À la pointe de la lutte contre la malnutrition

Action contre la Faim à Toronto

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Publié 02/12/2014 par Brahim Mahmoud

Le bureau canadien d’Action contre la faim (ACF) à Toronto a été désigné, parmi des centaines d’organisations internationales, pour disséminer la méthologie d’enquêtes nutritionnelles SMART, un outil qui permet d’estimer la situation de la malnutrition dans le monde.

L’association, née en France à la fin des années 70, en a traversé des crises humanitaires depuis sa création: Afghanistan, Congo, Haïti, Soudan… L’expérience acquise sur les «terrains sinistrés» lui a permis de capitaliser un savoir-faire reconnu par les organisations internationales (UNICEF, Programme alimentaire mondial, Oxfam, Médecins sans frontières, World Vision…).

L’attribution de SMART au bureau d’ACF Canada, par les plus grandes agences qui luttent contre la malnutrition, est un sérieux gage de confiance.

«Aujourd’hui, l’ensemble des acteurs perçoit SMART comme une méthode d’enquêtes mieux appropriée au terrain comparativement aux anciennes démarches trop aléatoires», souligne Victoria Sauveplane, la responsable du programme dans le monde. Quand elle n’est pas dans son bureau de la rue Bathurst, cette Québécoise parcourt la planète pour former les futurs experts au sein de ministères de santé et d’organisations locales et internationales.

L’Express a essayé de comprendre comment Action contre la Faim à Toronto essaye de changer la donne dans ce combat sans faim.

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Pouvez-vous nous en dire plus sur SMART?
Victoria Sauveplane:
SMART répond efficacement à l’urgence d’une crise. L’outil facilite la prise de décision des «humanitaires» en préconisant un programme alimentaire adapté en considération du nombre de personnes affectées, en distinguant les contextes d’interventions (guerre, séisme, sécheresse, pauvreté…) et ce n’importe ou (accent) sur la planète.

Qu’a cet outil de si révolutionnaire?
La conception statistique de la méthodologie SMART permet d’identifier très rapidement la prévalence de malnutrition et le taux de décès brut (mortalité). Ces deux indicateurs de santé publique mesurent la sévérité et la magnitude d’une crise notamment dans des régions, où l’administration est parfois quasi inexistante, ou compose avec de sérieuses difficultés structurelles.

Devant l’ampleur de la malnutrition, les intervenants humanitaires évaluent la situation avec les mêmes questions: quels moyens pour bien intervenir? Quelle est la population à cibler? L’échantillon est-il représentatif de la réalité?

Les études qui ont précédé SMART ont été jugées trop longues, partielles et souvent très subjectives. Par exemple, les évaluations de cas de malnutrition se faisaient selon les accès géographiques, les infrastructures de transport disponibles ou l’environnement sécuritaire. Après une catastrophe naturelle, le recensement des personnes sans ressources était souvent difficile.

En vérifiant la plausibilité des données, SMART détermine le besoin nutritionnel spécifique des populations gravement touchées. La qualité des rapports restitués par SMART en fait un outil indispensable pour plaidoyer devant les bailleurs de fonds internationaux (Europe, États-Unis) qui exigent des informations fiables pour octroyer des subventions. Déclencher une intervention internationale rapide et adéquate est désormais possible.

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Comment le bureau d’ACF Toronto contribue à tout cela?
Nous assurons principalement des formations, mais nous venons aussi en support auprès des acteurs sur le terrain et des décideurs lors de réunions de coordination au niveau international.

Notre équipe canadienne a élaboré un kit pour réaliser des formations afin de faciliter l’apprentissage et communiquer sur SMART. À ce jour, plus de 1000 personnes ont été formées dans le monde dans plus d’une cinquantaine d’agences et institutions, dont des ministères étatiques.

En Afrique, les ONG et les ministères de santé publique participent aux formations, mais aussi aux enquêtes. Au Sud-Soudan, Action contre la faim a mis en place un système de surveillance SMART pour prévenir les crises de malnutrition sévères. Tous les mois, SMART rapporte des données sur l’évolution de la malnutrition et les équipes sur place allouent prioritairement les ressources alimentaires aux cas les plus urgents.

Face à la malnutrition chronique comme en Asie du Sud (Inde, Népal, Bangladesh…) où vivent la moitié des enfants de la planète qui endurent «la faim du quotidien”, nous venons en appui aux gouvernements avec des formations SMART. À l’heure où nous échangeons, une équipe est en train de mettre en place une enquête nutritionnelle en Papouasie-Nouvelle-Guinée pour répondre aux villages les plus isolés.

Pour notre bureau à Toronto, l’objectif de la formation est de tendre vers l’appropriation de SMART par les personnes concernées.

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