Obama est devenu un miroir

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Publié 03/02/2009 par Darnace Torou

Le Mois de l’histoire des Noirs remonte à 1926 lorsque Carter G. Woodson choisit la deuxième semaine de février pour fêter le «Negro History Week», une semaine marquant également l’anniversaire de deux hommes qui ont beaucoup influencé la population afro-américaine, Frederick Douglass et Abraham Lincoln.
 
Février était donc une période de lamentations des Noirs sur leurs ancêtres esclaves, de regard sur le passé glorieux des grands empires, de réflexion sur les actions de ceux et celles qui se sont battus pour la «libération» du Noir!

Par ce revirement dont l’histoire seule a le secret, le passé et le présent se sont rencontrés en Barack Obama, Président élu des États-Unis, devenu symbole de l’espoir.

En effet, dans un pays où l’esclavage a laissé des empreintes profondes, a retiré la dignité à l’homme noir, certains ont, au départ, reproché à M. Obama de ne pas être descendant d’esclaves. Et dans la victoire, on a volontairement oublié, dans cette absolue quête de revanche sur l’histoire, qu’il était un métis (terme remplaçant celui, un peu zoologique de mulâtre qui désignait les descendants des personnes de race blanche et noire).

Du reste, les relations entre Noirs sont assez difficiles à cerner. Une voix, parmi des millions, témoigne dans l’Associated Press du 19 juin 2008: «Pour les Blancs, nous sommes tous noirs, mais dès que vous parlez, certains Africans-Américains se demandent ce que vous faites là». Mme Wanjiru Kamau, habitante de Washington  explique qu’à «l’exception de la peau, qui est juste une façade, les Africains et les Africans-Américains ont très peu de choses en commun». Elle conclut que «nous devons prendre le temps d’écouter l’histoire de chacun». Un chanteur noir répondit à la question de savoir s’il connaissait Barack Obama «si c’était un Africain?».

Un parallèle à établir avec les Noirs Néo-Écossais qui abhorrent d’être appelés «Africains-Canadiens». L’utilité de ce mois de Février ne doit pas se réduire aux danses et tam-tam!

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L’histoire du Noir est simplement faite de préjugés qui l’ont conduit à perdre confiance en lui. Surtout que des scientifiques comme Arthur Jensen, de l’université de Californie, pensent que le «pool» génétique des Africains et celui des Européens a été séparé pendant quelque 30 mille ans. L’illustre savant concluait qu’il n’y a aucune raison pour que les différences physiques s’arrêtent; c’est un fait lié à la couleur de la peau.

L’élection de Barack Obama permet donc à beaucoup de rêver en couleurs, à l’instar de l’Archevêque d’Atlanta Mgr. Wilton Daniel Gregory, pour qui «tout devient possible», un prochain pape noir, par exemple! Un autre homme d’Église, le Frère Robert Omondi, de la paroisse de Kerwa au Kenya, suggère que «l’obamaïsme» devienne l’équivalent de la théologie de la libération.

Dans la litanie, certains chefs d’États Africains, dinosaures politiques de leur état, ont bruyamment salué l’avènement de leur «frère» au pouvoir. À commencer par le Kenya qui a donné le triste exemple d’une démocratie tribale qui a laissé quelques milliers de morts, créée quelques autres milliers de réfugiés et de déplacés dans leur propre pays! Tenez, trois chefs d’États, dans des pays dits démocratiques, totalisent 109 ans de pouvoir grâce aux élections truquées mais avalisées par des observateurs «indépendants»!

Comme l’observe l’écrivain mozambicain Mia Couto, «si Obama avait été africain, notre «frère» devrait justifier devant les moralistes de service la mention, dans son discours de remerciement, de l’appui de la communauté homosexuelle. Péché mortel pour les avocats de la «pureté africaine».

Pour ces moralistes – plusieurs fois au pouvoir – l’homosexualité est un vice mortel inacceptable, étranger à l’Afrique et aux Africains.

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S’il avait gagné les élections, Obama aurait probablement dû s’asseoir à la table des négociations et partager le pouvoir avec le vaincu, dans un processus de négociation dégradant qui montre que, dans certains pays africains, le perdant peut encore négocier ce qui paraît sacré: la volonté du peuple exprimée par le vote. Avis aux Africains-Canadiens qui nourrissent des ambitions politiques!

Une nouvelle page de l’histoire s’est donc écrite, au point où certains ont cru affirmer que le XXIe siècle commençait… le 20 janvier 2009. Si les visions raciales, existentielles diffèrent, Obama est devenu ce miroir qui permet de jeter un nouveau regard sur l’Autre Moi, de la race humaine! Et c’est le lieu de rendre hommage à ceux qui se sont battus, ensemble pour l’égalité et la dignité humaine! Toutes couleurs confondues.

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