L’ACFO Toronto invite à «aspirer à plus»

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L'animatrice Marjorie April et les panélistes Dada Gasirabo, Gilles Marchildon, Nicolas Rouleau et Christine Michaud. Photos: Julie Merceur, l-express.ca
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Publié 27/09/2025 par Julie Merceur

La  francophonie ontarienne reste une cause à défendre sur tous les fronts. C’est ce qu’ont rappelé les intervenants à la conférence de l’ACFO Toronto qui couronnait, ce jeudi 25 septembre à la rotonde de Metro Hall, le Jour des Franco-Ontariens et le 50e anniversaire du drapeau vert et blanc.

Cinq panélistes discutaient du thème «Les services et droits des francophones à Toronto: hier, aujourd’hui et demain». Entre récits de luttes passées et réflexions sur l’avenir, l’activité se voulait «le premier pas d’un effort collectif», selon le président de l’ACFO-Toronto, Jean-Claude N’da.

La journaliste de Radio-Canada Marjorie April guidait la discussion entre: Dada Gasirabo, ex-directrice générale d’Oasis Centre des femmes; Gilles Marchildon, ex-directeur du campus torontois du Collège Boréal; l’avocat Nicolas Rouleau; la vice-présidente du Comité consultatif des affaires francophones de la Ville de Toronto, Christine Michaud.

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Des panélistes et organisateurs de la conférence de l’ACFO Toronto le 25 septembre.

«Speak White»

On ne peut discuter des moyens d’améliorer la situation actuelle sans revenir sur le passé. Les panélistes ont ainsi échangé sur le moment où parler français était synonyme d’exclusion.

Avant les années 1980, selon Marjorie April, parler français empêchait de monter en grade au travail.

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Gilles Marchildon ajoute: «On pouvait se faire cracher dessus parce qu’on parlait français. On nous disait ‘Speak White’.»

Face à ces situations, la communauté franco-ontarienne a donc dû se battre: école de la Résistance en 1979, hôpital Montfort en 1997, manifestations de 2018.

Une lutte constante, mais fatigante. «Ça peut être parfois épuisant, de toujours être obligé de revendiquer des gestes politiques», confie Gilles Marchildon.

Cependant, une lutte qui reste nécessaire. «On peut aspirer à plus», insiste Nicolas Rouleau.

Pour Christine Michaud, il reste des droits à aller chercher. «Avant, on était discriminés, puis il y a eu la lutte, maintenant la prochaine étape est de pouvoir vivre en français dans l’espace public.»

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La conférence de l’ACFO Toronto à la rotonde de Metro Hall.

L’éducation, la première bataille

Tous s’accordent: l’éducation est la clé de la vitalité francophone. Nicolas Rouleau, qui faisait une heure d’autobus pour se rendre à l’école, rappelle: «Le rôle de l’éducation est central, si on peut être éduqué en français tout du long de notre scolarité, ça change beaucoup de choses.»

Les panélistes plaident pour davantage d’écoles et d’universités francophones, plutôt que bilingues, car ces dernières favoriseraient in fine l’anglais.

L’usage du français doit aussi commencer à la maison. Lors des échanges avec le public, une mère a regretté que certains parents immigrés privilégient l’anglais avec leurs enfants.

De plus, l’école francophone apparaît comme un agent socialisateur, permettant de rencontrer d’autres francophones, comme l’indique Christine Michaud.

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Une intervenante du public posant sa question aux panélistes.

Les institutions: droits et limites

Le cadre légal existe (Loi sur les langues officielles du Canada, Loi sur les services en français de l’Ontario), mais son application reste incomplète. «La loi existe, il faut insister, même si ce n’est pas facile», lance Dada Gasirabo, qui raconte avoir réclamé les consignes de sécurité en français à bord d’un avion.

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Mais les institutions ne suffisent pas: l’échec relatif de la Maison de la francophonie l’a montré. «Être minoritaire apporte toujours des défis. Il faut être solidaires et rendre notre communauté plus visible», insiste Gilles Marchildon.

L’avenir de la francophonie ontarienne passe aussi par l’immigration. Encore faut-il mieux accueillir les nouveaux arrivants. L’histoire de Marte, une Togolaise persuadée qu’on ne pouvait vivre en français qu’au Québec, illustre l’importance de la sensibilisation.

La francophonie est aussi un atout économique: besoins criants en enseignants, juristes, travailleurs sociaux francophones. Être bilingue représente un avantage compétitif, qu’il s’agisse de partenariats avec la France ou de liens renforcés avec le Québec.

Plus de représentation politique

Enfin, les intervenants ont souligné le manque de dirigeants francophones, en particulier de femmes, dans les instances municipales, provinciales et fédérales. D’où la nécessité de renforcer les groupes de pression et la représentation politique.

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