Production cinématographique: le Canada a du talent

Vive la diversité... économique

Club canadien, TIFF, cinéma
Le panel de discussion sur la production cinématographique au Canada, au Club canadien de Toronto: la modératrice Josette Normandeau d'Idéacom International, Chanelle Routhier du Bureau du Cinéma et de la Télévision du Québec, Magali Simard de Cinespace Studios, Jasmyrh Lemoine de la SODEC, Julie Blondin de Téléfilm Canada. Photo: François Bergeron, l-express.ca
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Publié 10/09/2024 par François Bergeron

La production pour le cinéma et la télévision au Canada a intérêt à ne pas dépendre complètement de l’industrie américaine, a-t-on entendu au Club canadien de Toronto ce mardi 10 septembre.

Nos artisans ont besoin de pouvoir travailler sur des productions locales quand des événements comme la récente grève des scénaristes ou la pandémie de covid limitent l’activité américaine chez nous. «Ça prend un équilibre sain entre productions étrangères et productions canadiennes, ce qui est le cas à Toronto mais pas partout au Canada.»

Le Club canadien organisait au TIFF BellLightbox son premier événement dans le cadre du festival du film. C’est la seule conférence en français de cette édition 2024, qui a commencé le 5 septembre et prend fin ce dimanche 15.

95 personnes ont assisté à ce petit-déjeuner conférence, au restaurant Luma, autour d’un panel de dirigeantes de studios de cinéma et d’agences publiques de financement et d’encadrement de l’audio-visuel.

studio de cinéma
Tournage d’une annonce dans un studio à Toronto. Photo: archives l-express.ca

Les Canadiens sont polyvalents

À l’instar de Chanelle Routhier, du Bureau du Cinéma et de la Télévision du Québec, le panel a convenu que le Canada se démarque des autres centres de production cinématographique américains et européens par le multiculturalisme et les qualités de ses artisans.

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«Los Angeles, New York et d’autres compétiteurs ont des studios, de l’équipement et des sites de tournages comme nous, mais pas toujours le personnel le plus polyvalent, créatif… et bilingue! C’est la valeur ajoutée des Canadiens.»

La seule métropole de Toronto offre 2,6 millions de pieds carrés d’espace de production, indique Magali Simard de Cinespace Studios, qui en a 1,4 million et qui gère des studios dans plusieurs villes canadiennes et américaines.

«Chaque jour à Toronto, six ou sept productions sont tournées dans nos studios». Au total, l’économie cinématographique et télévisuelle est évaluée à 2,5 milliards $ par année.

The Spy Who Loved Murdoch
Reconstitution de rues de Toronto autour de 1900 pour la série Murdoch Mysteries, dans un studio de Scarborough. Photo: archives l-express.ca

La manne américaine

Le dollar canadien, les talents locaux (35 000 personnes) et les crédits d’impôts offerts par nos gouvernements sont attrayants, explique-t-elle, mais «sans ces infrastructures que sont les grands studios, les méga-productions américaines ne viendraient pas tourner chez nous».

Par contre, plusieurs plus petites villes comme Ottawa ou Sudbury, qui n’ont pas de grands studios mais où tout coûte moins cher qu’à Toronto, sont des lieux de tournage de plus en plus appréciés des créateurs de films et de séries télé.

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Selon Julie Blondin, de Téléfilm Canada, «une série dramatique tournée au Québec dépense environ 600 000 $ l’heure», dit-elle. «Au Canada anglais, on est à environ 2,8 millions $ l’heure. Les Américains travaillent à 10 ou 20 millions $ l’heure.» Cela justifie les multiples subventions et aides à la production canadienne, dit-elle.

On prédit toutefois que la production cinématographique mondiale, qui a connu un essor extraordinaire à la faveur de la pandémie qui a fouetté la demande, va se stabiliser.

«Les Netflix, Disney et AppleTV ont produit beaucoup de films et de séries pour garnir leurs catalogues. Ils vont ralentir la cadence. Ça deviendra plus compétitif dans le secteur de la production.»

Club canadien, TIFF, cinéma
Bénita Jacques, réalisatrice du film L’Afrique, berceau de l’humanité et des civilisations modernes, et Élykiah Doumbe, fondatrice de M.I.C.R.O., le Mouvement pour l’Inclusion des Communautés Racisées de l’Ontario. Photo: François Bergeron, l-express.ca

L’autre diversité

Outre l’utilité de la diversité économique, on a aussi fait valoir la diversité raciale et culturelle à affirmer dans l’industrie cinématographique canadienne. Une panéliste a notamment indiqué que les productions américaines qui viennent tourner au Canada en font déjà une exigence, devançant parfois les recommandations des gouvernements canadiens.

Si les travailleurs issus de la diversité ne sont pas encore très visibles dans les studios et les sites de tournages, c’est que plusieurs d’entre eux sont en formation. «La démographie de l’industrie va bientôt se transformer assez rapidement», assure-t-on.

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Par ailleurs, le Club canadien de Toronto avait aussi invité Élykiah Doumbe, la présidente du Mouvement pour l’Inclusion des Communautés Racisées de l’Ontario (MICRO), et Bénita Jacques, la réalisatrice du film L’Afrique, berceau de l’humanité et des civilisations modernes, à l’affiche du TIFF ce jour-là «dans une petite salle».

Ce documentaire «bouleverse les perceptions» du continent africain en proposant «une lecture afrocentriste de notre histoire collective», lit-on dans sa promotion. Cela «valorise les contributions des communautés racisées, en particulier celles d’ascendance africaine», selon MICRO.

Les panélistes représentant des agences culturelles ont également mentionné que des budgets sont réservés à la promotion du cinéma et de la télévision des Premières Nations au Canada.

Club canadien de Toronto
Le président Olivier Poitier et le directeur général Alexis Maquin du Club canadien de Toronto. Photos: Photagonist.ca

Programmation éclectique

Il s’agissait déjà de la deuxième activité de la saison du Club canadien de Toronto, puisqu’un «cocktail international de l’été», dans le bar The Pilot du quartier Yorkville, a rassemblé plus de 210 personnes le 29 août. «Un gros succès», s’est félicité le nouveau président Olivier Poitier.

Le prochain déjeuner-conférence, le 30 octobre au restaurant Malaparte du TIFF, risque lui aussi d’être couru. Une ancienne ambassadrice adjointe du Canada à l’ONU et le vice-président du Conseil canadien des affaires y discuteront de l’impact socio-économique des élections américaines du 5 novembre sur le Canada!

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Le Club a adopté une programmation «éclectique» pour toute l’année, a souligné le directeur général Alexis Maquin. Le 20 novembre, l’activité portera sur les services en français du gouvernement de l’Ontario. Et c’est le 5 décembre qu’on dévoilera les détails de la 8e édition du gala annuel RelèveON en juin 2025.

Auteurs

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

  • l-express.ca

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