça ne prouve rien.

Les glaces de l’Arctique fondent chaque été et se reforment chaque hiver, jamais exactement de la même façon au même endroit. Celles de l’Antarctique diminuent dans une petite partie du continent mais augmentent ailleurs. Oui, mais le photographe Jean Lemire n’a-t-il pas poussé son bateau, en 2006, à un endroit de la péninsule antarctique où normalement il n’aurait pas pu à cause de la glace? OK, mais un de mes amis navigateur, lui, a tenté sans succès cet été d’atteindre un port du Groenland habituellement libre de glaces. Ce sont des événements isolés.

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Le niveau des océans monte (très, très lentement, de quelques centimètres par siècle) depuis des milliers d’années et ne menacera jamais qui que ce soit de disparition soudaine, certainement pas les ours polaires. Ces derniers ne sont pas moins nombreux, et le réchauffement, si réchauffement il y a, ne leur nuira pas, comme d’ailleurs à toute la biodiversité. C’est le froid qui est l’ennemi de la vie, pas la chaleur: c’est pour ça que la faune et la flore sont plus prospères à l’équateur qu’aux pôles.

Quant aux épidémies, ouragans, tsunamis et tremblements de terre, ils ne sont pas plus nombreux ni plus violents que dans le passé (ils sont plus meurtriers uniquement parce que les zones affectées sont plus populeuses), et ils sont toujours aussi imprévisibles. Surtout, ils n’ont peu ou rien à voir avec la température, dont l’augmentation reste minime selon toutes les études, même celles qui sont retenues dans les rapports frauduleux de l’ONU: moins de deux degrés au cours des 200 dernières années et zéro au cours de la dernière décennie.

Pas le droit de penser autrement

Alerté par La Presse, le directeur du Centre pour l’étude et la simulation du climat de l’UQAM, René Laprise – l’un de ces chercheurs qui auraient beaucoup à perdre du désintéressement des pouvoirs publics envers le climat – s’est indigné de la lettre de Maxime Bernier. «Lorsqu’on discute sport, politique, mesures sociales, goûts artistiques, chacun a droit à ses opinions», affirme-t-il. Mais pas «quand on prétend discuter science».

Qu’est-ce que ça veut dire? Que les scientifiques qui n’ont pas la même opinion que lui n’auraient pas droit de parole? Que les commentateurs qui citent les experts réchauffistes ne font que leur devoir, mais que ceux qui citent les experts sceptiques sont à la solde des pétrolières? C’est le propre de la science que de vouloir cerner la vérité ou la réalité face à des thèses contradictoires, mais pour cela toutes les thèses doivent pouvoir être présentées.

Le journaliste de La Presse est en retard dans les nouvelles, affirmant que Maxime Bernier «prend le contre-pied du consensus scientifique» sur les changements climatiques. Désolé, il n’y a jamais eu de consensus là-dessus, seulement des grandes gueules qui ont réussi à décrocher un prix Nobel de la Paix (de plus en plus dévalorisé, comme on l’a vu encore l’an dernier avec le choix de Barack Obama). Cependant, il me semble qu’un consensus commence à se dessiner… en faveur de la «prudence» de Maxime Bernier!

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0.04% de l’atmosphère

«Au rythme où nous relâchons des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, les tendances climatiques résultantes vont un jour dominer la variabilité naturelle», explique encore René Laprise à La Presse.

Or, le fameux CO2 ne constitue qu’environ 0.04% de l’atmosphère. La contribution de l’industrialisation à ce 0.04% serait minime: moins de 10%, selon certains. D’autres la considèrent plus importante: près de 50%. Chose certaine, la plus grande partie du CO2 provient depuis toujours de la dégradation de la biomasse. La vapeur d’eau (1% de l’atmosphère), issue de l’évaporation des océans sous l’action du soleil, constitue plus de 99% des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Ce n’est pas demain la veille que notre contribution va dépasser celle de la nature.

C’est le soleil qui réchauffe la Terre, pas nos 4×4. De plus, les vrais scientifiques (ceux que l’Université d’East Anglia veut mettre à l’Index) soulignent que ce ne sont sans doute que les premières dizaines de ppm de CO2 qui retiennent la chaleur de la planète, les 300 ou 400 autres n’amplifient que marginalement l’effet de serre. C’est comme des rideaux devant une fenêtre: c’est surtout le premier qui bloque la lumière.

Là où l’on prend carrément la cause pour l’effet, c’est quand on présume que l’augmentation de CO2 provoque le réchauffement. La géologie indique le contraire: c’est le réchauffement (toujours à cause du soleil) qui provoque un plus grand dégagement de CO2 (provenant notamment d’une biomasse plus abondante). Sur les graphiques, les courbes d’élévation des températures ont toujours précédé les courbes d’élévation de CO2.

Tout cela ne veut pas dire qu’on ne doit pas essayer de se défaire de notre dépendance au charbon et au pétrole. Il faut toujours mieux protéger notre environnement, la nature, la biodiversité, éviter de déverser des produits toxiques dans l’air et dans l’eau, limiter l’étalement urbain, conserver, recycler, etc. Mais il faut s’attaquer à la vraie pollution, celle qui diminue notre qualité de vie. Prétendre influer sur le climat de la planète relève de la science-fiction. Un peu de modestie svp.

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Par ailleurs, il ne faut pas se gêner non plus pour promouvoir la paix et la démocratie dans le monde, puisque la guerre est l’activité la plus néfaste pour l’environnement (et pour l’activité économique et pour la vie humaine), et que les dictatures sont beaucoup plus polluantes que les gouvernements élus. Ces derniers ont bien des défauts, mais ils sont plus souvent forcés de tenir compte des préoccupations des citoyens, d’où le développement de puissants mouvements environnementalistes chez nous mais pas en Chine.

PS: Jacques Brassard

En lisant plusieurs articles suite à l’intervention de Maxime Bernier, je suis tombé sur le blogue éblouissant de Jacques Brassard, un ancien ministre du Parti québécois dont j’avais perdu la trace, devenu chroniqueur pour Le Quotidien de Chicoutimi, dont il vient de s’affranchir (http://blogjacquesbrassard.blogspot.com).

Le chroniqueur gauchiste Jean-François Lisée, de L’Actualité, a décrit Jacques Brassard comme «le capitaine Haddock de la droite régionale québécoise» en réaction à un blogue sur Steven Guilbeault, un étudiant en théologie devenu chef de Greenpeace, puis d’Équiterre, que Jacques Brassard a appelé «le Professeur Tournesol attitré de Radio-Canada» sur les changements climatiques. Formidable!

* * *

D’autres articles de François Bergeron mentionnant les changements climatiques:

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1 juillet 2016 – La plus grande fraude depuis le commerce des indulgences

21 mai 2016 – Climat économique et économie climatique

12 avril 2016 – Science frauduleuse: faut-il poursuivre Exxon… ou Al Gore?

1 mai 2015 – Changements climatiques: Wynne et Couillard font fausse route

21 avril 2015 – Notre gouvernement placébo

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10 février 2015 – Climat: agendas politiques et religieux

30 septembre 2014 – Climat: de la marde

8 septembre 2014 – Naomi Klein réchauffe la planète

3 octobre 2013 – Sommes-nous de trop sur cette planète?

23 février 2011 – Tout sauf un institut bidon

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11 janvier 2011 – Un ministre de l’Environnement climatosceptique?

25 février 2010 – Bravo Maxime Bernier

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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