Une meilleure alimentation peut équilibrer nos hormones? Faux!

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La recommandation du nouveau Guide alimentaire canadien: 50% de fruits et légumes, 25% de protéines et produits laitiers, 25% de céréales... et de l'eau.
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Publié 09/12/2024 par Kathleen Couillard

Des aliments supposément bénéfiques pour le bon fonctionnement hormonal ont la cote chez des influenceurs des réseaux sociaux. On constate toutefois que cette idée est basée sur une mauvaise compréhension de la façon dont fonctionne notre corps.

Faits à retenir

  • L’idée de « rééquilibrer ses hormones » par l’alimentation est populaire.
  • Avec 200 hormones dans notre corps, il y aura toujours des déséquilibres.
  • La plupart de ces variations sont normales.

«Diètes hormonales»

Depuis quelques années, des influenceurs, entre autres sur TikTok, font la promotion de régimes qui permettraient de « rééquilibrer » les hormones pour venir à bout de différents problèmes de santé.

Certains proposent des «diètes hormonales», prétendant que l’incapacité de certaines personnes à perdre du poids serait due à un mauvais fonctionnement de leurs hormones, et qu’il faudrait donc restaurer leurs «niveaux».

Dans un texte publié dès 2019 sur le site The Conversation, le nutritionniste Robert Naughton, de l’Université Huddersfield au Royaume-Uni, déplorait la popularité grandissante de ces régimes, mais soulignait que leur efficacité potentielle à faire perdre du poids n’avait rien à voir avec les hormones.

En 2022, des chercheurs américains ont analysé des livres de croissance personnelle écrits par des médecins qui faisaient eux aussi la promotion de «l’équilibre hormonal».

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Ces auteurs prétendaient que l’état de santé serait déterminé majoritairement par les hormones et encourageaient leurs lecteurs à modifier radicalement leurs habitudes de vie. Selon l’étude, plusieurs acteurs de l’industrie du bien-être prônent également l’équilibre hormonal afin de conserver sa jeunesse et d’améliorer son énergie, son sommeil, sa libido ou sa perte de poids.

Une définition trop large du déséquilibre

La définition utilisée par les auteurs de ces livres de croissance personnelle pour décrire les débalancements hormonaux est généralement vague. Or, il existe toutes sortes de débalancements, certains liés aux variations normales de notre activité quotidienne.

D’un point de vue médical, on parle d’un débalancement hormonal dès qu’une hormone est présente en trop petite ou trop grande quantité. Cela peut englober plusieurs problèmes de santé, expliquait en 2022 un texte de vulgarisation de la Cleveland Clinic, aux États-Unis.

Plus de 200 hormones ont été identifiées dans le corps humain et composent ce qu’on appelle le système endocrinien. Ces 200 hormones sont sécrétées par plusieurs glandes, notamment l’hypophyse, la thyroïde, les parathyroïdes, les glandes surrénales, le thymus, la glande pinéale, le pancréas, les ovaires et les testicules. Parmi les hormones les plus connues, on retrouve l’estrogène, la testostérone, le cortisol ou l’insuline.

Bien des variations hormonales sont normales

Mais il ne faut pas perdre de vue que le but du système endocrinien est de réguler les activités du corps.

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Les hormones agissent comme messagères entre les différents organes et contrôlent ainsi toutes sortes de processus comme la croissance, la sexualité, la reproduction ou l’humeur, peut-on lire sur la page concernant les hormones du site des Instituts nationaux de santé des États-Unis.

Du coup, la régulation des hormones est un processus bien rodé dans notre corps, explique-t-on dans le module d’enseignement sur ce sujet du National Cancer Institute des États-Unis.

Par exemple, les niveaux de certaines hormones sont contrôlés par un principe de rétroaction négative, c’est-à-dire que la glande qui produit l’hormone réagit à la quantité de substance qu’elle doit réguler.

Ainsi, lors d’un repas, le taux de sucre dans le sang augmente. En réponse, le pancréas sécrète de l’insuline pour que le sucre soit utilisé par les cellules et que les surplus soient entreposés pour des besoins futurs. Quand la quantité de sucre dans le sang diminue, la production d’insuline fait de même.

Stimulations nerveuses

Par ailleurs, certaines glandes fabriquent leurs hormones en réaction à la présence d’une autre hormone. Ainsi, l’hypophyse synthétise l’hormone thyréostimuline, qui stimule à son tour la glande thyroïde à produire ses propres hormones.

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Enfin, la sécrétion de certaines hormones est contrôlée par des stimulations nerveuses. C’est le cas des glandes surrénales qui vont produire de l’épinéphrine en réponse à la stimulation du nerf sympathique.

Il est donc inévitable d’observer des variations dans les taux d’hormones, puisqu’elles doivent constamment s’adapter à la situation dans laquelle le corps se trouve.

C’est en plus du fait que les niveaux hormonaux peuvent fluctuer en fonction des moments de la journée, rappelait l’endocrinologue Anneke Graf en 2019 sur le site de la Société d’endocrinologie. Par exemple, l’hormone de croissance, les hormones thyroïdiennes et le cortisol suivent un rythme jour-nuit.

L’âge affecte également à la baisse la sécrétion d’hormones et leurs effets sur les organes, soulignaient des chercheurs de la clinique Mayo en 2021.

À partir de 20 ans, le métabolisme de la glande thyroïde diminue et, après 50 ans, les cellules sont aussi moins sensibles à l’insuline, notait-on sur le site des Instituts nationaux de santé en 2022.

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De plus, certaines variations hormonales importantes, comme la puberté, la grossesse ou la ménopause, font partie du développement normal d’une personne.

Quand déséquilibre signifie maladie

Dans un texte publié sur le site du MD Anderson Cancer Center, l’endocrinologue Sonya Khan expliquait que plusieurs patients se présentent chez leur médecin en croyant avoir un débalancement hormonal, mais que c’est rarement le cas.

Beaucoup de symptômes comme la fatigue sont plus souvent dus à de mauvaises habitudes de vie.

Cependant, il existe des exceptions: les niveaux d’hormones doivent demeurer dans des limites bien précises, et s’ils deviennent trop bas ou trop élevés, on peut alors parler d’un véritable trouble hormonal. Les plus répandus sont les cycles menstruels irréguliers dus au syndrome des ovaires polykystiques, l’infertilité, l’acné, le diabète, les troubles de la thyroïde et l’obésité.

Comme il s’agit de déséquilibres biochimiques, les médecins doivent réaliser des prises de sang pour confirmer le diagnostic, notait la Dre Khan.

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Des exceptions où l’alimentation a un impact

Certaines habitudes alimentaires peuvent quand même exercer une influence, soulignaient des chercheurs italiens dans un article de 2024 sur l’équilibre hormonal et les habitudes alimentaires. C’est le cas du jeûne, d’un apport calorique excessif, ou d’aliments avec une haute charge calorique.

Ainsi, chez les personnes en surpoids, la restriction calorique augmente temporairement les niveaux de cortisol. Elle provoque aussi une hausse de la testostérone, mais uniquement chez les hommes en surpoids. Hommes et femmes peuvent avoir une réponse hormonale différente.

Cependant, malgré les associations qui peuvent exister entre certains aliments et les hormones, il n’existe pas une diète universelle qui serait appropriée à tous les troubles hormonaux, insistaient les chercheurs italiens.

Par exemple, si ces chercheurs soulignent les effets positifs des régimes alimentaires à base de plantes ou méditerranéens, leur survol des recherches apporte beaucoup de nuances quant à leurs impacts hormonaux. Les interventions nutritionnelles, lorsqu’elles s’avèrent nécessaires, doivent donc être adaptées à chaque personne.

Verdict

Les fluctuations hormonales sont normales chez toute personne en santé et ne doivent pas être confondues avec un «déséquilibre».

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Certaines maladies peuvent bel et bien être causées par des débalancements hormonaux, mais sauf exceptions, de simples modifications de l’alimentation ne suffiront pas à faire disparaître les symptômes.

Auteurs

  • Kathleen Couillard

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

  • Agence Science-Presse

    Média à but non lucratif basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada.

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