La mort fait partie de la vie

Sarah Desrosiers, Sa belle mort
Sarah Desrosiers, Sa belle mort, roman, Montréal, Éditions Hamac, 2023, 320 pages, 29,95 $.
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Publié 22/11/2023 par Paul-François Sylvestre

Dans le roman Sa belle mort, Sarah Desrosiers choisit de décrire la relation du quotidien entre une grand-mère mourante et sa petite-fille qui porte le même prénom que la romancière. Cela suscite des questions fondamentales sur le temps, la mémoire et la perte.

La grand-mère est Françoise Lane et la narratrice est sa petite-fille Sarah. À la fin de l’été, l’aïeule évoque devant ses enfants l’idée d’avoir recours à l’aide médicale à mourir. L’action du roman se déroule entre septembre et avril.

Soins en fin de vie

De tous les membres de la famille, Sarah est celle qui rend visite le plus souvent à la mourante qui vit dans un petit appartement d’un Centre local de services communautaires (CLSC). En janvier, la travailleuse sociale estime que la place de madame Lane est maintenant dans un Centre d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD).

Une infirmière évalue la situation et conclut «que laisser madame Lane en résidence malgré le niveau de soins dans elle avait besoin constituait presque une forme de maltraitance».

La mère de Sarah doit décider du niveau de soins à offrir. Cela va de A (toute action nécessaire pour la maintenir en vie) à D (aucune intervention outre les soins de confort). Le niveau D est choisi.

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Nouvelle relation

Saisie par l’urgence, Sarah décide de reprendre avec sa grand-mère une relation qu’elle avait laissée s’étioler au fil des ans. Jour après jour, elle observe un quotidien monotone et fait l’expérience de la beauté et de l’absurdité d’une fin de vie qui s’éternise.

Curieusement, c’est avec l’arrivée de l’hiver, saison morte, que mamie devient moins mourante, qu’elle abandonne l’idée d’une aide médicale à mourir, préférant partir de «sa belle mort».

La mort est un passage; ça fait partie de la vie. N’empêche qu’établir le contact peut devenir laborieux, le maintenir encore plus.

Sarah tire une grande satisfaction à l’idée que sa grand-mère vit en elle. «Je tenais à la préserver, à ne pas la laisser s’effacer au fil du temps.» La petite-fille arrive «préparée, engagée, curieuse de creuser des souvenirs».

Souffrance

Malgré l’étroite relation entre mamie Françoise et Sarah, la douleur de l’aïeule n’appartient pas à la petite-fille. «La pudeur m’intimait de ne pas réagir à sa souffrance. Même un air navré et empathique aurait été de trop.»

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En avril, une infirmière demande à Sarah si tous les enfants de madame Lane sont «en paix avec la situation». L’expression « la situation » est la mort imminente de sa grand-mère.

L’autrice a une façon particulière d’écrire certains dialogues. En voici quelques exemples: «Elle disait Comprenez-moi bien, je ne suis pas contre… François a dit S’ils pensent avoir les ressources, laissons-les aller… J’ai acquiescé, C’est certain qu’il y a une période d’adaptation… La préposée a balayé mon commentaire, C’est mon travail.»

Sarah Desrosiers

Sarah Desrosiers a fait des études de danse classique à l’École supérieure de ballet contemporain, puis de littérature à l’Université de Montréal.

Elle a posé son baluchon pendant quelque temps sur l’île de Vancouver, avant de revenir s’installer au Québec.

Chemin faisant, elle a publié le roman Bon chien (2018) et participé à différents collectifs littéraires.

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Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

  • l-express.ca

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