Une journée en compagnie d’experts en expulsion de ratons laveurs

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Les ratons laveurs sont des animaux curieux. Photo: Nathalie Prézeau
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Publié 17/04/2023 par Dorian Vidal

Que ce soit des ratons laveurs, des écureuils ou des moufettes, les infiltrations animalières dans les propriétés sont fréquentes. Pour aider les habitants à s’en débarrasser et à les empêcher de revenir, plusieurs entreprises proposent leurs services.

Une population en croissance

Les ratons laveurs sont les «animaux urbains parfait», affirme Bill Dowd, président de Skedaddle. Présents partout en Amérique du Nord, ces animaux ont bien compris que ce serait plus confortable pour eux s’ils vivaient directement dans nos maisons!

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Le président de Skedaddle, Bill Dowd, avec des bébés ratons laveurs trouvés dans une maison. Photo: Skedaddle

Ken Warner, président de First Choice Wildlife Services, explique qu’un raton laveur peut engendrer «entre un et six bébés», avec un taux de survie dépassant 90%. Se cacher dans les maisons les protège notamment de leurs «prédateurs naturels» – à commencer par les humains –, ce qui contribue à l’augmentation de la population.

En parallèle de l’augmentation de la population des villes, on peut observer une forte augmentation de la population du mammifère.

Témoin direct, le chef de Skedaddle nous affirme que lui et ses employés visitent des centaines de maisons chaque jours au printemps – la saison des naissances. Chez First Choice Wildlife Services, on se dit aussi en perpétuelle activité. 

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First Choice Wildlife Services en mission. Photo: Dorian Vidal

L’impact de la covid

Les entreprises observent une augmentation du nombre d’animaux depuis la pandémie de covid. «Ces dernières années, on a plus de ratons laveurs et plus de moufettes», affirme Ken Warner. Quand tout le monde était cloîtré chez soi, les rues étaient moins dangereuses pour les animaux.

L’urbanisation de plus en plus importante du territoire entraîne une déforestation. Les animaux comme les ratons laveurs, habitués à loger dans des arbres, se retrouvent obligés de chercher de nouveaux habitats.

«Ils ont besoin de s’adapter… et ils se sont extrêmement bien habitués à la ville», rappelle Ken Warner. C’est le cas des ratons laveurs, mais aussi celui des opossums, des moufettes, des écureuils ou des serpents.

Allier enlèvement et respect des animaux

L’objectif de ces deux entreprises est d’enlever la vie sauvage de façon «humaine» de nos habitations. Cette opération est suivie d’un travail visant à rendre les habitations hermétiques aux animaux.

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Bill Dowd explique que son entreprise peut également se charger de lutte contre les parasites (insectes, souris), ainsi que de restaurer les greniers ou tout endroit qui aurait été détérioré par un animal sauvage.

Une des pratiques les plus efficaces, que l-express.ca a pu observer pendant une journée en accompagnant une équipe de First Choice Wildlife Services, est l’installation de portes à sens-unique.

Ainsi, explique Ken Warner, après avoir bloqué tous les autres issues, l’animal n’a d’autres choix que d’emprunter la porte, sans pouvoir rentrer.

Quel danger?

Un raton laveur peut peser en moyenne 30 kg. Surtout en début d’année, la période des naissances, les bruits peuvent s’intensifier dans le grenier au-dessus des chambres. Plus encore, en tant qu’animal nocturne, un raton laveur fait le plus de bruit au moment où l’on l’entend le mieux.

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Aux perturbations sonores s’ajoutent les maladies et virus que l’animal peut ramener directement dans vos maisons. Ils peuvent également être à l’origine de dommages matériels, comme la destruction de câbles par exemple.

«Il ne faut surtout pas laisser de nourriture dehors ou dans des poubelles facilement accessibles», explique le président de First Choice Wildlife Service. Le comportement de ces animaux, dit-il, est en grande partie la conséquence des actions humaines.

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Une bouche d’aération enfoncée par un écureuil. Photo: First Choice Wildlife Services

Un territoire bien déterminé

La Loi de 1997 sur la protection du poisson et de la faune interdit en Ontario de piéger un animal dans un endroit de la ville, pour le déplacer à plus d’un kilomètre du lieu initial.

Une grande majorité des animaux déplacés contre leur gré meurent dans les heures et jours qui suivent. Un animal déplacé est extrêmement stressé, a de plus grands risques de se blesser, et se retrouve dans un environnement qui ne lui est pas avantageux.

«Les chances de survie d’un animal déplacé sont minimisés», affirme Ken Warner.

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Une bouche d’aération protégée contre les infiltrations de ratons laveurs ou d’écureuils. Photo: First Choice Wildlife Services

Protéger les vulnérables

Concernant les bébés, les entrepreneurs préfèrent les laisser dans une boîte, pour que leur mère revienne les chercher pour les mettre à l’abri. Une méthode partagée par l’entreprise de Ken Warner, qui laisse à la mère la possibilité de récupérer les plus jeunes.

Pour le président de Skedaddle, tous ces animaux «sont là pour rester, on ne va jamais complètement s’en débarrasser». À l’intérieur de seulement un kilomètre carré en milieu urbain, il pourrait y avoir entre 15 et 50 ratons laveurs.

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Une mère raton laveur protégeant ses enfants dans un grenier. Photo: Skedaddle

Des acteurs privés nécessaires

Les administrations municipales ne sont pas utiles dans ce genre de situation. «Quand vous avez un évier qui fuit, vous n’appelez pas la Ville, mais un plombier», dit Bill Dowd. «Dans ce cas c’est pareil.»

Souvent, ce n’est pas une situation du genre «faites-le vous-même»: il faut faire appel à des professionnels. Il faut s’attendre à débourser plusieurs centaines de dollars pour expulser les animaux indésirables et bloquer leurs accès.

Comme l’explique Ken Warner, les fonctionnaires municipaux ne «peuvent pas entrer dans les maisons, les greniers», étant donné que ce sont des propriétés privés. Les villes s’occupent des animaux dans l’espace public, quand ils sont blessés, malades ou juste «perdus». Les citoyens peuvent signaler de telles situations en appelant au 311.

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«Les résidents et les propriétaires d’entreprises sont responsables de l’entretien de leurs propriétés afin de prévenir les problèmes liés aux ratons laveurs», explique la Ville de Toronto. Le règlement municipal interdit de nourrir tout animal sauvage. Le fait de «posséder» un animal sauvage (même involontairement, dans son grenier) est puni par une amende de 240 $.

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Shawn Boothe et Ken Werner, de First Choice Wildlife Services. Photo: Dorian Vidal

Un métier passionnant, mais «pas pour tout le monde»

Ken Warner a toujours travaillé avec les animaux. Lui, qui a émigré du Costa Rica en 2008, travaillait avec «de gros reptiles» comme des serpents ou des crocodiles! C’est après avoir travaillé pour d’autres entreprises qu’il a décidé de créer First Choice Wildlife Services en 2016.

Si son entreprise est encore jeune, il n’est pas seul pour autant. Il peut ainsi compter sur le soutien occasionnel de son ami Shawn Boothe, qui est officier de police.

Ce n’est pas un emploi pour tout le monde. Comme nous avons pu l’observer pendant la journée, ce travail requiert beaucoup de patience, de motivation, et de courage.

Ken rappelle qu’il ne faut pas avoir peur «d’aller dans espaces confinés» ou de «saisir physiquement un animal, comme un écureuil ou un raton laveur».

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Winter Stations
Le raton laveur est l’animal emblématique de Toronto. Photo de Nathalie Prézeau à la plage Woodbine: Conrad, le raton laveur, de Novak Djogo et Daniel Joshua Vanderhorst, une des installations des Winter Stations 2023.

Rester vigilant

Avec une population humaine et animale croissante, il faut être vigilant et ne jamais agir seul. 

Quand un animal est observé dans l’espace public, menaçant, blessé ou mort, il est nécessaire de contacter les services municipaux. Quand celui-ci s’installe dans une propriété privée, on peut faire appel à des entreprises privées.

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