Pascale Beauregard est née de deux parents sourds. Sa langue maternelle est la langue des signes puisque sa mère lui parlait de cette façon. Beauregard nous offre le roman Muette, une réflexion sur le pouvoir du silence familial.
La narratrice est Catherine qui, à la différence de sa mère et de son père, est dotée de l’ouïe et de la parole, tandis que ses parents sont catégorisés par la société comme «sourds-muets». Elle devient leur porte-voix, leur machine à dire.
Vouloir parler
Au fil du temps, Catherine a assimilé un mélange de signes familiaux, de signes institutionnels et de signes naturels. Elle croit être née pour empêcher la communication d’échouer. Or, dans ce roman, «il y a ceux qui voudraient parler, mais ne le peuvent pas, il y a ceux qui le peuvent, mais ne le souhaitent pas».
À leur façon, les parents de Catherine ne sont pas muets puisqu’ils gesticulent «tels d’affreux pantins». La mère de Catherine accompagne ses gestes «de grands mouvements de lèvres tout en produisant d’étranges cris d’oiseaux, de longues plaintes lancinantes évoquant de sinistres hululements».
Catherine souhaiterait une pause bien méritée, une délivrance de son éternel devoir de parler, de traduire, d’interpréter les pensées de ses parents en tout temps. Mais comme dans une comédie vaudevillesque, des voix traversent ses pavillons. Et c’est sans compter la surdité émotionnelle.