Une série, deux films et trois courts à voir sur Netflix, Crave, Acorn TV, TV5 Unis

Périodiquement dans l-express.ca, l’équipe de Cinéfranco, le festival torontois du film francophone, partage avec vous des suggestions de films ou de séries sur les plateformes Netflix, Apple TV, Disney, Crave et plusieurs autres.

Voici une série, deux films et trois courts-métrages disponibles ce mois-ci.

L’ÉCLIPSE

Alors que les villageois de Bozouls en Aubrac assistent à l’éclipse solaire, un coup de feu retentit dans la campagne. Nour, 17 ans, est accidentellement blessée à l’épaule par son petit ami Luca sous les yeux de leurs amies Inès et Angèle affolées.

Le temps d’aller chercher de l’aide, le corps de Nour disparaı̂t. Entrent en jeu deux gendarmes, Johanna et Manue, amies de longue date pour mener l’enquête.

Mais les choses se compliquent dans des imbroglios familiaux où des conflits d’intérêts surgissent à chaque tournant. À part le présage de l’éclipse plongeant le village dans l’obscurité totale pendant un court moment, la communauté rurale se révèle en crise.

Les Wilhem, parents de Nour, sont endettés et pensent vendre leur ferme et leur bétail. Les Germain luttent pour préserver leurs vaches contre la tuberculose. Le père Courtin est ruiné: il n’a plus de bêtes d’où son suicide raté et sa dépendance aux soins de sa femme et de ses enfants Charlie et Anthony.

«Les grandes mutations du monde paysan et la crise qu’il affronte auraient mérité plus et beaucoup mieux», selon Télérama.

Il n’empêche que les paysages sont spectaculaires et les vaches d’Aubrac très particulières avec leurs cornes en forme de lyre.

La série policière est bien ficelée: rebondissements qui aiguisent le suspense avec une distribution d’acteurs bien choisis comme Claire Keim, habituée à des rôles de policières, ou Anne Charrier aux nombreuses séries télévisées bien connues.

AD VITAM

Au lieu de s’extasier devant la beauté du dôme du Sacré-Cœur de Paris, c’est un coup d’adrénaline qui coule dans nos veines lorsqu’un homme bien sanglé dégringole de façon vertigineuse du haut de la basilique.

Les toits de Paris, devenus champs de poursuite infernale, font battre le coeur d’angoisse et de suspense pour cet homme qui fuit… Il s’appelle Franck. Il essaie désespérément de sauver Léo, sa femme enceinte, des griffes d’un mystérieux groupe d’hommes armés.

Il n’y a pas de cesse dans les scènes bien chorégraphiées d’action et de poursuites en voiture. Et pour cause: les protagonistes sont censés être des agents du GIGN (Groupe d’Intervention de la Gendarmerie Nationale), une unité d’élite de la gendarmerie française exercée à gérer des situations de crises, de terrorisme et autres dangers.

Franck faisait partie du GIGN, tout comme Léo et ses amis Ben et Nico. Le film s’attarde tant sur l’entraı̂nement intensif et le quotidien de ces agents que certains critiques le voient comme une pure propagande du GIGN.

Cependant, cette plongée dans le passé scelle les relations familiales que les personnages ont tissées par des fêtes, des histoires personnelles qui affectent le présent.

Guillaume Canet porte le film en tant qu’acteur, coscénariste et producteur. Il avait été surnommé «guigui Cruise» pour avoir assuré toutes les cascades du film comme Tom Cruise dans Mission Impossible.

Ce thriller a battu un record historique sur Netflix avec plus de 54 millions de visionnements recensés à travers le monde. À vous de voir…

NOVEMBRE

Sept fois nommé aux César 2023, une fois aux Magritte de Belgique et un franc succès au Festival de Cannes 2022, Novembre, le 5e long métrage de Cédric Jimenez est un thriller trépidant sur les attentats dévastateurs du 13 novembre 2025 à Paris.

Il ne faut pas s’attendre à une reconstitution des meurtres. C’est la traque aux terroristes et les enquêtes qui font vibrer le film.

Le réalisateur insiste: «Ce qui m’a plu, c’est que c’était le contre point de vue. On ne mettait pas en scène les attentats ni les victimes. Le seul moment où le film le fait c’est dans l’hôpital, mais c’est uniquement dans la perspective de l’enquête.»

Le film s’appuie sur une recherche détaillée et minutieuse de la sous-direction antiterroriste de la PJ (la SDAT) qui a travaillé sans relâche durant les cinq jours qui ont suivi l’attaque. Les acteurs de haute voltige dont Jean Dujardin, Sandrine Kiberlain, Anaı̈s Dumoustier, Jérémie Rénier, jouent les personnages fictifs de la SDAT avec brio.

L’angoisse, la nervosité, la colère, la frustration, la peine et la peur, tout éclate dans des opérations d’effraction ou des interrogatoires menaçants: «c’est pas fini», lance un suspect.

Les filatures, les dénonciations, les fusillades spectaculaires, les rebondissements battent le pouls d’un film poignant, angoissant, puissant dans ses messages du Daech à Paris, «capitale de l’abomination et la perversion qui porte la bannière de la croix en Europe…»

Le carnage des attentats du 13 novembre reste ineffaçable par sa violence inhumaine.

BERGERS

Bergers a été le film le plus demandé/vu dans le Canada pendant la Journée du cinéma canadien. Le titre est clair et net. Il s’agit bien d’une histoire de bergers adaptée librement par Sophie Deraspe du récit québécois D’où viens-tu, berger? de Mathyas Lefebure.

Par amour de la nature, Mathyas, jeune publicitaire montréalais, décide de partir dans la Haute-Provence pour élever des moutons. Naïf et bien intentionné, il s’abreuve de tous les livres sur le métier.

Et contrairement au dicton «l’habit ne fait pas le moine», Mathyas s’achète le chapeau et l’escarcelle qui font le berger…

Sophie Deraspe nous aspire alors dans le tourbillon d’un dur apprentissage du métier, avec la splendeur des paysages montagneux qui rapetissent les personnages par leur écrasante majesté, le flot du troupeau de brebis coulant comme un fleuve qui nous pousse malgré nous…

La réalisatrice parle de 3000 brebis pendant le tournage. Ces brebis, personnages principaux, sont surnommées «les putes»…

Mathyas est assailli de toute part. Il doit apprendre à extraire les bêtes malades du troupeau afin qu’elles ne le déciment. Il doit être à l’affût des loups qui tuent les brebis. Il doit surveiller les conditions climatiques menaçantes qui perturbent la transhumance.

Souvent, Mathyas subit les frustrations de ses patrons. M. Tellier, dans une colère brutale, tue un agneau. Cécile Espiroux, ayant confié sa transhumance à Mathyas, doit se raviser.

Entre périls et dur labeur, des petites touches d’humour traversent l’atmosphère comme la rencontre d’Élise qui quitte tout pour rejoindre Mathyas. Mais tout peut changer en un claquement de doigts!

Un film qui prend par les tripes!

DANAVAN

Dans le quartier Limoilou à Québec, René et Polo sont en deuil de leur ami et voisin Robert, décédé il y a deux semaines.

Ils font don de ses affaires pour qui veut les prendre… comme des jeunes cyclistes qui contribuent à l’agitation causée par l’emménagement d’un nouveau locataire dans l’appartement même du défunt.

Mais c’est son barbecue qui captive l’attention de René, qui devient complètement obsédé. Le film prend une tournure comique à la fois spirituelle et bizarre.

On ne sent pas le temps passer tant Hugues Frenette, Marc Auger-Gosselin, les acteurs principaux sont naturels et drôles dans leur attitude zen malgré leur deuil.

LE BON SOUFFLE

Damien souffre de bégaiement sévère. Il décide d’aller à la poste pour chercher son colis. Avant d’entrer dans le magasin, il répète sa phrase «Je viens chercher un colis».

Mais confronté aux simples questions de la postière soit décliner son nom ou le numéro de code, Damien est bloqué. On le sent stressé dans l’étirement des sons, la répétition de petits mots… Les gens qui attendent, rient.

Arnaud Doiron-Barbant dans le rôle de Damien réussit à nous fendre le coeur avec ses efforts laborieux d’articulation. La compassion qui se lit dans les yeux de la postière interprétée par Stéfanelle Auger nous pousse à vouloir que Damien arrive à lui prononcer son nom.

En mettant le langage de la musique en parallèle avec le langage des mots, ce film très touchant ouvre les portes de l’espoir d’une communication alternative artistique efficace.

LES MAINS SALES

En Nouvelle-France, en 1759, Marie est l’esclave autochtone d’un chirurgien français autoritaire. Sa triste existence est rythmée par le travail de la terre, les dı̂ners de son maı̂tre, les tâches ménagères et une vie personnelle chiche.

Avec la conquête du village par les Anglais, Marie réussit à s’échapper des griffes du chirurgien pour sauver Catherine, une petite Jille nouvellement adoptée, qu’elle voit comme son enfant.

Soleil Launière, artiste multidisciplinaire Innue originaire du Lac Saint-Jean, interprète le rôle de Marie avec une justesse remarquable dans la souffrance intériorisée, le désir de retrouver son enfant et de la sauver…

La condition de Marie est rehaussée par une atmosphère bien menée par les drames vécus par les personnages en toile de fond: le chirurgien brutalisé par les Anglais; le soldat blessé; la fuite dans la nature de Marie face à une maison en feu…

Un film à voir pour ses costumes d’époque, sa musique, les scènes où Marie ronge des os comme un chien pour se nourrir.