«Encore énormément de travail à faire pour la santé mentale en français»

Forum sur l'accès aux services de santé mentale organisé par Entité 3
Les intervenants Jeanne Françoise Mouè, Yves Francis Danteu, Kristine Kjeldsen, Michel Tremblay, Solange Belluz, Patrick Padja, Constant Ouapo, Oureye Seck, Geneviève Quintin, Antoine Derose, Aliou Sène. Photos: Lila Berdai, l-express.ca
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Publié 31/03/2024 par Lila Berdai

Malgré la Loi sur les services en français de l’Ontario, le domaine de la santé mentale fait face à des défis particuliers en termes de prise en charge et d’accessibilité.

Ramener ces problématiques à l’ordre du jour était l’objectif du Forum en Santé mentale organisé par l’Entité 3 ce jeudi 28 mars dernier au Manoir Glendon.

Un système encore fragile

Réunis autour d’une grande table ronde par l’agence de planification des services de santé en français couvrant Toronto et sa grande banlieue Ouest, plusieurs organismes ont eu l’occasion de renforcer le réseau de soutien.

Étaient présents Entité 4, la FARFO (Fédération des aînés et des retraités francophones de l’Ontario), et le CNFS (Consortium national de formation en santé). En tout, 75 personnes ont participé à ce premier forum orienté vers la santé mentale.

Forum sur l'accès aux services de santé mentale organisé par Entité 3
Constant Ouapo, directeur général de l’Entité 3.

L’Entité 3 s’assure que la voix des francophones soit entendue et que leurs besoins en matière de santé mentale soient adressés. «Avec Santé Ontario et les associations, nous sommes résolus à trouver des solutions adaptés aux problèmes, car il y en a encore plusieurs», affirme Constant Ouapo, président du conseil d’administration d’Entité 3.

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Bien que les associations de services de santé redoublent leurs efforts pour s’adapter à la demande des francophones dans le Grand Toronto, il y a encore «un grand nombre d’obstacles» qui se dressent devant l’optimisation des services de santé mentale en français, reconnaît Carl Bouchard, le commissaire aux services en français.

Parmi eux, les associations pointent du doigt une gestion parfois inadaptée au sein des structures de santé, à l’origine d’un difficile accès aux services.

Un déséquilibre entre l’offre et la demande

Selon une étude de CAMH, le Centre de toxicomanie et de santé mentale, basé à Toronto, 47% des élèves des écoles secondaires de la province ont signalé souffrir de troubles psychologiques. En parallèle, 53% des Franco-Ontariens disent connaître un accès limité, voire inexistant, aux services de santé mentale, malgré la Loi sur les services en français.

Aliou Sène, le chef de service régional en action sociale de CAMH (qui est aussi président du conseil d’administration Centre francophone du Grand Toronto), évoque le manque de réactivité des services qui parfois tardent à prendre en charge les patients. «Le temps d’attente moyen pour les services allait de deux jours pour les situations de crise à 98 jours pour les services intensifs.»

Forum sur l'accès aux services de santé mentale
Au Forum sur l’accès aux services de santé mentale en français, au Manoir Glendon.

Briser le tabou de la santé mentale

Bien que l’offre de services en français est de plus en plus démocratisée, ce qui encourage les francophones à se diriger vers des centres de soins, de nombreux francophones seraient encore résilients à avoir recours aux services de soins.

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L’un des soucis soulevé par les organisations est la stigmatisation de la santé mentale. Il serait nécessaire de promouvoir plus efficacement la sensibilisation de la santé mentale, afin d’éviter que cela dissuade les patients à se tourner vers les services de soins dès les premiers signes de troubles psychologiques.

«Il faut éviter d’aborder la question de la santé mentale à travers l’aspect pathologisant, car cela crée des barrières avec les patients. C’est aussi un défi de devoir raconter un traumatisme plusieurs fois afin de bénéficier de prestations médicales. Il faut le prendre en compte pour améliorer la qualité des services», précise un intervenant.

Antoine Derose, consultant en santé mentale et professeur au Collège Boréal, précise que «la majorité des troubles de santé mentale diminuent les capacités d’adaptation d’un individu lorsque celui-ci traverse un moment difficile».

Ce dernier explique que certaines catégories d’individus sont plus susceptibles de voir leur santé mentale se dégrader, comme les personnes affectées par l’isolement social, les nouveaux immigrants, les personnes victimes de rejet communautaire, les jeunes et les aînés.

Forum sur l'accès aux services de santé mentale
Antoine Derose, prof au Collège Boréal.

Accroître le financement

Pour assurer l’efficacité des prestations de santé mentale en français, il serait nécessaire d’engager un dialogue entre les cliniciens afin de se préparer aux différents historiques des patients. Néanmoins cela n’est pas suffisant: les associations présentes lors du forum sonnent l’alarme face aux bailleurs de fonds.

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Les fournisseurs de services de santé mentale en français doivent disposer tant de ressources humaines que financières afin d’être efficaces. L’un des points soulignés lors du forum est que les bailleurs de fonds devraient subventionner davantage les structures de santé.

«S’il n’y a pas de ressources suffisantes, il n’est pas possible de fournir une aide adaptée.»

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