Un buffet d’horreurs par un collectif d’écrivaines

horreur, Monstres et fantômes, collectif sous la direction de Stéphane Dompierre
Monstres et fantômes, collectif sous la direction de Stéphane Dompierre, nouvelles, Montréal, Éditions Québec Amérique, coll. La Shop, 2023, 352 pages, 22,95 $.
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Publié 21/02/2024 par Paul-François Sylvestre

Un collectif de quinze écrivaines relève le défi d’écrire une nouvelle dans un genre qui ne leur est pas habituel: l’horreur. Le résultat est Monstres et fantômes, une preuve que Patrick Senécal n’est plus le seul à occuper ce créneau au Québec.

J’avoue, au départ, ne pas connaître ces quinze auteures: Mélikah Abdelmoumen, Jade Bérubé, Fanny Bloom, Stéphanie Boulay, Catherine Côté, Fanie Demeule, Marie Demers, Laurence Gough, Geneviève Jannelle, Marie-Hélène Larochelle, Véronique Marcotte, Maude Nepveu-Villeneuve, Mikella Nicol, Erika Soucy, Mélissa Verreault.

Papier-peint carnivore

Ce qu’elles racontent n’est évidemment pas des «belles histoires où les demoiselles en détresse se font sauver par des bons samaritains». Nous sommes souvent plongés dans une nuit froide «avec une odeur de feuilles mortes et d’arbres morts et de cadavres».

Catherine Côté campe une femme dans une pièce où les murs sont recouverts de papier-peint fleuri. Quand elle les regarde, les fleurs se transforment en bouches béantes qui s’ouvrent de plus en plus grandes pour… l’avaler.

Quand quelqu’un sert des crudités, on s’attend souvent à tremper des bâtons de céleri, carotte ou zucchini dans une trempette aux fines herbes.

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Sado-maso à Toronto

Marie-Hélène Larochelle signe une nouvelle intitulée Crudité, et l’action se déroule à Toronto, dans le loft d’une maison victorienne sur la rue Borden au nord de la rue College.

Des femmes sado-maso traquent un homme sur le site de rencontre Tinder. Elles le forcent à avaler des bouchées inédites: feuilleté menstrues, omelette au sperme, macaron cyprine, ganache de selles. Leurs ingrédients n’ont pas de limites; elles ont accès à des placentas et à des membranes ovulaires, une niche qu’elles souhaitent développer davantage.

Panique

Dans Le chat noir et autres contes, la protagoniste de Maude Nepveu-Villeneuve ne sait pas si elle est tombée sur un illuminé qui s’amuse à la faire paniquer pour se désennuyer, mais chose certaine, elle lui fournit toutes les idées sur un plateau d’argent.

«Ça m’apprendra à faire lire des contes d’horreur à des jeunes impressionnables et à me féliciter ensuite quand ça leur fait de l’effet.»

Petite précision sur cette auteure. Il arrive encore à Maude Nepveu-Villeneuve de faire de l’insomnie parce qu’elle a parlé du film The Shining avec son chum avant de se coucher.

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Films d’horreur

Mélissa Verreault, pour sa part, a toujours détesté les films d’horreur. Elle n’est pas à une contradiction près lorsqu’elle accepte l’invitation d’écrire une nouvelle qui fait peur.

«À l’instar de son personnage, elle hallucine souvent des affaires, comme des animaux machiavéliques dans les marbrures de la céramique de la salle de bain ou des femmes à barbe dans les reliefs en plâtre du plafond de chez sa grand-mère.»

Je parie que certaines des auteures de ce collectif récidiveront, car leurs mots s’emboîtent ou s’arriment souvent pour créer d’étonnantes phrases terribles où les monstres défient les humains.

Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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