En puisant dans sa correspondance et ses photos, Benoit Jodoin s’adresse à un ami d’adolescence pour réfléchir sur l’amitié entre hommes gais au prisme de la pensée queer. Son essai intitulé Archives de nos amitiés imparfaites est le résultat d’une démarche dans le doute et la fragilité.
Jodoin a grandi au Québec dans les années 1990, lorsque le mot «gai» était bien campé et que le mot «queer» était encore à découvrir. Dès le premier chapitre, le trentenaire explique ce qu’il a appris de lui-même en affirmant: «Est queer ce qui autorise que les choses restent brouillées, incomprises, inachevées, confuses, complexes.»
Les chemins de l’amitié
La pensée queer invite à créer de nouvelles manières d’entrer en amitié, à célébrer l’amitié «dans ses échecs et ses imperfections, dans ses itérations parfois inspirantes, parfois douloureuses, à l’occasion passionnelles ou cruelles, et souvent affaiblies par le temps».
L’auteur s’inspire de biographies et de correspondances où sont relatés des récits d’amitiés masculines avant Stonewall (1969).
Il est d’abord question de la relation entre le Canadien Fred Vaughan et le célèbre poète américain Walt Whitman. Les deux hommes font l’amitié comme on faisait l’amour (to court) au 19e siècle, c’est-à-dire «se fréquenter, tenter de plaire à autrui pour s’y lier».


