Un dossier qui est devenu une passion

La ministre des Langues officielles au Club canadien de Toronto

La ministre Mélanie Joly à la tribune du Club canadien de Toronto le 10 avril. (Photo: Philippe Davisseau, Club canadien de Toronto)
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Publié 10/04/2019 par François Bergeron

Les langues officielles n’était qu’un «dossier» pour la Montréalaise Mélanie Joly quand elle a été élue à Ottawa et nommée ministre dans le nouveau gouvernement libéral de Justin Trudeau en 2015. «Mais c’est devenu une passion», a-t-elle confié à la tribune du Club canadien de Toronto ce mercredi 10 avril.

Après avoir consacré pas mal de temps au nouveau Plan d’action de 2,7 milliards $ sur cinq ans pour les langues officielles, dévoilé l’an dernier, la ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie vient d’inaugurer le chantier de la modernisation de la Loi sur les langues officielles du Canada, qui célèbre son 50e anniversaire cette année.

Après les élections

Conçue par un premier ministre Trudeau (Pierre), elle sera donc modernisée sous un autre premier ministre Trudeau (Justin) 50 ans plus tard, a-t-elle fait valoir.

Ou plutôt 51 ou 52 ans… puisque ce n’est qu’en 2020 que le processus de consultation lancé récemment doit aboutir. Peut-être même plus tard (ou jamais?) si le gouvernement libéral est défait par les Conservateurs d’Andrew Scheer le 21 octobre prochain.

«Nous voulons bien faire les choses», a justifié Mme Joly, qui annonce déjà la couleur: une nouvelle Loi sur les langues officielles confirmera l’égalité et l’usage du français dans la fonction publique fédérale, mais elle cherchera aussi à protéger la capacité des communautés minoritaires dispersées de «vivre en français au quotidien», ainsi qu’à promouvoir le bilinguisme chez les Canadiens-Anglais.

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La ministre Mélanie Joly avec l’animatrice Marjorie April. (Photo: François Bergeron)

Des libertés individuelles aux droits collectifs

Autrement dit, alors que la LLO originale protégeait la liberté individuelle de transiger dans la langue de son choix avec l’État fédéral d’un océan à l’autre, on évolue vers une reconnaissance des droits des collectivités francophones minoritaires de continuer d’exister et de s’épanouir.

On a travaillé pendant 50 ans à promouvoir le bilinguisme institutionnel, en rendant l’État bilingue (surtout au profit des citoyens unilingues). On tentera maintenant aussi de promouvoir le bilinguisme personnel des citoyens, surtout chez les anglophones, qui sont encore trop majoritairement unilingues.

Du bilinguisme de l’État au bilinguisme des citoyens

C’est que les minorités francophones – et même les Québécois quand ils voyagent et se produisent dans le reste du pays – ont souvent besoin de l’apport des anglophones francophiles pour assurer le succès de leurs activités culturelles et de leur système scolaire.

Les francophones consomment beaucoup de culture anglophone; pourquoi autant d’anglophones n’auraient-ils pas accès aussi à la culture francophone?

La ministre Mélanie Joly avec l’animatrice Marjorie April. (Photo: François Bergeron)

Or, 50 ans après l’adoption de la LLO (pour apaiser la colère des francophones et stopper le séparatisme au Québec, a reconnu Mélanie Joly), le nombre de Canadiens bilingues n’atteint pas encore 20%.

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La ministre est toutefois restée vague sur les détails de la réforme, préférant d’abord écouter ce que les Canadiens ont à proposer. La FCFA, le lobby politique des francophones hors Québec, lui a remis le mois dernier un projet de projet de loi «clé en main».

Appui à la Résistance franco-ontarienne

Mélanie Joly n’a pas manqué, au Club canadien, de dénoncer les reculs infligés aux Franco-Ontariens par le nouveau gouvernement conservateur provincial de Doug Ford: intégration chez l’Ombudsman d’un Commissariat aux services en français diminué; et surtout blocage du projet d’Université de l’Ontario français.

Parmi les quelque 200 personnes venues la rencontrer se trouvaient d’ailleurs le président Carol Jolin et le directeur général Peter Hominuk de l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, qui mène la «Résistance» aux coupures anti-francophones.

Mme Joly a également salué le recteur sortant de l’UOF, Normand Labrie, présent au déjeuner-causerie comme les dirigeants des principaux organismes communautaires et scolaires francophones à Toronto.

La salle Imperial de l’hôtel Royal York était remplie pour le passage de Mélanie Joly au Club canadien. (Photo: François Bergeron)

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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