Virage inclusif à Glendon: badge de diversité et guide de français

Glendon
Le Manoir Glendon, où se trouve entre autres le bureau du principal Marco Fiola. Le campus bilingue de l'Université York, avec ses pavillons modernes et ses résidences, est situé dans un boisé à l'angle des avenues Bayview et Lawrence. Photo: courtoisie
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Publié 10/10/2022 par François Bergeron

Sous la gouverne de son nouveau principal Marco Fiola, le Collège bilingue Glendon, de l’Université York, a adopté en juin un Guide vers le français plus inclusif par rapport au genre.

Et il offre cette année à tous ses membres la possibilité d’obtenir un certificat REDDI («respect, équité, décolonisation, diversité et inclusion») en français. Trois séances de formation, permettant d’obtenir ce certificat, vont porter sur «la discrimination, les espaces positifs et le racisme».

Marco Fiola
Marco Fiola, le principal de Glendon. Photo: courtoisie

Équité, diversité, décolonisation

«À Glendon, nous visons à offrir à tous les membres de la communauté un environnement sécuritaire, équitable et accueillant», indiquait M. Fiola dans son message de la rentrée.

En entrevue avec l-express.ca, il confirme que ni le Guide de français ni le certificat REDDI ne seront obligatoires pour avoir de meilleures notes ou pour obtenir une promotion au sein de l’institution, même si «ça paraît bien dans un CV».

«C’est plutôt comme une badge chez les scouts», image-t-il.

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«Ce sont des guides ou des recommandations, pas des obligations… Et ces initiatives ont été très bien reçues dans la communauté de Glendon, déjà très majoritairement réceptive au respect de toutes les diversités.»

De plus, 5 000 $ du Fonds prioritaire du principal ont été alloués pour couvrir les honoraires des personnes autochtones, noires et racialisées qui seront invitées à donner des conférences à Glendon durant les trois trimestres universitaires de 2022-2023.

L’objectif ici est d’offrir «aux étudiantes et aux étudiants autochtones, et aux autres personnes issues de groupes en quête d’équité, davantage de possibilités de se reconnaître dans leurs cours et leurs enseignantes et leurs enseignants.»

Conférence Glendon femmes au pouvoir
Une conférence dans l’amphithéâtre de Glendon en 2o18. Photo: archives l-express.ca

Pédagogie inclusive

Le Guide est une continuation du dialogue entamé sur la pédagogie inclusive, confirme le principal.

«Les règles du français que nous avons apprises à l’école nous disent que le masculin l’emporte, et les accords binaires masculins/féminins sont au cœur de presque toutes les phrases», indiquent les auteures Miriam Greenblatt, Isabelle Montagnier et Johanne Roberge.

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Mme Greenblatt est conseillère, Équité, diversité et inclusion, Initiatives institutionnelles, pour le Centre des droits de la personne de l’Université York. Mmes Montagnier et Roberge travaillent aux Services de traduction.

«De nos jours, nous savons que ces règles ont été mises en place à une époque où des valeurs désuètes (de primauté de l’homme sur la femme, sans reconnaissance de la pluralité des genres) étaient à l’avant-plan», justifient-elles.

Heureusement, «le français est en constante évolution». Le Guide veut donc aider les profs, étudiants et tous les intéressés à «s’assurer de communiquer avec respect et considération».

Le Guide suggère des astuces pour utiliser des mots non genrés («responsables, spécialistes, gestionnaires, stagiaires, collègues, partenaires») ou pour passer du passif à l’actif («Nous vous prions de passer…», plutôt que «Vous êtes priés et priées de passer…») afin d’éviter les lourdeurs.

Il encourage le recours aux néologismes «el, iel, ielle, ille, els, iels, ielles, illes, cellui, ceuzes».

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Les nouvelles règles de français parlé et écrit ne sont pas simples, reconnaissent les conceptrices du Guide. «L’idée n’est pas de viser la perfection, mais de faire nos premiers pas ensemble, de rester à l’écoute et de nous ouvrir à la nouveauté.»

«Ce Guide n’est qu’une première version», annonce M. Fiola. «Nous continuerons de l’étoffer et de l’améliorer. C’est une boîte à outils. D’autres ressources s’y ajouteront.»

étudiants
Des étudiants de Glendon dans le hall du Centre d’excellence, le plus récent pavillon à l’entrée du campus. Photo: courtoisie

Trois «premières» cohortes à Glendon

Après deux ans de pandémie, la rentrée 2022 est la première en personne sur le campus pour trois cohortes d’étudiants (ceux de 3e, 2e et 1re années).

«Cela crée une dynamique inédite pour l’orientation des étudiants», indique M. Fiola. «Nous avons trois fois plus d’étudiants que d’habitude qui ne connaissent pas le campus!»

Et «c’est la première fois depuis 2020 que les résidences du campus sont occupées» par 400 étudiants. Pendant la pandémie, tous les cours étaient offerts à distance. Seules les résidences du grand campus de l’Université York, dans le Nord-Ouest de la ville, étaient utilisées.

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Glendon, le site original de York situé dans un boisé à l’angle de Bayview et Lawrence, a d’ailleurs profité de la pandémie pour rénover ses résidences et plusieurs de ses salles de classes et installations.

M. Fiola est particulièrement fier que 20 classes de Glendon (contre 15 seulement du grand campus de York) sont désormais équipées du nouveau système iFlex permettant au prof de donner un cours à la fois en présentiel et à distance.

«Les étudiants à distance peuvent participer au cours comme s’ils étaient en classe.» Quelques étudiants ont en effet choisi de poursuivre leurs études à distance.

Glendon, Université York
Le campus Glendon (2000 étudiants) est situé sur l’avenue Bayview à la hauteur de Lawrence Est. Le campus principal de l’Université York (50 000 étudiants) est à Steeles et Keele. Photo: archives l-express.ca

Quatre programmes suspendus

Par ailleurs, Glendon a «temporairement suspendu» les nouvelles admissions dans quatre programmes de majeures multidisciplinaires: Études canadiennes, Études sur le genre et les femmes, Études hispaniques et Études sur la sexualité.

Les mineures sont maintenues. «Les classes sont pleines et les cours continuent d’être donnés», explique M. Fiola. «Mais la grande majorité de leurs étudiants viennent d’autres programmes et ne comptent pas s’orienter dans ces domaines.»

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Le principal veut «donner aux collègues de ces programmes l’occasion de procéder à un examen approfondi de leurs spécialités respectives et, le cas échéant, de modifier ou de revitaliser la structure ou le contenu de leur programme».

On laisse entrevoir que certains programmes pourraient changer de nom pour refléter un nouveau contenu, notamment «pour garantir aux étudiants que le programme mène à de vraies carrières ou de vrais emplois».

Par exemple, à quoi mène un programme d’«Études canadiennes», avec ses cours d’histoire, géographie, sociologie? «Nous devons clarifier cela.»

Le Centre d’excellence de Glendon: son pavillon moderne à l’entrée du campus. Photo: courtoisie

Glendon forme des étudiants bilingues

Glendon reste renommé pour ses programmes de langues et de traduction, pour son expertise sur le vieillissement, ainsi que pour plusieurs de ses programmes multidisciplinaires.

Peu de gens savent qu’il forme plusieurs juges et juristes fédéraux en français. Il forme aussi en anglais langue seconde des enseignants de la Toronto French School voisine.

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Environ 20% des 2000 étudiants de Glendon sont de langue maternelle française, «mais tous profitent d’une double immersion en français et en anglais», fait valoir le principal Marco Fiola. «Ils sortent tous de Glendon plus bilingues que lorsqu’ils sont entrés.»

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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