Trump et Le Pen: la dédiabolisation qui libère la parole

Trump Le Pen
La convention républicaine à Milwaukee cette semaine.
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Publié 17/07/2024 par François Bergeron

Rare bonne nouvelle en provenance du front de la liberté d’expression: l’actualité politique en France et aux États-Unis est de nature à libérer la parole, au profit de débats politiques plus productifs.

Le président Joe Biden a appelé les Américains, le 14 juillet, à faire baisser la tension politique, à la suite de l’attentat contre son prédécesseur et adversaire Donald Trump la veille. La violence politique est inacceptable; nous pouvons être adversaires mais jamais «ennemis», a-t-il dit en substance.

Joe Biden, Donald Trump.
Joe Biden, Donald Trump.

Trump = Hitler

Cela signifie, entre autres, qu’il faut cesser de comparer Trump à Hitler. Car, moralement, la violence est autorisée pour défendre la démocratie et les libertés fondamentales. La guerre contre Hitler était justifiée.

Les Républicains, eux, pourraient cesser de qualifier les Démocrates de traîtres, et les immigrants de vermine. Et ils n’auraient pas dû nier aussi effrontément le résultat de l’élection de 2020.

Ça ne veut pas dire qu’on doive cesser de critiquer l’adversaire politique, exposer ses manquements et dénoncer les conséquences néfastes anticipées de son programme. Ce serait tout le contraire de «libérer la parole».

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Mais ça implique de reconnaître la différence entre la réalité et l’hyperbole. Dire que Trump pose une menace existentielle irréparable à la démocratie américaine, c’est de l’hyperbole. Dire que Biden va ruiner le pays aussi. Il faut remplacer l’hystérie par la raison, les slogans réducteurs par les arguments intelligents… ou au minimum intelligibles.

Les médias et le peuple

En France, la diabolisation des «extrêmes» gauches et droites a trop souvent servi de justification à la censure.

Par exemple, en vue des récentes élections législatives, plus de 100 médias – la plupart peu connus, sauf Mediapart – se sont déshonorés en formant un «front commun contre l’extrême droite» (le Rassemblement national de Marine Le Pen et Jordan Bardella) qui menacerait selon eux le journalisme et la presse libre.

Il s’agissait surtout d’un pacte pour ne pas donner la parole au RN, une pratique anti-journalistique qui n’a servi qu’à confirmer qu’historiquement, c’est plus souvent l’extrême gauche qui menace le journalisme et la presse libre.

À la lumière des résultats du scrutin, on peut espérer que les heures de tels épouvantails sont comptées. Le tiers des Français qui ont voté RN, ou le quart qui ont voté NFP, ne sont plus qualifiés d’«extrêmes» que par le cinquième qui ont voté au centre.

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Jordan Bardella et Marine Le Pen
Jordan Bardella et Marine Le Pen.

Devine qui vient dîner?

C’est ainsi qu’un reportage du journal Libération, conçu pour faire scandale, a plutôt produit des sentiments inverses: soulagement, décrispation, espoir.

Le journal rapportait que l’ancien premier ministre Édouard Philippe a dîné récemment avec Marine Le Pen pour «mieux se connaître». Et qu’une autre personnalité du centre a rencontré Jordan Bardella. Les deux dîners avaient lieu chez un ancien proche conseiller du président Emmanuel Macron

Bravo! Des gens d’allégeances politiques opposées arrivent à se parler!

Les promoteurs de «cordon sanitaire» et d’«arc républicain» y voient des «liaisons dangereuses» à interdire ou censurer. Mais après ces élections législatives non concluantes, il faudra bien dégager une majorité parlementaire fonctionnelle. Vive les dîners privés!

Auteurs

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

  • l-express.ca

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