Rentrée parlementaire: immigration et financement au cœur des attentes des francophones

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Le premier ministre Justin Trudeau lors du dévoilement du Plan d’action pour les langues officielles en mars 2023. Photo: Mélanie Tremblay, Francopresse
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Publié 12/09/2023 par Chantallya Louis

La rentrée parlementaire est à nos portes et les communautés francophones surveillent de près le processus réglementaire en ce qui a trait à la nouvelle Loi sur les langues officielles et la mise en œuvre du Plan d’action sur les langues officielles.

Pour la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA), comme pour plusieurs organismes issus des communautés francophones en situation minoritaire, l’immigration demeure un des enjeux principaux à surveiller dans les prochains mois.

La présidente de la Fédération, Liane Roy souhaite l’établissement de cibles en immigration francophone «ambitieuses».

L’immigration francophone au cœur des attentes

«La nouvelle Loi stipule qu’on doit revenir à 6,1% en termes de poids démographique pour les francophones [hors Québec] donc, ce qui est important, c’est de voir ce que le gouvernement va mettre en place pour arriver à ces données-là pour nous le plus rapidement possible», mentionne-t-elle.

Liane Roy, FCFA
Liane Roy.

Dans cette optique, la FCFA vise une cible d’immigration francophone établie à 12 % dès 2024 pour atteindre les objectifs prévus par la Loi sur les langues officielles (LLO).

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En conférence de presse, le 12 septembre, Liane Roy a assuré que cette cible devait être incluse dans la cible nationale du gouvernement.

«Le poids démographique des francophones hors Québec est passé de 6,1% en 1971 à 3,5% en 2021. Ces données contribuent à un sentiment d’inquiétude partagé entre les francophones et francophiles du pays, tant en situation minoritaire qu’au Québec.» – Extrait du Plan d’action pour les langues officielles 2023-2028

Même son de cloche du côté de François Larocque, professeur titulaire à la faculté de droit de l’Université d’Ottawa et titulaire de la Chaire de recherche en droits et enjeux linguistiques.

«On va exiger dorénavant que les ministres se dotent d’une politique sur l’immigration francophone, mais en plus que cette politique-là soit accompagnée d’indicateurs et de cibles et d’éléments très concrets», déclare-t-il.

Immigration économique

L’immigration économique reste un enjeu important pour les communautés franco-canadiennes, estime Yan Plante, président-directeur général du Réseau de développement économique et d’employabilité du Canada (RDÉE).

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Yan Plante.

Le manque de logements, l’intégration et la reconnaissance des acquis font partie des nombreux points qu’il a identifiés. «Les immigrants arrivent, ils n’ont pas de médecin, ils n’ont pas de logement, etc. La reconnaissance des acquis [demeure un enjeu]», déplore-t-il.

Un avis que partage le professeur François Larocque. «Tout ça, je pense, va devoir faire partie des réflexions sur comment attirer et accueillir plus d’immigrants et aussi avoir des systèmes en place, avoir du logement pour eux et faciliter l’accès au marché de travail et tout ça. Ça prend une réflexion dans plusieurs secteurs d’activités.»

En août dernier, le ministre de l’Immigration, Marc Miller, avait annoncé la possibilité d’instaurer un plafond au nombre de visas octroyés aux étudiants étrangers.

Étant donné que les membres de l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC) pourraient être concernés par une telle décision, le directeur de la recherche stratégique et des relations internationales de l’organisme, Martin Normand, soutient qu’il continue de collaborer avec IRCC sur ce dossier en particulier.

Postsecondaire: la promesse de 80 millions $ toujours dans l’air

Martin Normand accueille favorablement le financement prévu de 128 millions $ sur quatre ans pour contrer le sous-financement des établissements postsecondaires en situation minoritaire.

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postsecondaire, collèges, universités
Martin Normand.

Cependant, il rappelle que lors de la campagne électorale de 2021, le premier ministre Justin Trudeau avait promis une enveloppe de 80 millions par année pour lesdits établissements.

«Le 32 millions $ [par année] pour 4 ans, c’est loin de ce que la promesse avait formulé», indique-t-il.

Martin Normand prévoit de continuer son travail auprès des différents élus libéraux ainsi que le ministère du Patrimoine canadien, «pour obtenir la concrétisation de cette promesse-là le plus rapidement possible».

Les fonds du Plan d’action attendus

Les organismes francophones attendent impatiemment le déblocage des fonds du Plan, et la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF) ne fait pas exception.

«On va être à l’affût, justement, de ces investissements-là pour le développement du secteur», soutient la directrice générale Marie Christine Morin.

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Sommet consultations plan d'action langues officielles
Marie-Christine Morin.

«Les besoins sont grands. On veut stabiliser nos équipes et on veut aussi, à l’intérieur des équipes, développer de nouvelles compétences, notamment sur le plan numérique et sur le plan de l’innovation.»

Les acteurs du milieu associatif francophone s’accordent pour dire que les investissements fédéraux sont nécessaires pour les communautés francophones en situation minoritaire.

Investissements nécessaires pour une francophonie internationale

Marie Christine Morin souhaite faire rayonner la francophonie canadienne à l’international, mais déplore que le Plan d’action pour les langues officielles ne prévoie aucun financement à cet égard.

«C’est clair que c’est un levier important et c’est un besoin, je dirais, prioritaire de la francophonie», annonce-t-elle.

Le professeur François Larocque
François Larocque.

Le politologue François Larocque compte surveiller de très près les nombreuses réglementations qui découleront de la LLO telles que les modalités des accords fédéraux, provinciaux et territoriaux et une représentation bilingue dans les institutions fédérales.

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Il encourage d’ailleurs les organismes francophones à prendre part aux consultations «en lien avec les mesures positives que la Loi de commande et aussi des consultations publiques qui doivent suivre normalement le cours normal de la prise de règlement».

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