Vers une écriture plus inclusive

écriture inclusive, homme, femme, masculin, féminin
Pas facile, en français, de s'entendre sur l'inclusion des femmes sans alourdir les textes ou les discours? Photo: iStock.com/SIphotography
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Publié 30/05/2023 par Michèle Villegas-Kerlinger

Avez-vous jamais hésité devant la forme féminine d’un mot de profession? Ou essayé d’inclure la gent féminine dans un document avec le seul résultat d’alourdir votre texte? L’écriture inclusive n’est pas facile.

Le dictionnaire Termium Plus, la banque de données terminologiques et linguistiques du gouvernement du Canada, nous explique les règles de la féminisation des mots de profession, en plus de nous proposer quelques solutions pratico-pratiques pour alléger nos textes tout en donnant plus de visibilité aux femmes dans l’espace public.

L’inclusion des formes féminines dans nos textes

Pour s’adresser aux hommes et aux femmes, on peut toujours écrire les formes masculines et féminines tout au long d’un écrit.

Malheureusement, ce procédé a l’inconvénient d’alourdir considérablement le texte: Les étudiants et les étudiantes (ou « les étudiantes et les étudiants ») doivent se présenter à l’heure pour le cours.

Les solutions de rechange suivantes, considérées comme fautives, sont à éviter: Les étudiant(e)s, les étudiants-les étudiantes, les étudiants/les étudiantes doivent se présenter à l’heure pour le cours.

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L’accord des adjectifs et des participes passés

Si on décide, malgré tout, d’avoir recours aux deux formes, les adjectifs et les participes passés sont au masculin pluriel lorsqu’ils se rapportent à la fois au nom masculin et au nom féminin.

Si les deux noms sont au singulier, l’accord peut se faire au masculin singulier s’il n’y a aucune ambiguïté possible: Les Torontoises et les Torontois sont appelés à élire un nouveau maire. La candidate ou le candidat élu.

Puisque le genre masculin régit souvent l’accord, l’adjectif et le participe passé sont placés le plus près possible du mot masculin pour des raisons d’euphonie: Les candidates et les candidats absents.

La répétition des articles et des adjectifs

En général, on répète les articles définis et indéfinis ainsi que les adjectifs, même s’il s’agit d’épicènes (mots ayant la même forme au masculin et au féminin) devant chaque nom qu’ils modifient: Cette directive est pour les écoliers et les écolières. Le titulaire attitré ou la titulaire attitrée devra se présenter à l’heure.

La suppression d’un des mots n’est pas recommandée: Le ou la titulaire attitré(e) devra se présenter à l’heure.

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La reprise par un pronom

Quand les formes des deux genres sont présentes dans une phrase, on peut utiliser un pronom masculin pluriel pour les remplacer par la suite: Le programme offre aux ambulanciers et aux ambulancières une formation rigoureuse pour qu’ils travaillent efficacement dans les situations d’urgence.

Lorsqu’on utilise un nom collectif du genre «personnel» ou «cadres», on peut employer des pronoms masculins et féminins pour signaler la présence des femmes: Les cadres de la direction ne travaillent pas tous et toutes à distance. Le personnel doit travailler en présentiel sauf ceux et celles qui ont des circonstances atténuantes.

L’accord du verbe après «ou»

S’il y a une idée d’addition, on met le verbe au masculin pluriel. Lorsqu’il s’agit d’une disjonction ou d’une opposition, le verbe se conjugue au singulier: L’employé ou l’employée sont tenus de respecter les règles. (les deux). La directrice ou le directeur est appelé à prendre des décisions difficiles. (l’un ou l’autre)

Pour éviter la répétition

Pour ne pas répéter les formes masculines et féminines, et par conséquent alléger nos textes, Termium Plus recommande le recours à des termes génériques et à des tournures neutres.

Un terme générique représente une catégorie, un genre ou un collectif: La clientèle. La direction. La main-d’œuvre.

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Notez bien que les termes épicènes au pluriel peuvent servir de génériques: Le scientifique a donné une entrevue à laquelle plusieurs journalistes ont assisté. Les pilotes font la grève depuis une semaine.

De la même manière, les termes «gens» et «personne» peuvent remplacer favorablement le mot «homme» dans certaines expressions: Gens d’affaires. Gens de loi. Droits de la personne.

Les tournures neutres

Une tournure neutre est une formule impersonnelle ou une tournure de phrase neutre: Quiconque demande… (pour «Tout étudiant ou toute étudiante…»). Avez-vous la citoyenneté française? (au lieu de «Êtes-vous citoyen français ou citoyenne française?»)

De même, les pronoms impersonnels «on» ou «il» peuvent remplacer avantageusement les pronoms personnels: Il est fortement conseillé d’obtenir l’autorisation du personnel compétent. On remplira le formulaire d’évaluation à la fin du cours.

Au besoin, on peut écrire «homme(s)» et «femme(s)» en incise pour préciser sa pensée: Tous les dentistes, hommes et femmes, sont priés de faire la demande.

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De plus, le recours à la voix active est de loin préférable à la voix passive: Nous vous prions de vous présenter à nos bureaux. (au lieu de «Vous êtes priés de…»).

Les formes féminines des mots de profession

La féminisation des titres s’est imposée au moment où les femmes ont commencé à avoir accès à des professions réservées traditionnellement aux hommes.

Si par le passé, une forme féminine existait, elle représentait plutôt l’épouse du titulaire du poste, ce qui n’est plus le cas de nos jours. Une mairesse n’est plus uniquement la femme d’un maire!

Depuis la fin des années 1970 et le début des années 1980, de nouveaux titres féminins ont vu le jour grâce aux recommandations faites par Emploi et Immigration Canada, l’Office de la langue québécoise, le Conseil du Trésor et le Bureau de la traduction.

Les recommandations générales

Pour la féminisation des titres de fonction, il est suggéré:

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D’utiliser les formes féminines déjà présentes dans les dictionnaires: Une avocate. Une directrice. Une surveillante.

De se servir des épicènes accompagnés d’un article féminin: Une gestionnaire. Une journaliste. Une notaire.

D’utiliser les formes nouvelles proposées par Termium Plus.

De créer d’autres formes en suivant les règles recommandés par Termium Plus. Regardons ces règles d’un peu plus près:

Le genre des mots épicènes n’est pas marqué par la terminaison, mais par l’article, l’adjectif, etc.: Quelle architecte. Une cadre. La pilote.

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Certains mots sont considérés comme épicènes, même si une forme féminine du mot existe, parce que cette dernière a un autre sens: La camelot (pas «la camelote»). Une marin (pas «la marine»). Cette médecin (pas «la médecine»).

Les noms se terminant par «e» ou par «é»

Beaucoup de noms se terminant par «e» sont des mots épicènes bien que certains puissent former leur féminin en ajoutant «sse» à la racine du mot: Une mairesse. Une maîtresse.

Quant aux noms qui se terminent par «é», ils prennent un «e» muet au féminin: Une députée. Une préposée.

Les noms se terminant par «d» ou «t» forment habituellement leur féminin par l’ajout d’un «e»: Une tisserande. Une agente.

Par contre, les mots qui se terminant par «et» au masculin font en général leur féminin en «ète» ou, plus rarement, en «ette»: Une préfète. Une cadette.

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D’autres terminaisons et exceptions

Pour les noms se terminant par «l» ou «n», le féminin se construit souvent par l’adjonction d’un «e» final à la forme masculine: Une consule. Une écrivaine.

Parfois, le redoublement de la consonne finale est nécessaire: Une contractuelle. Une électricienne.

Les noms terminés par le suffixe «er» ou «ier» font «ère» ou «ière» au féminin: Une conseillère. Une banquière.

Le féminin des mots en «eur» peut prendre plusieurs formes (-euse-esse ou -eure), la plus régulière étant «euse»: Une chercheuse. Une demanderesse. Une réviseure.

Quelques exceptions: Ambassadeur, ambassadrice. Empereur, impératrice.

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Comme certaines formes en «euse» peuvent avoir une connotation péjorative, l’Office de la langue française recommande la forme féminine «eure» dans ces cas: Une ingénieure. Une professeure.

Quant aux noms qui se terminent en «teur», ils font généralement leur féminin en  «teuse» lorsque le verbe correspondant comporte un «t» dans son radical: Une acheteuse (acheter). Une rapporteuse (rapporter).

Cependant, il existe des exceptions: Une inventrice (inventer).

Lorsqu’il n’existe aucun verbe correspondant au mot ou que le verbe ne comporte pas de «t» dans son radical, la forme féminine se termine habituellement par «trice»: Une aviatrice. Une directrice (diriger).

Quelques exceptions: Une auteure. Une docteure.

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Un petit test

Maintenant que nous sommes devenus des experts en la matière, voici un petit test pour vérifier nos connaissances.

Il s’agit de mettre les termes suivants au féminin: apprenti, banquier, coroner, demandeur, étalagiste, facteur, généticien, hôte, investisseur, juré.

Les réponses se trouvent ici.

Auteurs

  • Michèle Villegas-Kerlinger

    Chroniqueuse sur la langue française et l'éducation à l-express.ca, Michèle Villegas-Kerlinger est professeure et traductrice. D'origine franco-américaine, elle est titulaire d'un BA en français avec une spécialisation en anthropologie et linguistique. Elle s'intéresse depuis longtemps à la Nouvelle-France et tient à préserver et à promouvoir la Francophonie en Amérique du Nord.

  • l-express.ca

    l-express.ca est votre destination francophone pour profiter au maximum de Toronto.

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