Pénurie d’enseignants: le programme La passerelle avance doucement, mais sûrement

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Promotion du programme La passerelle en route vers l’Ontario.
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Publié 11/10/2024 par Soufiane Chakkouche

Discret, mais efficace, le programme La passerelle en route vers l’Ontario (La passerelle pour les intimes) a été lancé en 2021 afin d’aider à résorber la pénurie d’enseignants francophones dans la province. Trois ans plus tard, on commence à cueillir ses fruits.

Alors que certains programmes n’ont pas donné satisfaction et ont été tout simplement abandonnés, à l’image du programme de recrutement des enseignants en provenance de l’Hexagone, d’autres, plus discrets, font leur petit bout de chemin avec un certain succès.

En route

L’un de ces programmes s’intitule sobrement La passerelle en route vers l’Ontario.

«En quelque sorte, on est dans l’innovation, parce que c’est une stratégie qui n’a jamais été utilisée auparavant», fait savoir Suzanne Séguin, coordonnatrice du projet Pénurie des enseignantes et des enseignants.

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Promotion du programme La passerelle en route vers l’Ontario.

Tout a commencé en 2021 lorsque le ministère de l’Éducation a octroyé un mandat au Centre franco-ontarien de ressources pédagogiques (CFORP) visant à la fois la promotion, le recrutement et l’intégration du personnel enseignant débutant dans les écoles de langue française de l’Ontario.

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Cela a conduit à la création du site enseignerenfrancais.ca qui s’adresse aux personnes désireuses de venir enseigner en Ontario, qu’elles soient locales ou internationales.

La suite, c’est Suzanne Séguin qui la raconte: «On a remarqué qu’il y a eu peu de retours des candidats canadiens vu que la pénurie touche tout le pays, mais qu’il y en a eu beaucoup du côté de l’international. Alors, le ministère nous a demandé de créer une banque de candidatures appelée La passerelle en route vers l’Ontario.

141 enseignants déjà recrutés

Et cela semble avoir fait mouche. Dès le lancement de la plateforme, les candidatures provenant de l’international ont afflué et se poursuivent dans ce sens.

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Suzanne Séguin. Photo courtoisie

Pour preuve, selon Suzanne Séguin, depuis le lancement du projet, ce sont quelque 141 enseignants, dont 95% d’internationaux, qui ont été embauchés par les conseils scolaires de l’Ontario via La passerelle. De plus, cette banque de données contient actuellement plus de 1800 candidatures en cours de traitement.

De leur côté, les conseils scolaires y trouvent leur compte. «Jusqu’ici, ce programme nous a permis de recruter cinq enseignants francophones en Ontario, dont quatre à Toronto et un dans la région du Grand Toronto», compte Steve Lapierre, directeur des communications, recrutement et partenariats au Conseil scolaire Viamonde.

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L’incontournable Ordre

Cependant, si 141 enseignants ont été enrôlés par les conseils scolaires de la province, le nombre de personnes qui ont emprunté La passerelle pour obtenir leur certification auprès du puissant Ordre des enseignantes et des enseignants de l’Ontario (OEEO) est plus que le double, comme le signale Suzanne Séguin.

«On a certifié à l’Ordre des enseignantes et des enseignants de l’Ontario un peu plus de 300 candidats, et beaucoup d’autres sont en pleine démarche de certification.»

Il faut dire que, outre le rôle de La passerelle en assistance aux candidats pour postuler aux conseils scolaires, de la préparation à l’entrevue jusqu’à l’embauche, le programme les accompagne également pour l’obtention de la certification de l’OEEO.

Décalage pédagogique

Toutefois, si ce programme semble être sur les rails, il n’en demeure pas moins qu’il existe une variable assez délicate dans l’équation, celle du décalage pédagogique et culturel entre les systèmes scolaires des pays de provenance des candidats et celui de l’Ontario.

programme La passerelle en route vers l’Ontario
Steve Lapierre. Photo: courtoisie

«Ce programme est une stratégie intéressante pour répondre en partie à la pénurie du personnel enseignant. Il faut néanmoins comprendre qu’embaucher des personnes à l’étranger qui ont peu ou pas d’expérience avec le système d’éducation au Canada, et en particulier dans un milieu minoritairement francophone comme l’Ontario, amène un lot de défis en matière d’accueil et d’intégration, autant pour les candidats recrutés que pour l’organisation accueillante», reconnaît le porte-parole de Viamonde.

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Néanmoins, à en croire Suzanne Séguin, cela a été d’ores et déjà pris en compte. «La différence entre les systèmes éducatifs d’ici et ceux des pays de provenance des candidats se situe essentiellement au niveau de la gestion des classes, la gestion des élèves et les programmes scolaires. On en a toujours été très conscient, c’est pour ça qu’on a mis en place des stratégies d’accueil et d’intégration en étroite collaboration avec les conseils scolaires qui, eux aussi, sont conscient de cet inconvénient.»

Toujours loin du compte

Enfin, notons qu’avec, en moyenne, 47 enseignants recrutés chaque année via La passerelle, la pénurie du personnel enseignant francophone en Ontario en général. et à Toronto en particulier, est loin d’être solutionnée.

Plus que cela, d’après l’Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (AEFO), le déficit annuel serait de 1050. Cela s’apparente donc à une goutte d’eau dans un océan de manque.

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