Avec le peu d’informations dont disposent les experts, il est impossible de dire si le vaccin contre la CoViD annoncé mardi par le gouvernement russe est vraiment prometteur. Mais une chose semble faire consensus: s’engager sur cette voie aussi vite est une décision stupide.
«C’est plus que stupide», a réagi entre autres le virologue new-yorkais John Moore. «Poutine n’a pas de vaccin, il fait juste une déclaration politique.»
«C’est censé donner de la Russie l’image d’une grande puissance de la biotechnologie, mais à mon avis, ça fait l’opposé», renchérit dans la revue Science Translational Medicine le chroniqueur Derek Lowe. «Ça les montre comme étant désespérés, l’équivalent de promoteurs de compagnies à cinq sous.»
Erreur catastrophique
Ce qui choque et inquiète à la fois n’est pas juste le fait que les autorités de la santé russes soient devenues mardi les premières au monde à approuver un vaccin contre le coronavirus, en dépit du fait que celui-ci n’a même pas commencé ses tests de phase 3: l’étape pourtant cruciale pour déterminer si un traitement fonctionne ou pas.
Ce qui choque et inquiète avant tout, c’est que si le vaccin échouait alors même que la Russie était engagée cet hiver dans cette campagne massive de vaccination, ou bien si des effets secondaires apparaissaient soudain à un niveau que les essais de phase 2 n’avaient pas pu détecter, c’est la confiance face à l’ensemble des vaccins qui risquerait d’en prendre un coup.