Le Dr George Dows Cannon et son épouse Lillian Moseley se voient interdire l’accès à la salle à manger du Château Frontenac (Québec) en 1945 parce qu’ils sont Noirs. Quatre-vingts ans plus tard, dans un essai intitulé L’Affaire Cannon, François Charbonneau révèle les tenants et aboutissants du combat de ce médecin afro-américain contre la discrimination raciale en terre québécoise.
Je vous préviens que l’ouvrage a les allures d’une thèse de doctorat. On y trouve 576 notes en bas de pages. La bibliographie comprend 219 articles de journaux ou de revues, 94 rapports, livres, thèses et parties d’ouvrages, 18 écrits de George D. Cannon, 16 fonds d’archives, 12 entretiens et courriels avec l’auteur, ainsi que 11 sites Internet.
Ce n’est qu’à la page 189 que nous apprenons l’infortune du couple Cannon-Moseley au Château Frontenac. Nous avons d’abord droit à une description fouillée du tumultueux parcours universitaire et professionnel de ce médecin afro-américain, auquel s’ajoute son militantisme acharné en faveur des droits de la minorité noire aux États-Unis.
Plaintes de clients américains
Le 29 juillet 1945, le couple se voit assigner la chambre 4119 au Château Frontenac, «l’hôtel canadien le plus célèbre au monde». Les 30 et 31, il soupe au son de la musique classique dans la salle à manger. Mets excellents et serveurs prévenants. «I was drinking deep from the cup of enjoyable life. Du moins, jusqu’au soir du mercredi 1er août.»
Le maître d’hôtel explique à George qu’il ne peut pas les servir, selon un ordre catégorique du directeur de l’hôtel. L’adjoint de ce dernier explique qu’ils ont reçus des plaintes de clients américains indignés de la présence du couple noir les derniers soirs.