Trois films et deux séries sur Netflix, Prime, MUBI…

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Audrey Fleurot interprète une prostituée/espionne dans la nouvelle série Les Combattantes, qui se déroule dans la France de 1914.
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Publié 01/02/2023 par Festival Cinéfranco

Périodiquement dans l-express.ca, l’équipe de Cinéfranco, le festival torontois du film francophone qui vient de fêter son 25e anniversaire, et qui organise en février son festival Jeunesse École, partage avec vous des suggestions de films ou de séries sur les plateformes Netflix, Apple, Amazon, Crave, HBO, Disney et d’autres.

Voici trois films et deux séries disponibles ce mois-ci.

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Le film Jeanne Dielman, 23 Quai du Commerce, 1080 Bruxelles, sur The Criterion Channel et Apple iTunes.

Jeanne Dielman, 23 Quai du commerce 1080 Bruxelles

Ce drame de Chantal Akerman (1975), promu meilleur film de l’histoire du cinéma en décembre 2022 par Sight and Sound, la revue de cinéma du British Film Institute, a secoué la sphère cinématographique par le vote des 1600 critiques et divers spécialistes consultés.

Jeanne Dielman, 23 Quai du commerce, 1080 Bruxelles couvre trois jours dans la vie d’une veuve, mère très dévouée d’un ado de 17 ans. Jeanne s’adonne à des tâches quotidiennes ménagères, répétitives avec «le même soin robotique, la même précision désincarnée» (Jean-Marc Lalanne) dans de longs plans fixes et un silence piqué de rares répliques.

Entre vaisselle et cuisine, elle se prostitue dans son appartement, à heures et jour réguliers.

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Protégée par ce rituel bien réglé, elle n’a pas le temps de penser… Sauf qu’au troisième jour, elle n’est plus la même. Aurait-elle découvert le plaisir de l’orgasme la veille avec un client? Pense-t-elle qu’il ne se reproduira plus une seconde fois? Est-ce de la jouissance ou s’est-elle sentie violée? Ce plaisir sexuel vient-il détruire la rigidité rassurante de son hyper quotidien? Son fils se doute-t-il de ce qui se passe?

Le drame tourne à la tragédie grecque.

Delphine Seyrig, superbe à contre-emploi, donne à la ménagère asservie par la société masculine, une visibilité voulue, véritable déclaration politique féministe de Chantal Akerman par le choix atypique de son héroïne, et par son équipe de tournage à 80% féminine déjà en 1975.

Un film hypnotisant, audacieux qui «fait de l’art avec une femme qui fait la vaisselle», tout en s’inspirant de sa vie personnelle.

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Le film Madeleine Collins sur MUBI/Cinéfranco.

Madeleine Collins

Dans Madeleine Collins, d’Antoine Barraud (2021), Judith et son époux, le grand chef d’orchestre Melvil Fauvet, vivent bourgeoisement en France avec leurs deux fils. Judith est souvent en déplacement à cause de son métier de traductrice à Genève. Là, Judith, quelquefois Margot, vit chez Abdel avec qui elle élève la petite Ninon perturbée par ses absences répétées.

Judith sait convaincre ses fils et ses hommes, Abdel et Melvil, qu’elle les aime fort, qu’elle pense tout le temps à eux… Mais l’intrigue se complique au fur et à mesure qu’Abdel résiste à la séduction de Judith.

Melvil, qui sait que Judith voit Abdel, espère son retour définitif au foyer marital. Joris, leur fils ado incrédule, contribue à faire craquer la coquille des mensonges. Des circonstances dramatiques angoissantes obligent Judith à se regarder en face. Une arrestation fortuite pour excès de vitesse la force à se définir, une promenade ratée dans la forêt avec une Ninon aux abois la pousse à faire des choix.

«On se souvient à ce titre que le premier long-métrage de Barraud s’intitulait Les Gouffres (2012) et posait déjà une question vertigineuse: quand on plonge au fond de soi-même, ne risque-t-on pas d’y trouver quelqu’un d’autre?» (Le Monde)

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Mais au fait qui est Madeleine Collins au visage semblable à celui de Judith ou de Margot? Virginie Efira, toute en nuances, est dans la mouvance schizophrénique de cette femme au double visage. Élégante, lumineuse, éplorée, blessée, mais aussi tendre et combattante, cette femme trouble nous charme, nous bouleverse et nous magnétise.

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Le film Olla sur MUBI/Cinéfranco.

Olla

Avec sa chevelure rousse, ses hauts talons, Olla débarque chez Pierre, dans le pavillon de banlieue où il vit avec sa vieille mère. Pierre avait placé une annonce sur un site de rencontres des femmes de l’Est, et Olla y avait répondu.

À qui s’attendait Pierre? À une femme slave soumise aux valeurs traditionnelles familiales. À quoi s’attendait Olla? À s’épanouir dans sa féminité et sa vie affective.

Au début de ce court-métrage de 27 minutes d’Ariane Labed (2029), Olla joue le jeu de la femme docile: elle prend soin de la vieille mère, elle cuisine, elle fait les courses. Elle dort avec Pierre sans rien d’excitant.

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Mais dans ce grand pavillon triste, dans les rues désertes où traînent quelques jeunes qui sifflent à son passage et la traitent de «sale pute», Olla s’ennuie et se construit.

Bien que Pierre soit omniprésent avec sa mère et ses demandes quotidiennes, il reste hors du champ de la caméra, comme absent. Ariane Labed prend alors le parti de filmer Olla avec franchise et candeur dans ses actes sexuels.

On sent que son regard de femme réalisatrice est dénué de complexes. La danse suggestive sous les yeux de la vieille mère qui voit Olla se déhancher, onduler, basculer son bassin, se frotter aux murs et marquer de son corps le vide spatial de ce salon, fait à la fois rire et pleurer.

D’ailleurs Ariane Labed le dit bien: «Ce n’est pas un drame social, c’est, je l’espère, une fable drôle et cruelle.».

Louise Penny
La série Three Pines sur Prime Vidéo.

Three Pines

Dans la nouvelle série bilingue Three Pines, inspirée des romans de Louise Penny, quatre crimes répartis en huit épisodes mettent en exergue le village de Three Pines, dans les Cantons-de-l’Est.

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Le village est un véritable personnage, avec son café-restaurant tenu par un couple gai (à noter la présence de notre Pierre Simpson national), la librairie de Myrna Landers (la truculente Tamara Brown), la galerie d’art autochtone dirigée par Bea Mayer (la formidable Tantoo Cardinal)… et les scènes de crimes.

Alors que la Sûreté du Québec a classé la disparition de Blue Two-Rivers, jeune fille de la communauté Mohawk, comme une fugue, l’enquête de l’inspecteur Gamache, de Jean-Guy Beauvoir et d’Isabelle Lacoste en dit autrement.

Armand Gamache, doué pour débusquer les meurtriers, reste attachant par sa vulnérabilité. Ses souvenirs du passé le hantent. Il partage avec sa femme Reine-Marie une tendresse émouvante. Empathique à la souffrance des communautés autochtones, il veut résoudre la disparition de Blue Two-Rivers contre vents et marées. D’où un suspense prenant.

Une des enquêtes (épisodes 3 et 4) porte sur le crime abominable d’enfants indigènes au pensionnat Saint Anthony du village. Tracey Deer, cinéaste Mohawk, en tant que consultante, assure la véracité des détails affectant les communautés des Premières Nations.

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Tournée à Montréal et à Saint-Armand dans les Cantons-de-l’Est, la série canado-britannique est réalisée par le trio Sam Donovan, Tracey Deer, Daniel Grou. Elle foisonne d’acteurs captivants, pour ne citer qu’Alfred Molina (Gamache), Elle-Máijá Tailfeathers (Isabelle Lacoste), Rosif Sutherland (Jean-Guy Beauvoir).

Le passage de l’anglais au français (avec sous-titres anglais) donne une dimension culturelle intéressante.

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La série Les Combattantes sur Netflix.

Les Combattantes

Dans le petit village de Saint Paulin, à l’Est de la France et à quelques kilomètres de la zone allemande, la guerre se déchaîne dans toute sa violence. On est en 1914 et les soldats blessés occupent le couvent devenu hôpital militaire sous la supervision de mère Agnès déchirée dans sa foi devant tant de souffrance.

Mère Agnès est une des quatre femmes au centre de la fresque historique d’Alexandre Laurent: Les Combattantes (2022).

Marguerite de Lancastel (flamboyante Audrey Fleurot) est une prostituée venue de Paris à la recherche d’un homme. Serait-elle espionne?

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Caroline Dewitt se voit confier la direction de l’usine familiale par son époux Victor, parti en guerre. Une situation bien singulière pour une femme en 1914!

Suzanne Faure, infirmière et avorteuse clandestine à l’hôpital de la Salpêtrière, fuit le courroux et la vengeance de Louis Compoing, inspecteur de la police judiciaire et mari effondré par la mort de sa femme.

Marcel et Yvonne Dumont, propriétaires sulfureux du bordel, vendent de la drogue, du sexe et fomentent des complots empreints de haine et d’influences malsaines.

Chaque épisode, habité par les drames, les secrets, les mystères, se termine par un moment de suspense et d’angoisse. Tchéky Karyo, Sandrine Bonnaire, Grégoire Colin, Tom Leeb, Sofia Essaïdi, superbes acteurs, entourent Audrey Fleurot, Camille Lou et Julie De Bona déjà réunies dans Le Bazar de la charité.

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Ce grand spectacle au rythme effréné, aux costumes bien conçus, aux camions ambulanciers authentiques, est cousu d’une gamme de personnages vils attachants qui provoquent un torrent d’émotions.

Une saison de 8 épisodes sur Netflix. Une saison 2 semble se profiler!

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