Toronto: le tourisme ne tourne toujours pas à plein régime

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Le centre-ville de Toronto vu du Nord. À l'avant-plan: Queen's Park et le parlement provincial. Photo: Destination Toronto
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Publié 22/07/2024 par Soufiane Chakkouche

Grâce à sa diversité culturelle, ses attractions et sa place financière, Toronto est de loin la ville qui attire le plus de visiteurs au Canada. Toutefois, à en croire la dernière étude publiée par Destination Toronto, le secteur du tourisme de la ville-reine peine à retrouver son niveau prépandémique, plus de deux ans après la levée totale des restrictions liées à la covid, et après 625 millions $ injectés par la province pour remettre l’industrie sur pied.

À elle seule, Toronto, c’est deux fois et demie le nombre de visiteurs annuels à Montréal, c’est un tiers des dépenses directes des visiteurs de l’Ontario et 68% de celles des touristes de la région du Grand Toronto. Cela fait de la Ville-reine la destination préférée des touristes nationaux et internationaux au Canada.

Cependant, malgré cet engouement qui a repris après la crise engendrée par la covid, l’industrie touristique de la ville peine à retrouver son niveau d’avant la pandémie.

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Les Canadiens restent les touristes les plus nombreux à Toronto. Photo: Destination Toronto

Moins de touristes qu’en 2019

En effet, selon le rapport sur l’impact économique des visiteurs à Toronto publié en juin dernier par Destination Toronto, ils étaient 26,5 millions de visiteurs, dont 88% de nationaux, à avoir foulé le sol de Toronto en 2023, contre 28 millions en 2019.

«Même si certains marchés se portent bien, comme le marché intérieur et le marché mexicain, d’autres, comme la Chine, ne se sont pas encore remis pour diverses raisons comme l’accès aux vols et les problèmes diplomatiques», développe Kathy Motton, responsable des communications à Destination Toronto.

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«Pour que le tourisme soit un impulseur économique pour la croissance, il faut que tous les marchés reviennent à plein régime.»

Plus en détail, le marché américain, vital pour l’industrie, demeure inférieur de 21% par rapport au niveau antérieur à la pandémie. Du reste, seul le nombre de touristes mexicains dépasse celui affiché en 2019, alors que les touristes chinois qui représentent le plus grand marché étranger, hors États-Unis, sont 27% moins qu’en 2019.

Kathy Motton
Kathy Motton. Photo: courtoisie

Dépenses record des visiteurs

Cela dit, l’impact direct des dépenses des visiteurs en 2023 est de 8,4 milliards $, contre 8,2 milliards $ en 2019, générant ainsi un impact économique total de 12,6 milliards $ pour Toronto.

Ces dépenses sont réparties à hauteur de 26% dans l’hébergement, 26% dans le transport local et aérien, 24% dans la restauration, 13% dans le magasinage et 11% dans les loisirs.

De plus, cet impact économique a soutenu près de 67 000 emplois et généré 2,1 milliards $ de recettes fiscales en 2023, soit assez pour couvrir le salaire moyen de 33 000 enseignants des écoles publiques de la ville de Toronto.

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Une amélioration en trompe-l’œil

Mais qu’on ne s’y méprenne pas, cette hausse des dépenses est loin d’être significative, comme l’explique Kathy Motton. «Même si les dépenses des visiteurs sont supérieures de 2% à celles de 2019, une grande partie de cette augmentation est due à l’inflation.»

Plus que cela, si l’on prend en considération l’inflation moyenne de la province qui oscillait autour de 4% en 2023, ce résultat pourrait s’avérer baissier.

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Les touristes dépensent plus de 8 milliards $ par année à Toronto. Photo: Destination Toronto

Les grands rassemblements n’ont toujours pas la cote

Autre segment du secteur touristique qui ne retrouve toujours pas ses couleurs, celui des grands rassemblements, tels que les grandes conférences, les voyages d’affaires et les événements majeurs, ne s’est pas complètement rétabli.

D’après le rapport annuel de Destination Toronto, ce segment n’a attiré que 290 000 visiteurs à Toronto l’an dernier, contre 444 000 en 2019, soit une perte de 35%.

«Les événements et les conférences ont généralement une longue fenêtre de réservation. Ce qui signifie qu’un bon nombre de ceux qui se déroulent actuellement ont été réservés pendant les restrictions au Canada, alors que les États-Unis étaient ouverts et acceptaient les réservations», souligne Kathy Motton.

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Délais de traitement des visas

De son côté, Andrew Siegwart, PDG de l’Association de l’industrie touristique de l’Ontario, attribue ce recul à plusieurs facteurs, dont «la tendance persistante du travail à distance ou hybride et la réduction des dépenses des entreprises en raison de l’inflation et de la prudence des consommateurs».

«Nous remarquons également que l’augmentation des délais de traitement des visas désavantage les destinations partout au Canada, et ce à l’échelle mondiale», ajoute-t-il.

Conscient de ce manque à gagner qui perdure, Destination Toronto s’active pour renverser la vapeur.

Andrew Siegwart
Andrew Siegwart. Photo: courtoisie

La riposte

Afin de résoudre ce problème, Destination Toronto s’appuie sur les secteurs économiques florissants de la ville, comme la finance et la technologie.

«Par exemple, The Consensus Conference a décidé de se déplacer à Toronto l’année prochaine», se targue Kathy Motton. Il s’agit de la plus importante manifestation au monde qui rassemble la communauté des cryptomonnaies, de la blockchain et du Web3.

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Même son de cloche du côté d’Ottawa par le biais de l’Agence fédérale de développement économique pour le Sud de l’Ontario (FedDev Ontario).

«On a mis en œuvre des programmes essentiels, telle que l’Initiative d’appui aux grands festivals et événements (IAGFE), pour aider ces derniers à se remettre des répercussions de la pandémie et à se préparer à la croissance future», fait savoir la communication de l’Agence.

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Toronto fait sa promotion dans divers salons du tourisme. Photo: Destination Toronto

Assister les candidatures d’événements

Pour sa part, Andrew Siegwart préconise d’accroître les efforts de collaboration entre les gouvernements et le secteur des voyages d’affaires, des grandes conférences et des événements sportifs.

«La collaboration peut prendre la forme d’un traitement accéléré des visas pour certains types d’événements. On peut aussi créer des fonds de candidature pour aider à rendre les candidatures à des conférences ou à des sports en Ontario plus compétitives à l’échelle mondiale», recommande-t-il.

Quant à la période estivale en cours, les indicateurs sont plutôt au vert. Selon la porte-voix de Destination Toronto, ils seront même «légèrement» meilleurs qu’à la même période de l’année dernière.

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