Amikley Fontaine appelle à un consensus pour la paix à Haïti

Fondation Sylvenie Lindor engagée contre les discriminations raciales
Amikley Fontaine, fondateur et président de la fondation Sylvenie Lindor.
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Publié 11/02/2022 par Enora Paniez

Dans la foulée d’un jour de mémoire et d’importance politique en Haïti – le 7 février, marquant la fin du régime Duvalier en 1986 – la situation reste tendue dans le pays.

Amikley Fontaine témoigne ici de la difficulté pour la communauté internationale à trouver une solution à la crise que traverse Haïti.

Il est président de la Fondation Sylvenie Lindor, un organisme torontois bilingue d’intégration des jeunes Noirs. Mais c’est à titre personnel, «en tant que membre de la diaspora haïtienne à Toronto», qu’il commente la situation en Haïti. 

Amikley Fontaine, président de la Foudation Sylvenie Lindor.

Rappelez-nous l’histoire du 7 février 1986…

La date du 7 février 1986 marque la fin de 30 années de répression et de violence politique entre les mains des Duvalier père et fils à Haïti. La période duvaliériste se résume en quatre mots: Exil, Prison, Cimetière, Silence.

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La carte et le drapeau d’Haïti. Photo: Gordon Johnson (Pixabay).

C’est aussi le moment d’un bilan notoire, celui de tous les problèmes économiques, politiques et sociaux encore présents aujourd’hui à Haïti.

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Cette date n’est pas banale, elle fait suite à des tueries dans le pays durant le siècle dernier. Je parle des massacres politiques arrivés en 1964 et 1985, marqués par la répression.

Le 7 février a Haïti équivaut au 1er juillet pour les Canadiens. C’est une date majeure de l’histoire du pays. Nos acquis d’aujourd’hui ont pris naissance après février 1986: la liberté de presse, le droit de circulation, le droit de regroupement, le droit de voyager dans tout pays étranger…

C’est un moment où les Haïtiens ont cru en un projet de société et de développement économique.

Malheureusement, ce projet a été entravé par la corruption et les pro-Duvalier. J’observe un spectacle affreux quand je vois les Haïtiens piétiner le 7 février, car c’est un évènement créé de la farouche volonté du peuple de renaître.

Quel bilan tirer face à la situation politique actuelle à Haïti?

Haïti
Le président assassiné Jovenel Moïse. Photo: Wikipedia

Depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse le 7 juillet 2021, le pays continue de plonger dans la dérive.

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Aujourd’hui, la situation politique d’Haïti se résume à l’incertitude et au chaos, sans gouvernance ni parlement..

L’ancien premier ministre Claude Joseph a déclaré l’état de siège et s’est octroyé la place de nouveau président intérimaire.

Aujourd’hui, il y a aussi beaucoup de rumeurs sur Ariel Henry, qui a été nommé premier ministre deux jours avant l’assassinat du président Jovenel Moise.

Alors qu’il a avoué avoir été en contact avec le présumé assassin, il refuse de se présenter à la cour pour témoigner dans l’enquête sur la mort du président. On peut qualifier son action de coup d’État.

Nous avons aujourd’hui un nouveau président, désigné le 30 janvier dernier. Il n’a pas été élu par le biais d’élections démocratiques comme la population l’aurait souhaité.

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Comment faudrait-il sortir de cette crise politique?

Le 7 février est aussi un jour marquant, car il devait marquer le début de mandat du nouveau président d’Haïti, après les élections qui devaient se tenir en septembre 2021.

Mais il n’y a pas eu d’élections, et le mandat d’Ariel Henry devrait prendre fin le 7 février 2022.

Un consensus doit être trouvé entre lui et les signataires de quatre accords en conflit les uns avec les autres: l’Accord de Montana, de Louisiane, de Pen et du 11 septembre.

Des manifestants dans la capitale haïtienne.

Je prône un consensus entre les signataires des accords et le premier ministre intérimaire pour trouver une solution durable. Cependant à la veille de ce 7 février 2022, la confusion totale règne à Port-au-Prince vis-à-vis le destin du Pays.

Le 21 janvier, un Sommet international sur Haïti a tenté de trouver une solution. Est-ce un bon début?

De nombreux membres des Nations Unies et d’autres organisations internationales ont participé à ce sommet virtuel sur Haïti. Ils ont tous réitéré leur soutien à Ariel Henry, alors que la Canada a annoncé un investissement de 50,4 millions $ pour soutenir neuf projets en Haïti.

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Mais ce sommet n’a pas apaisé les tensions entre les protagonistes en Haïti. Il n’a pas intégré les représentants de la société civile haïtienne, les signataires des accords ou des représentants de la diaspora haïtienne au Canada.

Comment peut-on décider pour un pays sans l’avis de ses représentants?

Que souhaite aujourd’hui la diaspora haïtienne du Canada?

Bien avant la tenue de ce sommet, j’ai partagé un communiqué dans lequel plusieurs membres de la diaspora haïtienne de Toronto ont exprimé leurs attentes.

Nous voulons mettre en place des structures comme le plan Marshall de 1948. Surtout, nous ne pouvons accepter ce soutien au premier ministre actuel.

Amikley Fontaine et Rony Désir, coordonnateur de la Maison d’Haïti de Toronto, sont très actifs dans la diaspora haïtienne de l’Ontario. Photo: archives l-express.ca

L’objectif est d’aider Haïti à avancer vers l’autodétermination et l’indépendance économique. Haïti est une république démocratique. Les principes démocratiques devraient s’y appliquer. Et ce, malgré le fait que ce soit un pays du Tiers-monde.

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J’invite Haïti à un consensus national pour une trêve de paix, à mettre de côté nos intérêts de groupes pour trouver une solution durable commune.

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