Plein les oreilles, les yeux et le ventre au Festif de Baie-Saint-Paul

Ceux qui sont déjà passés par Baie-Saint-Paul, dans la région de Charlevoix, ont certainement le souvenir d’une petite ville calme, nichée entre le fleuve Saint-Laurent et les montagnes des Laurentides, aux rues parsemées de galeries d’artistes et de bons restos. Une destination de vacances tranquille qui prête à se relaxer et contempler.

C’est une tout autre expérience que réserve Baie-Saint-Paul pendant Le Festif, un événement musical rassembleur unique en son genre.

Né il y a 15 ans, le festival met à contribution l’ensemble de la communauté et transforme la petite ville tranquille en épicentre culturel le temps de 4 journées chargées en spectacles et en émotions. L’édition 2024 du Festif s’est déroulée du 18 au 21 juillet dernier.

Le Festif, au-delà de la musique

Parler du Festif uniquement sous l’angle de la musique serait réducteur. S’il a fait sa place dans le coeur du public depuis la première édition en 2010, c’est qu’il propose une expérience unique aux festivaliers et à la communauté de Baie-Saint-Paul.

L’engagement local, l’éco-responsabilité, l’audace et la créativité sont devenus les marques de commerce du festival.

«Je carbure à ça, trouver de nouvelles choses, amener l’expérience à un autre niveau, trouver des places éphémères. Le Festif ce n’est jamais 100% pareil», explique Clément Turgeon Thériault, aujourd’hui directeur général et artistique du Festif. C’est lui qui, lors d’une soirée un peu arrosée à l’été 2009, a lancé l’idée d’organiser un événement de grande envergure à Baie-Saint-Paul.

«Aujourd’hui, le festival se déploie partout dans la ville. Les gens s’approprient le Festif, j’ai déjà vu une dame qui avait fait des muffins et qui les donnait de sa fenêtre. Il y en a qui donne de la limonade… c’est un mouvement», affirme Clément T.

Covoiturage et parité

Le Festif c’est aussi un événement qui assume ses valeurs, notamment en matière de développement durable, qui mise sur le covoiturage pour se rendre au festival, ou encore qui offre une programmation 100% paritaire. «On veut être pertinent pour la communauté», ajoute le directeur du festival.

L’ambiance du Festif est également à portée de tout le monde, sans pour autant acheter de billets du festival. La rue Festive et la zone «Le parvis» sont accessibles gratuitement pour voir des spectacles, se relaxer, manger et profiter de l’ambiance.

«Il y a un côté inclusif avec toutes les scènes gratuites, tout le monde peut voir des shows et découvrir des artistes», souligne Clément T.

En mode laboratoire

Le Festif a toujours proposé de nouvelles choses à son public, de nouvelles scènes, de nouveaux concepts, et ce, côté musique comme côté expérience générale.

On pourrait parler ici des fameux «pop-up bouffe», des événements annoncés au dernier moment sur l’application du Festif, lors desquels une équipe de restaurateurs offre gratuitement des plats de leur création aux festivaliers, directement dans la rue.

Il y a un pop up bouffe par jour. Cela ne nourrira pas un festivalier pour toute une journée, mais on parle ici de créations uniques et d’expériences gustatives.

Les pop-up bouffe font maintenant partie de l’expérience du Festif de Baie-Saint-Paul depuis cinq ans.

«Pop-up bouffe»: la gastronomie à la mode éphémère

L’équipe derrière ces pop-up bouffe est composée de chefs ou propriétaire d’établissements bien connus de la région de Québec-Charlevoix: Mathieu Brisson (Le Clocher penché); Karine Jacques (Babeurre délicatesses); Jean-Philippe Lessard (Buvette Scott); Olivier Thibault-Allard (Kraken cru) et Émile Tremblay-Bureau (Les Faux bergers).

Les personnes suivantes sont également impliquées dans l’organisation des pop-up: Louis Bouchard-Trudeau et Thania Goyette (Le Pied bleu) ainsi que Yannick Verreault (Griendel brasserie artisanale). Ils tiennent à remercier spécialement Emmanuelle Carreau et Mylène Couture pour leur soutien lors des pop-up.

Pour les avoir vu à l’œuvre, il s’agit d’un travail d’organisation impressionnant dans des conditions bien différentes que dans la cuisine de leurs restos respectifs.

Selon Olivier Thibault-Allard, du Kraken cru à Québec, la motivation pour participer aux pop-up bouffe «vient surtout du caractère éphémère et créatif des événements».

Il ajoute: «C’est très différent de notre travail au quotidien. Plus qu’une simple offre alimentaire, ce sont un peu des performances artistiques. Planifiée mais néanmoins chaotique, chaque représentation a une vibe très différente. On est jumelés avec des artistes et on essaie de s’inspirer de son background pour créer un menu. Chaque chef lance des suggestions et on fait un amalgame de tout ça. Parfois ça ressemble à un genre de cadavre exquis. Mais ça marche toujours!»

Un festival incontournable de la scène musicale québécoise

Malgré tout, s’il s’est fait connaître par le bouche-à-oreille pendant plusieurs années, le festival représente aujourd’hui un événement incontournable qui attire près de 50 000 personnes sur 4 jours.

En tout, c’est plus de 120 spectacles dispersés sur une trentaine de sites, dont certains dans des lieux uniques, comme le fameux «pit à sable» (prononcez «pit à saub»), situé dans une carrière à quelques kilomètres sur les hauteurs de Baie-Saint-Paul.

Un grand bravo aux organisateurs du festival pour la logistique impeccable qui permet aux festivaliers de se rendre sur le site avec un système de navettes autobus.

Les artistes impressionnés

Les artistes qui viennent au Festif le reconnaissent eux-mêmes: il y a clairement quelque chose de spécial avec ce festival.

On a pu parler à Jay Scott, artiste bien connu de la scène musicale québécoise, dont le titre Copilote a tourné en boucle sur les radios pendant les dernières années. Il jouait à 00h45 vendredi 19 juillet.

L’artiste, qui sortira un nouvel album le 20 septembre prochain, mettait pour la première fois les pieds à Baie-Saint-Paul et au Festif. Voilà ce qu’il nous a confié: «Ça fait une semaine que je me couche à 2h du matin pour être certain d’être en forme au show! C’est l’idée que j’avais du Festif. C’est ce que tout le monde m’avait dit avant que je vienne: “Tu vas voir ça va être malade!”»

Des Torontois en visite

Lemon Bucket Orkestra, groupe torontois qui joue de la musique d’Europe de l’Est, venait jouer pour la 2e fois au Festif, après une première visite qui a laissé un très bon souvenir aux musiciens, dont Stephania Woloshyn: «C’est vraiment un de mes festivals préférés, le public est tellement engagé et toute la communauté est fantastique.»

Le groupe, qui bénéficie d’une très belle renommée au Québec, donnait son principal spectacle samedi 20 juillet à 17h, mais on a pu les croiser à plusieurs occasions lors d’événements improvisés et annoncés à la dernière minute, comme lors d’une mémorable bataille de fanfares.

Nathan Dell-Vandenberg, tromboniste et chanteur du groupe comptait, quant à lui, bien profiter de son festival et notamment du show de Planet Smashers, un groupe ska montréalais qui jouait au fameux «pit à sable» mentionné précédemment. «Je vais être là toute la nuit!», riait-il.

Un autre atout de Charlevoix

Baie-Saint-Paul retrouvait son calme tranquillement dimanche en fin de matinée. De nombreux festivaliers pliaient bagage et la route vers Québec était pas mal plus achalandée qu’à l’habitude.

Amateurs de musique, d’expériences uniques et de la région de Charlevoix, vous savez maintenant qu’il vous faudra passer par Baie-Saint-Paul à l’été 2025. Un dernier conseil, organisez vous d’avance, le Festif n’est plus un secret bien gardé!