Reportage photo d’une année oblitérée: 2020

Souvenir de balades dans une ville transformée par la pandémie

pandémie, covid, 2020
Hommage aux anges gardiens: les travailleurs essentiels. Photos: Nathalie Prézeau
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Publié 04/01/2024 par Nathalie Prézeau

Vous avez bien lu 2020. Pas 2023.

Pour la nouvelle année, nous nous sommes abonnés à Disney+ dans le but de regarder enfin le fameux documentaire de Peter Jackson sur les Beatles. Quand j’ai vu que le film Mulan y était à l’affiche, je me suis installée confortablement pour l’écouter puis… flashback!

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L’affiche de Mulan au cinéma The Beach en 2020.

Début janvier 2020: je suis ravie de voir Mulan annoncé en grande pompe pour le 26 mars sur la devanture du cinéma The Beach. Bien hâte de voir comment ils adapteront le film animé de 1998 que j’ai tant regardé avec les enfants.

24 mars 2020: l’Ontario et le Québec officialisent les fermetures de commerces pour contrer «le coronavirus», la COVID-19. Durant plus d’un an, mon cinéma local conservera l’affiche de Mulan, me faisant mesurer l’impact sur nos vies de cette pandémie qui perdure. On connaît la suite.

Mais s’en souvient-on vraiment?

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Recommandation.

Du jour au lendemain, les balades deviennent l’une des rares activités permises, et les cafés et boulangeries que j’inclus toujours dans mes circuits sont déclarés essentiels.

Je terminais alors la recherche pour mon guide Toronto Best Urban Strolls. J’ai rapidement conclu qu’il serait fort utile et choisi de le publier en mai 2020.

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Balade dans le Canary District.

C’est alors que Costco, mon plus gros client, a choisi d’arrêter de vendre des guides!

Jai malgré tout réussi à écouler les 3 000 exemplaires de cette édition, avec la satisfaction de savoir que j’avais aidé de nombreux Torontois à jouer aux touristes dans leur ville durant cette pandémie qui empêchait les voyages.

Au fil de mes propres balades en 2020, j’allais d’étonnement en étonnement, croquant des scènes urbaines uniques. Revoir ces photos m’a fait revivre des émotions presque oubliées. Ça ne fait pourtant pas si longtemps!

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Je partage donc ici mon album souvenir afin qu’on ne souffre pas trop de myopie historique. Spacing Magazine a d’ailleurs publié en 2020 une édition spéciale dans ce but.

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Numéro spécial de Spacing.

On se souvient des accès interdits aux toilettes publiques, et à la gestion des bancs publics… Mais qui se rappelle que dans la première semaine, on a été témoins d’une chute drastique du prix de l’essence? Et que les parcs les plus populaires ont été fermés pour éviter les rassemblements?

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Déflation.
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Un siège sur quatre dans le streetcar.
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Pas trois, pas deux, même pas une personne par banc.
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Fermer les parcs, vraiment?

Les entrepreneurs les plus débrouillards ont rapidement su s’adapter aux restrictions. Bud’s Local dans The Beach fut l’un des premiers cafés à transformer sa devanture en comptoir pour accommoder les commandes à emporter. Les autres ont tout fait pour faciliter le respect des deux mètres entre leurs clients.

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Vente au comptoir.
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Réparation de vélo sur le trottoir.
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Indications en rouge.
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Pensée positive.

Ceux qui n’avaient pas encore informatisé leurs modes de paiement s’y sont mis. Les restaurateurs astucieux ont su rationaliser leur menu pour conserver les meilleurs vendeurs qui leur permettraient de survivre.

Réussir à couvrir le loyer est devenu prioritaire, et les Torontois qui valorisent leur vie de quartier ont répondu à l’appel d’acheter «local». La fermeture d’un commerce de quartier pesait lourd sur le moral.

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Pensez global, achetez local.
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Anticipation.
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Merci au proprio.

Ici et là sont apparues des boutiques «pop-up» dans les cafés et restaurants de la ville.

Dans le but d’aider ces établissements à survivre à la fermeture de leur section assise, l’Ontario avait modifié sa législation sur les alcools pour permettre aux bars et aux restaurants de vendre de l’alcool à emporter et à livrer. Ce changement qui est devenu permanent!

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Plusieurs commerces ont pu diversifier leur offre.

Bien des quartiers ont pris vie grâce au programme CaféTO établi d’urgence en 2020 pour permettre aux commerces d’empiéter sur le trottoir ou la rue avec leurs terrasses invitantes. Ce programme a désormais un statut permanent à Toronto!

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Multiplication des terrasses.

Plusieurs entrepreneurs ont opté pour l’humour (parfois noir) et la fantaisie pour passer à travers la crise, jouant avec leur affichage ou leur vitrine. Les artistes de rue s’y sont aussi mis.

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Code vestimentaire.
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La mascotte de Toronto mise à contribution.

D’autres ont voulu exprimer leur gratitude envers le personnel de première ligne si courageux. Telle la compagnie d’éclairage Moss LED qui a créé les coeurs lumineux Our Glowing Hearts, un symbole d’appui aux travailleurs de la santé adoptés par tant de Torontois.

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Et le vignoble Megalomaniac qui a mis en marché en avril 2020 ses vins Much Obliged, dont ils ont livré deux caisses dans 30 établissements de la santé du Niagara et alloué une partie des profits à Food Banks Canada.

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Le coeur à la fenêtre.
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Hommage aux travailleurs essentiels.

Les problèmes d’approvisionnement ont laissé une grande impression. Il fallait bien manger malgré nos craintes du début, personne ne sachant trop comment gérer la dangereuse contagion. Dans les premières semaines, j’ai même vu un client égrener son chapelet dans la file d’attente chez Loblaws…

Les commerces ont commencé à réserver la première heure de magasinage aux personnes âgées, plus vulnérables à la covid. Nombreux sont les voisins qui ont été solidaires des aînés de leur quartier en leur offrant de faire leur course pour eux.

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Limitation du nombre de consommateurs dans les commerces.
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Bon voisinage.

Puis se sont perfectionnés les services de livraison des supermarchés. Amazon a confirmé son statut de «maître du monde». Les voleurs de colis ont proliféré eux aussi…

Certains commerçants ont rivalisé d’originalité, telle Patricia Cohrs, chocolatière de la boutique The Belgian Chocolate Shop, qui a assuré la livraison à domicile de ses chocolats de Pâques 2020, déguisée en Willy Wonka. Elle a aussi concocté un «kit de survie» pour les accros au chocolat.

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Signe des temps.
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Livraison originale de chocolat de Pâques.
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Qui a maigri pendant la pandémie?

Mon anniversaire de naissance étant en avril, j’ai profité en pleine pandémie de l’enthousiasme des «techies» de ma famille, qui m’ont initié à la plateforme Zoom afin de m’offrir une fête en ligne de première classe.

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Célébrations en Zoom.

C’était avant que tout le monde réalise que ça allait devenir le mode de vie pour les deux années à venir… pour ceux qui avaient accès à la technologie. On oublie facilement que bien des familles ne disposaient que d’un ordinateur pour répondre aux demandes de l’école à la maison et du travail à domicile! Je n’ose même pas imaginer.

Le gouvernement a continué toute l’année à encourager le port du masque tandis que la pandémie s’étirait.

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Promotion des mesures sanitaires.
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Machine distributrice de masques.
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L’humour au temps de la covid.

J’ai eu un choc en remarquant un jour la croissance des mauvaises herbes dans les cours vides des écoles! Une vision d’apocalypse qui me faisait mesurer le passage du temps, plus saisissante que la croissance de la chevelure de mon mari.

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École à l’abandon.
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Les élèves hors de l’école.
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Pas de coiffeurs disponibles depuis des mois.

On se rappellera du battage des casseroles dans la ville à 19h, pour remercier les travailleurs de première ligne, suivant ici un mouvement mondial de gratitude. (Gratitude qu’il sera bon de raviver quand on voudra s’attaquer sérieusement à la pénurie courante de préposés aux soins et aux conditions de travail du corps infirmier.)

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La pandémie a généré beaucoup de beaux gestes. Je me souviens de ce couple de musiciens installés sous le porche de la bibliothèque locale pour le plaisir des marcheurs.

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Musique d’antichambre.

La covid m’a d’ailleurs fait vivre une jolie histoire de Noël.

Le 23 décembre 2020, j’avais besoin de thym pour ma recette des fêtes. J’ai vérifié auprès du préposé à la porte de mon épicerie de quartier qu’ils en avaient avant de m’installer au bout de la longue, longue file d’attente. Une dizaine de minutes plus tard, une étrangère sortant du magasin m’a tendu un paquet de thym en me disant: «Je trouvais que c’était une trop longue attente pour un seul item. Je vous l’ai acheté»… avant de poursuivre son chemin sans rien me demander.

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C’était le bon thym.

J’ai trouvé une façon de «payer au suivant» ce geste touchant. J’en ai parlé dans mon blogue. BlogTO en a eu vent. Ils ont écrit un article là-dessus, qui a généré 4 300 j’aime et 387 partages en 16 heures suivant son partage sur leur page Facebook. Bref, j’ai été «virale» en pleine pandémie!

Comme quoi les gens ont vraiment soif d’humanité.

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Payez au suivant.
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Amen.

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