Retour trop en douce du commissaire Brunetti

Donna Leon, L’Épreuve du feu
Donna Leon, L’Épreuve du feu, roman traduit de l’anglais par Gabriella Zimmermann, Paris, Éditions Calmann-Lévy, 2025, 350 pages, 39,95 $.
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Publié 27/12/2025 par Paul-François Sylvestre

L’emblématique commissaire Guido Brunetti de la romancière Donna Leon est de retour pour une enquête à Venise, cette fois sur les traces de gangs d’adolescents. Il doit compter plus que jamais sur l’aide de deux collaboratrices chevronnées.

Donna Leon ne m’est pas étrangère, loin de là. J’ai lu et recensé une dizaine de ses polars. Son nouvel épisode s’intitule L’Épreuve du feu et se démarque des précédents par un rythme plus lent, une intrigue plus terne et une intensité plus faible.

Qui sont ces baby gangs? «Ils ont tout pour eu: ils vont dans de bonnes écoles, ils mangent à leur faim, ils partent en vacances l’été… et voilà qu’ils causent des problèmes, et sur la piazza San Marco par-dessus le marché.»

Collaboratrices

Le rythme de ce polar est non seulement plus lent, il est parfois endormant. Il ne se passe presque absolument rien pendant les 100 premières pages. Donna Leon prend trois-quatre paragraphes pour monter un escalier banal, pour décrire un temps printanier ou une pasticceria.

Brunetti travaille de près avec Claudia Griffoni, une collègue qui, tout en demeurant discrète sur sa propre vie privée, considère les potins comme une source inestimable de renseignements. Cela fait partie intégrante du caractère napolitain de la commissaria.

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L’autre collaboratrice de Brunetti est la signorina Elettra Zorzi, secrétaire du chef de police (vice-questore). Elle fournit une aide cruciale grâce à ses compétences en informatique et à son vaste réseau de contacts formels ou underground.

Ados en quête d’émotions fortes

Revenons aux baby gangs. Ce sont des ados en quête d’émotions fortes: peur, admiration, respect, émulation. Ils ne cherchent pas de gains financiers. Ils tirent plutôt fierté de leurs prouesses, qui consiste à faire du mal à leurs adversaires et à en sortir victorieux.

«Ils préfèrent filmer leurs bagarres et poster ces vidéos partout où ils peuvent et ils se glorifient de voir le nombre de leurs followers monter en flèche après chacune de leurs échauffourées avec un gang rival.» Le nombre de «Oui» ou «J’aime» les dynamise.

Un des ados amenés au poste de police est le fils de Dario Monforte, un carabinieri de la guerre en Irak, qui a participé au désastre militaire de Nassiriyah et qui en est ressorti un héros adulé par les Vénitiens. Le roman prend dès lors une nouvelle tournure étoffée de demi-vérités et purs mensonges.

Corruption

À l’instar des autres polars de Donna Leon, L’Épreuve du feu regorge de mots italiens sans traduction. Pas de problème pour commissario, dottoressa, palazzo, calle, campo, piazzetta ou buon appetito.

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Dans le cas des mots plus rares, on fournit une traduction. En voici deux exemples: pelati (tomates pelées) et tramezzini (petits sandwiches triangulaires). Parfois une phrase complète: È stato un piacere (j’ai été ravie de vous connaître).

Après de rares tensions et aucun crescendo pendant trois quarts du roman, Leon se rachète en se rabattant sur la corruption, vénérée et intouchable, pour faire une victime intéressante. Trop peu trop tard, à mon avis.

Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

  • l-express.ca

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