La violence faite aux femmes, «un enjeu qui ne s’épuise jamais»

16 jours pour sensibiliser, déconstruire, éradiquer

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Oasis Centre des femmes et de nombreuses associations au Canada et dans le monde participent aux «16 jours d’activisme» pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Photo: iStock.com/slkoceva
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Publié 01/12/2021 par Laurine Le Goff

Oasis Centre des femmes lançait la semaine dernière sa campagne annuelle «Sa lutte, ma lutte!» s’inscrivant dans le cadre des 16 jours d’activisme international pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.

Jusqu’au 10 décembre, l’organisme franco-torontois propose une série d’activités pour sensibiliser, échanger et mobiliser autour de cette cause.

Aborder la violence sous tous ses aspects

C’est la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, le 25 novembre, qui a marqué le début de la campagne. Le Canada «condamne la misogynie et le sexisme sous toutes leurs formes», a mentionné le premier ministre Justin Trudeau.

Une table ronde virtuelle sur « Le consentement sexuel et la loi » était organisée ce lundi, en collaboration avec le Centre francophone du Grand Toronto. « C’est un enjeu qui ne s’épuise jamais », explique Dada Gasirabo, directrice générale d’Oasis Centre des femmes. « La discussion s’est très bien déroulée, et a permis de mieux comprendre et dévoiler le consentement ».

Le prochain atelier est une présentation intitulée « Des droits à double vitesse », par l’auteur Junior Mandoko. Celui-ci évoquera la situation et les droits des femmes en Afrique subsaharienne. La présentation aura lieu sur Zoom, dans la soirée du vendredi 3 décembre.

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Oasis
Oasis a organisé pour le 3 décembre une présentation virtuelle sur les droits des femmes en Afrique subsaharienne.

Oasis organise également, tout au long de ces 16 jours, des ateliers de sensibilisation dans les écoles. « Il est essentiel de lancer une discussion aussi auprès des jeunes, pour réfléchir aux racines de la violence et des inégalités », souligne la directrice générale.

L’Action ontarienne contre la violence faite aux femmes propose, de son côté, un tout nouveau forum virtuel gratuit. Les 7 et 8 décembre, il sera possible d’assister à des ateliers, présentation et groupes de discussion autour de la prévention de la violence.

6 décembre: commémorer le massacre de Polytechnique

Le 6 décembre représente un moment clé de cette campagne, puisque marquant l’anniversaire de la tuerie de l’École Polytechnique, en 1989 à Montréal.

Il y a 32 ans, cet attentat antiféministe avait coûté la vie à 14 jeunes femmes. En hommage aux victimes, cette date est devenue la Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes.

À cette occasion, des hommes alliés organisent, le 6 décembre au soir, une soirée virtuelle pour partager et réfléchir sur un engagement collectif. Ceux-ci aborderont la violence faite aux femmes sous diverses perspectives et les enjeux d’égalité.

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polytechnique
Pour commémorer la tuerie du 6 décembre, les hommes alliés souhaitent lancer une discussion autour de la violence.

L’objectif principal est d’amener les autres hommes à la discussion.

« Pour nous, c’est une initiative pleine d’espoir! », indique Dada Gasirabo. « Ce sont des hommes qui se préoccupent de la violence en s’engageant mais qui cherchent également à éduquer. C’est de cette manière qu’on pourra briser le cycle infernal de la violence ».

« Que tous les hommes se sentent concernés »

L’initiative « Sa lutte, ma lutte! » vise en effet à donner aux hommes un rôle plus important dans ce combat. Cela leur permet de s’impliquer contre la violence, tout en réfutant une généralisation selon laquelle tous les hommes sont des abuseurs.

« Il faut soutenir avant tout les femmes, mais aussi chercher l’engagement des hommes. C’est à nous de leur permettre d’être actifs dans cette lutte, pas seulement les pointer du doigt. »

En ce sens, les diverses activités de ces 16 jours d’activisme ont été organisées par des hommes alliés, bénévoles à Oasis Centre des femmes.

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hommes alliés
Depuis plusieurs années, les hommes s’engagent beaucoup auprès d’Oasis pour participer à la sensibilisation et l’éducation de tous.

« Nous voulons que les hommes, où qu’ils soient, puissent prendre part au débat », ajoute Dada Gasirabo. « Aujourd’hui ils sont dix bénévoles, mais nous en voulons une centaine, puis que tous les hommes se sentent concernés ».

Ils représentent un apport indispensable dans la lutte vers l’éradication de la violence, et contribuent à déconstruire la mentalité selon laquelle « c’est une affaire de femmes ». En tant qu’alliés, ils pourront éduquer les hommes autour d’eux et, à plus long terme, leurs enfants.

Éduquer, revendiquer, responsabiliser

L’objectif de cette campagne est de parler ouvertement de la violence, pour éduquer mais également revendiquer des droits.

OAsis
Dada Gasirabo, directrice générale d’Oasis Centre des femmes.

« La violence est aussi une question de droits fondamentaux des femmes. C’est un enjeu qui prend racine dans une société inégalitaire, caractérisée par le pouvoir et contrôle exercé sur les femmes », souligne Dada Gasirabo.

Certains groupes de femmes sont d’autant plus touchés par ces inégalités. C’est par exemple le cas des femmes immigrantes, LGBTQ, aînées, handicapées et bien d’autres.

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La directrice évoque notamment l’avancée que représenterait un tribunal spécialisé sur les violences sexuelles et conjugales, comme celui récemment approuvé au Québec. En effet, l’éradication de la violence passe aussi par des institutions systémiques.

« Malheureusement, les femmes subissent encore beaucoup de victimisation dans certains services juridiques. Il faut, au contraire, responsabiliser davantage l’agresseur. »

Un changement lent, mais significatif

Le mouvement Moi aussi avait déjà représenté une grande avancée, permettant à de nombreuses victimes d’être enfin entendues. Il avait d’ailleurs montré au monde entier que des personnes haut placées n’étaient plus protégées face à la justice.

Nour Enayeh, présidente de l’Alliance des femmes de la francophonie canadienne, avait pourtant souligné que « la violence envers les femmes et les filles ne cesse d’augmenter depuis la pandémie » et qu’il fallait également prendre en considération les violences à l’égard des différentes identités intersectionnelles.

« Tant que la violence existe, nous devons en parler pour démystifier et briser le silence », a déclaré Dada Gasirabo. « Un changement social prend des générations, mais nous avons tout de même obtenu beaucoup d’acquis. »

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Depuis 30 ans, de nombreux services comme les CALACS (Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractères sexuels) et les lignes d’aide sans frais ont vu le jour. Et les violences faites aux femmes sont désormais criminalisées, tandis que le système se réforme petit à petit.

oasis
Depuis 26 ans, Oasis Centre des femmes agit pour les femmes et contre la violence, notamment avec des ateliers et conférences.

« Le combat contre la violence faite aux femmes ne se termine pas au bout de ces 16 jours, il doit faire partie de notre attitude tous les jours. Changer d’attitude, c’est changer des vies », conclut-elle.

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