Après trois recueils de poésie, Sébastien Dulude signe un premier roman où il aborde l’enfance avec brio. Intitulé Amiante, cette prose finement ciselée porte sur une amitié particulière, avec juste ce qu’il faut de non-dits et d’ellipses.
Les protagonistes du roman sont Steve Dubois, 9 ans, et Charlélie Poulin, 10 ans. Ces deux garçons vivent à Thetford Mines, ville phare de l’industrie de l’amiante québécoise. L’action se déroule d’abord durant l’été 1986, période où les deux garçons s’abandonnent aux plaisirs de l’amitié.
Enfants inséparables
La première fois que Steve rencontre le petit Poulin, il remarque d’abord un garçon à la dégaine polissonne, puis «l’ami que je cherchais désespérément». Devenus inséparables, les deux enfants passent l’été en enfourchant leurs vélos ou allongés dans leur cabane dressée dans un pin.
Leurs sentiments se forgent parmi «le frisson aigu des grillons, les trilles des passereaux et le sifflement des couleuvres». Très tôt dans le roman, Steve sent la peau de la cuisse de Charlélie contre la sienne. «Une électricité chaude reliait nos chairs…»
L’air de leur bouche s’échange. Le faîte du slip de Charlélie semble tendu, voire palpitant. Steve empoigne doucement le sexe de son ami et apprécie l’étrange humidité qui se forme à la pointe. «Bruissement d’ailes d’un oiseau en envol. Nous nous sommes éveillés. Ça n’avait rien d’éternel.»