UOF : un Plan stratégique pour préparer la transition vers un financement normal

L’Université de l’Ontario français (UOF) a dévoilé le 12 avril son Plan stratégique 2024-28 qui identifie trois «domaines d’excellence» dans lesquels elle entend développer ses programmes: les sciences de l’administration, les sciences de l’éducation et les sciences sociales.

Mais surtout, explique le recteur Pierre Ouellette à l-express.ca, «il s’agit de préparer la transition entre le financement spécial de départ et le financement provincial basé sur l’atteinte de nos objectifs, comme pour tous les collèges et universités de la province, qui commencera en 2028.»

On se souvient qu’après avoir été mis sur la glace au cours de la première année du gouvernement Ford (2018-19), le projet d’université francophone à Toronto avait été ressuscité et concrétisé grâce à une rare entente fédérale-provinciale de 126 millions $ sur 8 ans.

Garantir sa pérennité

L’UOF veut donc placer les cinq prochaines années sous le triple thème de la pertinence, de la croissance et de l’excellence afin de garantir sa pérennité.

L’établissement fait déjà valoir un grand intérêt des futurs étudiants pour ses baccalauréats en Administration des affaires et en Éducation, qui mènent à des secteurs où la demande de main-d’œuvre est forte.

Les quatre baccalauréats initiaux de l’UOF – Cultures numériques, Pluralité humaine, Environnements urbains et Économie et innovation sociale – «n’ont pas disparu», explique le recteur.

«Dans le Plan stratégique, ils sont regroupés sous la désignation sciences humaines et sociales». Et ils mènent, eux aussi, à une grande diversité d’emplois.

Former des citoyens engagés

Outre ces trois «domaines d’excellence», l’UOF revendique deux «créneaux d’expertise»: le développement responsable et durable, et l’innovation d’impact. C’est-à-dire «des avancées connectées à la communauté et à la société, et qui répondent concrètement à des besoins», lit-on dans le Plan.

«En fait, ces préoccupations pour le développement responsable et l’impact traversent tous nos programmes», poursuit Pierre Ouellette. «Dans tous les domaines, nous demandons aux étudiants de considérer ces objectifs et nous cherchons à former des citoyens engagés.»

«L’impact en Ontario» est d’ailleurs l’une de ses trois priorités, avec «la viabilité financière» et «l’excellence universitaire». (Quelle institution ne mentionne pas l’excellence parmi ses objectifs?)

Retombées

On veut que les diplômés de l’UOF contribuent à la vitalité linguistique, sociale, culturelle et économique de la francophonie locale et régionale.

De plus, l’UOF a accueilli en ses murs plusieurs événements comme le Salon du livre de Toronto, des activités de la Semaine de la francophonie, du Club canadien de Toronto, et des rencontres des membres de son Carrefour de l’innovation et du savoir.

L’établissement a aussi déjà à son actif plusieurs conférences et colloques sous l’égide du chapitre torontois de l’Acfas créé par la vice-rectrice Linda Cardinal.

«Ce sont aussi des retombées importantes», fait valoir Pierre Ouellette.

Proximité

La Plan stratégique mentionne une «approche d’enseignement différente», qui tient notamment à son format «comodal» (offert simultanément en présence et à distance) et à sa prédilection pour «l’expérientiel: les stages et les visites d’entreprises, les rencontres d’experts et les études de cas concrets».

Une majorité d’étudiants choisissent présentement l’apprentissage à distance, notamment en raison du coût de la vie élevé à Toronto.

En tant que petite université, l’UOF peut aussi proposer des plus petits groupes, une approche personnelle et un accompagnement des étudiants allant jusqu’à la recherche d’emplois après les études.

Étudiants d’ici et d’ailleurs

Le Conseil de gouvernance, présidé par Jacques Naud, a créé un Comité de stratégie visant à surveiller continuellement le déploiement du Plan stratégique. «Et nous réfléchirons constamment avec les profs sur les façons de rendre les programmes plus attrayants», indique Pierre Ouellette.

Inaugurée en 2021, en pleine pandémie de covid, l’UOF accueille aujourd’hui un peu moins de 250 étudiants, environ la moitié provenant d’Afrique.

Le Plan stratégique indique que «l’UOF se dédie aux jeunes parlant français du Canada et plus particulièrement aux élèves francophones et bilingues de l’Ontario, tout en réservant un accueil chaleureux à la francophonie internationale».

Dès l’an prochain, le nombre d’étudiants «domestiques» surpassera celui les étudiants étrangers, prédit le recteur. Et il se dit confiant qu’une masse critique d’étudiants sera au rendez-vous dès 2025.

Le gouvernement fédéral a commencé à plafonner le nombre d’étudiants étrangers dans les collèges et universités du pays. Toutefois, dans le cas de l’UOF, l’augmentation du nombre d’étudiants franco-ontariens viendrait surtout de l’attrait de ses programmes d’administration et d’éducation.

L’UOF forme des enseignants de niveau primaire, mais veut bientôt pouvoir étendre cette formation pour le niveau secondaire. Un nouveau programme d’études en santé mentale a également été soumis au ministère; s’il est approuvé, il débuterait en 2025.

C’est aussi l’an prochain que l’UOF remettra ses premiers diplômes de baccalauréat.